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Peu de pays possèdent des armes nucléaires, cependant, de nombreux États ont instauré des programmes nucléaires pacifiques et beaucoup d’autres cherchent à en développer. La prolifération nucléaire et radiologique entraîne comme conséquence le risque de terrorisme nucléaire. Le discours concernant cette menace a été largement entendu au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 même si elle existait depuis plusieurs décennies déjà. L’ouvrage Nuclear Terrorism : Countering the Threat s’inscrit dans le domaine des théories de la sécurité et étudie les risques du terrorisme nucléaire ainsi que les possibilités pour les États et organisations internationales de réduire cette menace.

Les auteurs traitent plusieurs dimensions du terrorisme nucléaire. L’approche multidisciplinaire permet au lecteur de comprendre toutes les dynamiques en jeu concernant la prolifération des matériaux nucléaires et radiologiques dans le but de mener des attaques terroristes. Ils mettent en évidence l’importance de la coopération internationale dans la gestion du terrorisme nucléaire.

Leur recherche s’appuie sur des données tant qualitatives que quantitatives pour évaluer le risque réel que pose le terrorisme nucléaire et les efforts internationaux qui ont été réalisés dans le but de diminuer la menace. Ensuite, il formule plusieurs recommandations aux États et aux organisations internationales pour renforcer la sécurité nucléaire.

L’éventualité de la détention par un groupe terroriste d’une arme nucléaire telle que celle construite par les États nucléaires est peu probable en raison des difficultés à accéder à ces armes. Cependant, Ivan Andryushin, Eugeny Varseev et Gennady Pshakin démontrent que la conception d’une « bombe sale » par un groupe terroriste est une menace plausible en raison de l’utilisation civile répandue des matériaux radiologiques et nucléaires. En effet, Miles Pomper et Aaron Gluck mettent en évidence l’utilisation civile accrue des matériaux radiologiques et nucléaires, particulièrement dans les domaines de l’énergie et du médical.

Gary Ackerman et James Halverson montrent pour leur part que de nombreuses centrales nucléaires ont connu des failles de sécurité même dans les centrales supposées être les plus sécurisées au monde, ce qui remet fortement en cause la culture de sécurité revendiquée dans le milieu. L’ouvrage avance l’idée que la notion de culture de sécurité est liée à la culture nationale de chaque État. Elle est donc par nature hétérogène et dépend fortement des styles de gestion, d’éducation et de formation ainsi que d’autres facteurs. Il souligne notamment le rôle que pourrait jouer l’Agence internationale de l’énergie atomique dans l’amélioration de la culture de sécurité ainsi que dans la création de conventions et d’accords internationaux pour harmoniser les pratiques nucléaires. Le vide juridique concernant l’utilisation des matériaux nucléaires et radiologiques fait lui aussi l’objet d’une attention particulière.

Le rôle du secret dans le domaine de la recherche nucléaire est proposé comme une raison importante dans la lente avancée des coopérations internationales. La mise en commun de connaissances et d’expériences entre États aurait permis de progresser en matière de sécurité nucléaire. Cependant, le caractère secret et la souveraineté étatique ont constitué un obstacle. L’ouvrage étudie les progrès qui ont été néanmoins réalisés, notamment dans le cadre des sommets organisés autour de la question nucléaire. Les auteurs observent ainsi que les États commencent à se diriger vers une coopération plus accrue afin de diminuer le risque d’une attaque terroriste nucléaire.

En somme, l’ouvrage propose une approche multidisciplinaire et une compréhension approfondie des risques de terrorisme nucléaire. Tout en soulignant qu’une attaque terroriste nucléaire pourrait avoir lieu tant que nos sociétés ont recours au nucléaire, que ce soit pour des usages civils ou militaires, les auteurs soutiennent que cette menace demeure faible. Si l’ouvrage s’adresse à tout lecteur curieux d’en savoir davantage sur les enjeux du terrorisme nucléaire, certains chapitres plus techniques – notamment ceux consacrés aux matériaux nucléaires et radiologiques – exigeront certainement une forte concentration pour les lecteurs peu familiers avec la physique nucléaire.