Corps de l’article

Comme promis, ce premier numéro de 2017 inaugure les résumés et mots clés en espagnol pour tous les articles. Nous tenons à remercier les auteurs qui ont volontiers accepté de se plier à cette nouvelle exigence. Et comme annoncé, le numéro extraordinaire piloté par Sylvie Vandaele et Pier-Pascale Boulanger sur la traduction scientifique est sorti à la fin de l’année dernière. Autre nouvelle, celle du nouveau site d’Érudit où figurent toutes les données relatives à la revue. Quant au travail de l’équipe de direction de Meta en vue de la numérisation et mise en ligne des 10 premières années de la revue, et l’adoption d’OJS pour certaines tâches éditoriales, il se poursuit. Finalement, la direction de la revue poursuit la campagne de promotion d’articles en français, notamment par sa présence active dans des colloques de traductologie en France.

Le présent numéro accueille des auteurs du Canada, de Croatie, d’Espagne, de Hong Kong, de Pologne, de Roumanie, du Royaume-Uni et de Slovénie. Comme le précédent, il offre dix articles de fond et dix recensions.

Une dominante se détache de ce numéro qui tranche quelque peu avec le contenu habituel de la revue, à savoir des études davantage linguistiques portant notamment sur les adjectifs en terminographie, les dispositifs de cohésion, les « soviétismes » et le discours technique institutionnel, ainsi que sur l’utilisation des corpus. Quatre articles rejoignent les thématiques plus traditionnelles : les méthodes de recherche documentaires, l’adaptation filmique, la censure et finalement le marché des langagiers.

Des quatre études de type linguistique, la première porte sur les propriétés fonctionnelles et représentationnelles des adjectifs épithètes en terminographie dans un domaine de spécialité peu courant, la karstologie. De Santiago et Grcic y démontrent que les adjectifs fournissent des informations précieuses pour la gestion terminologique et la formalisation conceptuelle. Arhire, elle, se penche sur les liens formels de cohésion à partir de traductions effectuées par des étudiants d’un récit anglais en roumain. Elle adopte une méthodologie quantitative et qualitative pour étudier les fonctions de simplification, explicitation et neutralisation. L’article propose finalement une approche simplifiée de la pédagogie de la traduction de la cohésion avec une charge stylistique. De Slovénie, nous vient un travail sur les « soviétismes » et les mots valises non standards de la « Russie soviétique », extraits de sept traductions anglaises de Le Maître et Marguerite de Bulgakov. Le but de l’analyse de Kaloh Vid est d’illustrer l’utilisation des stratégies de naturalisation et d’étrangéisation en traduction, et d’évaluer ces choix. La perspective est à la fois synchronique et diachronique. Ensuite, selon la méthodologie de la linguistique systémique fonctionnelle et au moyen d’un corpus trilingue (anglais-français-espagnol), Azahara Veroz analyse les textes techniques du Parlement européen. Son analyse révèle que la connaissance des caractéristiques discursives de ce genre de textes (prédominance de processus matériels, prédominance de participants non humains) contribuerait à la formation des futurs traducteurs.

Deux articles, tous deux en provenance d’Espagne, sont consacrés à un objet qui occupe de plus en plus les chercheurs en traductologie : les études de corpus. Le premier de López Arroyo et Roberts consiste en une analyse contrastive de deux corpus comparables (en espagnol et en anglais) dans le domaine de la dégustation de vin. L’article se concentre sur les critères de sélection des textes, en particulier sur le genre et le registre. Le second, de Ruano, utilise un corpus parallèle aligné de quatre traductions espagnoles de Hard Times de Dickens, l’objectif étant de montrer comment la méthodologie de corpus peut s’appliquer au domaine littéraire. Plus particulièrement, l’article étudie les verbes de communication.

Orzozco-Jutorán présente un prototype d’outil de recherche documentaire dans le domaine de la traduction juridique. L’auteure cherche ainsi à minimiser les limites des ressources actuelles. Elle propose un outil constitué d’un corpus révisé, d’informations comparatives sur les systèmes juridiques et d’une base de données terminologiques. Ensuite, c’est un pont entre la traductologie et l’« adaptologie » (adaptation studies) que jette Perdikaki avec son analyse des procédures de transposition d’un roman au cinéma. Elle propose un cadre théorique qui envisage l’adaptation filmique en tant que traduction et, partant, comme un processus tributaire des contextes de production et de réception, dont une représentation tangible peut être trouvée dans le paratexte. Notre collègue de Hong Kong, Zaixi Tan, offre tout d’abord une typologie des traductions sous la censure, pour ensuite se pencher sur les « non-traductions », les « traductions partielles » et les « traductions complètes/presque complètes » chinoises de trois ouvrages majeurs en anglais. Il approfondit ainsi la nature dynamique de la fidélité en fonction des propriétés résistantes au changement et des priorités évolutives de la censure. En dernier lieu, c’est du marché des langagiers en français dans le contexte polonais dont il est question. Kuznik et Little entreprennent une vaste étude de marché à partir de quatre groupes de données : deux enquêtes auprès d’étudiants (qui ont fait l’objet d’une publication antérieure) et une analyse du contenu de la documentation relative à la gestion des stages professionnels et des offres d’emploi. Elles donnent en conclusion une image synoptique des domaines économiques et des axes d’embauche des diplômés en philologie française et des traducteurs. Bonne lecture !