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La démographie est l’étude quantitative des caractéristiques des populations et de leurs dynamiques. Elle constitue un élément important de transformation des milieux socioéconomiques et culturels. L’auteur de cet ouvrage présente de manière synthétique, en cinq chapitres, les dynamiques historiques et actuelles du peuplement.

Le premier chapitre analyse le peuplement à l’échelle planétaire en décrivant la répartition, très inégale, de la population mondiale. Il existe des espaces peu ou pas peuplés et des espaces regroupant de fortes concentrations de population. Les régions très peuplées sont appelées grands foyers de peuplement. Les principaux foyers se situent sur les littoraux, car l’agriculture y est possible et les échanges commerciaux, faciles. Il s’agit de l’Asie du sud, l’Asie de l’Est et l’Europe occidentale. Des foyers secondaires, plus petits, apparaissent en Amérique, en Afrique et en Indonésie.

Le deuxième chapitre explique la répartition globale de la population et les facteurs de localisation. Les processus de peuplement interagissent avec l’organisation de l’espace et la transformation des milieux naturels. Les contraintes naturelles expliquent que certains espaces soient très faiblement peuplés. Pour Friedrich Ratzel comme pour d’autres auteurs des premières écoles de géographie humaine, la répartition des humains est essentiellement attribuable au milieu physique. Le climat exerce une influence directe ou indirecte par l’intermédiaire des sols et de la végétation, c’est-à-dire des aptitudes agricoles qu’il contribue à façonner. Le manque d’eau, surtout, entraîne une discontinuité du peuplement. Les contraintes climatiques permettent de rendre compte des grands vides. Mais les humains ont su s’adapter et profiter des différents milieux. Philippe et Geneviève Pinchemel (1997) concluent : « Trois relations entre la trame du peuplement et les données physiques s’imposent : le peuplement de la terre est lié aux littoraux, aux basses terres et aux vallées » (p. 84).

Le troisième chapitre a recourt à un certain nombre d’explications d’ordre historique car c Ce sont souvent les facteurs historiques qui président à l’installation des populations. Pierre-Jean Thumerelle (1996) insiste sur ces déterminants : « La répartition de la population, c’est d’abord le résultat d’un processus historique » (p. 103). Les trois plus grandes concentrations actuelles d’humains (Asie orientale, monde indien, Europe de l’ouest) abritaient déjà la moitié de la population mondiale voilà 2000 ans. Et les grandes migrations de l’époque contemporaine ont profondément transformé la carte du monde, aux XIXe et XXe siècles surtout : migrations internes liées aux conditions industrielles, mais surtout migrations internationales, notamment intercontinentales. Les peuplements d’une grande ampleur dépendent aussi d’un autre facteur, plus déterminant encore : le rythme de l’accroissement naturel. Il est même frappant de constater que, souvent, l’accroissement des populations s’est fait sans grande conquête de nouveaux espaces ou sans défrichement de nouvelles terres, mais plutôt selon un processus de densification interne, par remplissage sur la longue durée.

Le quatrième chapitre étudie les rapports entre dynamique démographique et dynamique de peuplement. Les causes démographiques du peuplement sont régies par la vitesse d’accroissement des densités, qui dépend du solde migratoire et, surtout, du taux d’accroissement naturel, lui-même fonction du taux de natalité, de mortalité et de fécondité. Il y a donc interaction entre dynamique du peuplement et dynamique démographique. La pression démographique et foncière, lorsqu’elle devient trop forte, peut conduire à la mise en valeur spontanée ou organisée de nouvelles étendues : les fronts pionniers. Le modèle de diffusion de David Young distingue l’avancée lente de fronts de peuplement en cas de forte croissance démographique de l’occupation rapide de tout un territoire par colonisation diffuse de faible densité. La plupart des modèles font de la capacité de charge le moteur des migrations. La migration a souvent été la solution la plus commode aux problèmes posés par une croissance démographique excessive, conduisant au défrichement de nouvelles terres.

Enfin, le cinquième chapitre étudie la distribution du peuplement dans l’espace, qui a permis l’analyse des territoires. L’étude du mode de répartition de la population et, plus précisément, de la configuration du peuplement s’attache à la disposition des lieux habités. Deux approches assez différentes se sont succédé, en géographie. L’une, classique, s’est intéressée principalement à l’habitat rural et à la distribution géographique. L’autre, introduite par la nouvelle géographie théorique, privilégie l’étude de la hiérarchie et de la répartition des noyaux de peuplement considérés comme des centres de service.

La troisième édition de cet ouvrage se referme sur une bibliographie thématique riche et pertinente, avec des figures et des tableaux bien formulés, clairs, explicites et très argumentés. Le champ d’étude, intéressant, s’ouvre sur les relations entre l’humain et le territoire, en commençant par les groupes et les organisations susceptibles de transformer ce territoire.