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Dès le début, Baillargeon définit la philosophie comme un effort constant et obstiné pour repenser rationnellement un grand nombre de questions et de problèmes qui, typiquement, présentent des dimensions conceptuelles et normatives (p. 7). Tout au long des 315 pages qui composent l’ouvrage, l’auteur traite de six grands domaines de la philosophie sur 10 chapitres : l’épistémologie, la philosophie morale, la philosophie de l’esprit, la philosophie des religions, la philosophie politique ainsi que l’esthétisme et la philosophie de l’art.

Nous pensons que trois grandes forces sont présentes dans l’ouvrage. Pour commencer, la qualité de l’écriture permet une lecture agréable du livre. Aussi, sa capacité à rendre intelligibles des pans entiers de la philosophie occidentale est à saluer. De plus, les nombreux exemples qui couvrent les différentes notions aident à rendre plus claires certaines idées complexes.

Il n’y a qu’un point qui mérite, selon nous, discussion. Nous pensons que Baillargeon n’invite pas toujours à la même lecture des oeuvres. Par exemple, il mentionne que la conception absolutiste de l’État de Hobbes est l’antichambre de tous les despotismes. Pourtant, parlant alors de la condamnation de l’art par Platon, Baillargeon écrit qu’il est normal d’y voir un régime totalitaire, mais qu’il faut replacer les idées dans leur contexte historique. Nous pensons ici que le lecteur pourrait aussi être invité à mettre les idées de Hobbes dans le contexte de leur époque.

Dans le second ouvrage, Pascale Perrault nous demande ce qu’est un être humain. Sachant que chaque humain est complexe, elle nous invite à nous questionner sur la nature humaine, telle qu’elle est aujourd’hui et telle qu’elle restera. Ce livre est composé de 17 chapitres qui nous permettent de nous questionner sur ce qui constitue cette nature humaine. Or, un tel questionnement s’insère dans le cadre des difficultés qui menacent l’humanité (changements climatiques, guerres, famines, etc.). En effet, partant de cette question, elle nous demande si, pour résoudre ces problématiques, il ne faut pas d’abord nous connaitre.

Nous pensons que deux grandes forces ressortent du livre. D’abord, la langue est simple et permettrait aisément à des élèves du secondaire de s’initier aux différents enjeux que l’auteure aborde. Aussi, la forme courte des chapitres et les informations liées aux différentes affirmations qu’elle avance permettraient aisément à un enseignant de les utiliser pour questionner les élèves lors d’un cours d’éthique et culture religieuse.

Cependant, alors que Thomas de Koninck mentionne que ce livre est un appel au monde et à la réciprocité, nous pensons que de nommer les titres par l’affirmative (L’être humain veut croire ou l’être humain est amoureux) ne laisse pas place à l’échange et à la discussion autant que l’auteure voudrait. De plus, de nombreuses questions internes aux différents chapitres semblent diriger le lecteur vers des réponses plus que vers des questionnements.

Pour conclure, nous tenons à souligner que les deux livres méritent d’être lus. Celui de Baillargeon vise surtout des lecteurs qui veulent s’initier à la philosophie, mais aussi des enseignants et chercheurs souhaitant parfaire leurs fondements en la matière. Pour ce qui est du livre de Perrault, nous le conseillons aux enseignants de l’ordre secondaire qui veulent questionner leurs élèves sur la nature de l’être humain et le lien de réciprocité entre tous les êtres au monde que nous sommes.