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Dans le cadre du 6e Forum Planèt’ERE s'est tenue un colloque visant à faire l’état de la recherche contemporaine en éducation relative à l’environnement au sein de la Francophonie. Organisé par le Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté, ce colloque avait plusieurs objectifs :

  1. Partager des éléments d’un bilan descriptif des activités de recherche en Francophonie ayant trait à l’éducation relative à l’environnement: objets, acteurs, contextes, dynamiques et apports;

  2. Mettre en lumière et questionner les tendances lourdes des travaux dans ce domaine : choix épistémologiques, théoriques, éthiques et méthodologiques;

  3. Vérifier l’adéquation des travaux de recherche avec les besoins sociétaux et éducationnels;

  4. Caractériser les contraintes et les enjeux liés à la production et à la diffusion de la recherche en éducation relative à l’environnement en Francophonie;

  5. Identifier les marges de créativité et les perspectives de développement de recherche en ce domaine, et formuler des recommandations à cet effet.

Il s’agissait donc de dégager des éléments d’un bilan descriptif et critique de la recherche actuelle en éducation relative à l’environnement au sein de la Francophonie. L’ambition était certes très élevée, mais il s’agissait avant tout de proposer aux participant.e.s des pistes de contribution à un tel bilan, espérant en dégager quelques tendances, enjeux et perspectives.

La plupart des communications se sont positionnées sur les objectifs 3 et 5, qui donnaient la possibilité d’y inscrire facilement la plupart des thématiques abordées par les chercheurs et praticiens. Les objectifs 1, 2 et 4 étaient plus difficiles à rejoindre, mais des professeur.e.s d’expérience s’y sont attelé.es, notamment dans les présentations en plénière.

À travers les contributions aux différents objectifs, ont été abordés les besoins en éducation et formation de même que les enjeux, risques et obstacles relatifs aux diverses dynamiques formatives (information, formation professionnelle, continue, co-formation en éducation des adultes, éducation des enfants, éducation communautaire). Le concept de communauté, notamment de communauté d’apprentissage, a été mobilisé dans plusieurs travaux et à propos de contextes différents. Une emphase particulière a été mise sur les rapports à la nature et au monde, évoquant la diversité de leurs expressions dans, par et au sujet de ou pour la nature, et abordant l’enjeu des nouvelles technologies à cet égard. Aussi, des questionnements sur le concept d’identité dans sa diversité d’expression (identités assignées, radicalisées, blessées, sans oublier les logiques d’hybridité de l’identité d’expression francophone et d’autres encore) ont permis d’aborder le concept fédérateur d’écocitoyenneté.

Un enjeu majeur de nature éthique a également émergé autour de l’idée de qui définit les participant.e.s à la recherche et comment. Le risque d’une instrumentalisation de la recherche a également été soulevé, de même qu’ont été formulées des interrogations sur la figure du militant virtuel ou du citoyen responsable. La question du positionnement de la recherche en milieu géopolitiquement instable ou risqué a été soulevée d’un point de vue méthodologique, en lien avec le potentiel subversif de la science.

Au croisement des différents objectifs émerge également l’importance de « situer » les postures adoptées par les chercheur.e.s et donc de clarifier le rapport que la recherche en ERE entretient à la normativité, enjeux qu’on ne peut séparer d’une nécessaire pensée critique ou encore des dynamiques éducatives transformatrices et émancipatrices.

Enfin, plusieurs thématiques spécifiques émergent du colloque, soit pour confirmer certaines tendances de recherche, soit pour en annoncer de nouvelles, ce qui répond in fine, à l’une des attentes préalables au colloque :

  • la tendance lourde de l’éducation relative à l’environnement auprès des adultes ;

  • la poursuite d’interrogations de nature épistémologique, critique et émancipatoire, au cœur de la pratique de la recherche, notamment qualitative ;

  • la relation de l’ERE aux politiques publiques éducatives ou environnementales ;

  • la question des nouvelles technologies en lien avec la relation que des apprenants entretiennent à la nature et au monde ;

  • le dialogue des acteurs et de leurs identités au sein la recherche en ERE ;

  • les enjeux spécifiques de l’éducation scolaire et du milieu communautaire au regard de l’ERE, enjeux propres aux contextes d’apprentissage et inévitablement tramés dans des processus d’institutionnalisation, donc ceux qui relèvent des politiques publiques.

L’usage de l’art dans ses diverses formes de relation à l’ERE, à clarifier et à documenter, dont l’expérience esthétique et sensible de l'environnement et l’expérience artistique comme source ou moteur de conscientisation et d’engagement. Les approches artistiques sont l’une des avenues pour contrer l‘échec de l'approche éducative rationnelle, moralisatrice, culpabilisatrice et réductionniste. Les approches artistiques semblent également aptes à lutter contre le sentiment d’impuissance face aux défis socioécologiques ou à l’inquiétante inconséquence et le réductionnisme communicationnel de certains décideurs.

Au final, le colloque a permis de formuler ou de faire émerger un grand nombre de questions, ce qui est un signe de vitalité de la recherche en ERE. Cela confirme in fine la nécessité de poursuivre sur la voie de synthèses nécessaires pour mieux cerner, valoriser et stimuler la contribution de la recherche au déploiement de l’éducation relative à l’environnement en Francophonie.