Comptes rendus

Ricci, Amanda. Countercurrents. Women’s Movements in Postwar Montreal (Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2023), 312 p.

  • Chantal Maillé

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  • Chantal Maillé
    Université Concordia

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Couverture de Volume 77, numéro 4, printemps 2024, p. 1-141, Revue d’histoire de l’Amérique française

L’historienne Amanda Ricci étudie ici cinq mouvements de femmes. Quatre d’entre eux ont en commun de porter la parole de femmes autochtones ou racisées, soit celle des femmes de Kahnawà :ke, des féministes noires anglophones de Montréal, du féminisme transnational haïtien et du Centro Donne Italiane di Montreal. Le cinquième mouvement, le Front de libération des femmes du Québec, est mis en relation avec deux autres groupes. La thèse de l’auteure est que ces groupes ont coexisté sur un territoire précis, celui de Montréal, et qu’ils doivent être compris et analysés à l’intérieur de cette dimension. Selon Ricci, une définition plus large du féminisme est nécessaire pour permettre de renverser les mécanismes d’exclusion présents dans certains récits du Québec et du Canada qui privilégient les descendants de la colonisation française et anglaise et qui effacent les contributions d’autres groupes comme les Autochtones, les Afrodescendants ainsi que les femmes de différentes diasporas (p. 7). Chacun des chapitres présente une synthèse originale qui s’appuie sur des sources ayant peu circulé dans la littérature sur le mouvement féministe au Québec. L’auteure a réalisé une série d’entrevues et elle a dépouillé un volume important de documents d’archives. Countercurrents fait une contribution importante et radicalement originale à la connaissance des mouvements sociaux québécois de la fin du 20e siècle et à l’analyse du mouvement féministe au Québec. Comme le montrent les sources originales sur lesquelles s’appuie le livre, beaucoup de choses ont été écrites sur et par chacun des cinq mouvements et sur l’époque, mais aucun ouvrage n’a abordé ces mouvements dans l’optique de les étudier ensemble, dans leurs relations avec différents mouvements sociaux et avec le contexte international. L’auteure choisit également de mettre ces mouvements en relation entre eux dans leur montréalité, suggérant qu’ils partagent un ancrage dans l’espace montréalais et que cela est en soi un trait significatif. Il ne faudra cependant pas chercher ici une relecture de la vie politique montréalaise articulée à partir du spectre de l’ère Drapeau, une administration municipale d’un très grand conservatisme social qui a régné sur cette ville de 1960 à 1986. Le premier chapitre s’intéresse au militantisme des femmes de Kahnawà:ke, que ce soit dans la défense de leur territoire ou dans le combat contre les discriminations ciblant les femmes dans la Loi sur les Indiens et jusqu’à la fondation de l’Association des femmes autochtones du Québec (1974). Au chapitre suivant, le Congrès des femmes noires du Canada est au centre de l’analyse et Ricci appréhende ce regroupement en montrant la continuité entre les actions des femmes de Kahnawà:ke et ces dernières, qui s’inspirent du panafricanisme et du nationalisme noir (p. 62). Le chapitre 3, qui étudie le Front de libération des femmes du Québec, le Centre des femmes et le Montreal Women’s Liberation Network montre que les racines du féminisme québécois de gauche peuvent être retracées dans les idées des mouvements politiques noirs et autochtones. Dans le quatrième chapitre, Ricci analyse le féminisme transnational haïtien qui s’est déployé à Montréal, lequel permet d’illustrer l’internationalisme noir présent à l’intérieur de la francophonie. L’auteure se penche sur le projet de justice sociale des femmes haïtiennes et sur le rôle des femmes de la diaspora dans la construction de mouvements sociaux à l’extérieur du pays (p. 129). Le dernier chapitre souligne l’importante contribution des langues autres que le français ou l’anglais à la politique à Montréal (p. 162) par l’examen du travail accompli par le Centro Donne Italiane di Montreal et à travers ses ramifications, qu’il s’agisse de la mise sur pied du Collectif des femmes immigrantes du Québec (1983) ou bien de prises de parole …