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Après nous avoir présenté, en 2005, Les dessous d’Asbestos, Suzanne Clavette publie cette année L’affaire silicose, où le lecteur est replongé dans le Québec de la fin des années 1940. L’histoire qui entoure cette affaire est peu connue du grand public. Cette histoire, c’est celle du combat pour les droits des travailleurs, particulièrement ceux du village de Saint-Rémi. Dans la mine d’où on extrait la silice, des dizaines de mineurs meurent dans l’indifférence totale d’une maladie industrielle, la silicose. L’affaire sera mise au grand jour dans un article paru dans la revue Relations. Deux groupes vont alors s’affronter. D’un côté, Maurice Duplessis et les grandes compagnies américaines et canadiennes qui exploitent le sous-sol québécois. De l’autre, deux jésuites fondateurs de la revue et un laïque, Burton Ledoux, qui dénoncent les conditions de travail horribles et les répercussions sociales d’un tel laisser-aller.

Le livre est divisé en quatre sections. Deux de celles-ci sont consacrées à Jean d’Auteuil Richard, s.j., qui était alors directeur de la revue. En premier lieu, celui-ci reconstitue pour nous la fondation et les premières années de Relations. La deuxième partie fait place au « Rapport de Jean d’Auteuil Richard ». Cet écrit raconte les événements du printemps 1948, qui conduisirent au renvoi de Richard comme directeur de la revue. Une autre partie du livre est consacrée au fameux article de Burton Ledoux, qui fit connaître le scandale ainsi qu’aux autres écrits qui suivront dans la revue Relations. C’est cet article, reproduit intégralement, qui mettra le feu aux poudres et qui démarrera « l’affaire silicose ». La dernière partie et la plus importante est laissée à Jacques Cousineau, s.j., et à son manuscrit qu’il n’a jamais terminé. Suzanne Clavette nous fait découvrir ce document inédit. Dans les 10 chapitres qu’il contient, nous sommes à même de retracer la vision qu’avait un de nos premiers sociologues de toute l’histoire qui entoure l’affaire ainsi que les débats entourant l’amiantose. Les 30 dernières pages contiennent les annexes du manuscrit de Cousineau. Il s’agit en définitive d’un livre intéressant et nécessaire pour quiconque veut comprendre les débats qui ont entouré toute cette affaire, d’autant plus qu’on est enfin à même de consulter les derniers écrits d’un homme méconnu, Jacques Cousineau.