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Cet ouvrage correspond en fait au numéro double 47-48 du périodique Villes en parallèle, de décembre 2013, dont les directeurs sont Galia et Guy Burgel. Ce dernier est membre du laboratoire éponyme de géographie urbaine à Paris. Les quelque 20 contributeurs à cet ensemble sont en majorité colombiens et mexicains. Ils se partagent 18 chapitres répartis entre 3 sections dépourvues d’un fil conducteur : La ville-port dans les Caraïbes; Regards urbains ; Conservation du patrimoine et développement urbain.

Dans un avant-propos, on précise que Carthagène et Veracruz ont su conserver l’importance de leur fondation du début du XVIe siècle à nos jours. On peut lire : « Espaces signés par un passé où s’imbriquent les origines locales, sur lesquelles s’installèrent la présence espagnole et l’aliénation africaine » (p. 14). On signale que, placées en parallèle, malgré la distance qui les sépare, les deux villes dégagent des traits d’union qui dépassent leurs conditions de ports tropicaux. Deux ports d’où les Espagnols expédiaient l’or et l’argent de leurs colonies. Dans un article rédigé à partir de récits de voyageurs, on observe que peu de villes en Amérique ont connu aussi longtemps que Veracruz un rôle autant significatif sur les relations entre le vieux continent et le nouveau. L’histoire a retenu que c’est dans ce port, en mai 1864, que Maximilien de Hasbourg, le futur empereur Maximilien 1er, est débarqué accompagné de son épouse Charlotte. Un règne de trois ans qui connaîtra une fin tragique immortalisée par Manet. Et c’est de là qu’est parti vers la France pour un exil sans gloire, en mai 1911, Porfirio Dias vaincu, entre autres, par Pancho Villa.

Le lecteur peu familier avec la langue de Cervantes aura peu à se mettre sous la dent. En effet, si toutes les contributions sont en français et en espagnol, ce dernier idiome l’emporte largement avec des textes de sept à huit pages, dont la traduction en français, bien souvent, ne dépasse guère une page et demie. Chaque article est précédé d’un résumé d’une dizaine de lignes en trois langes, comme c’est souvent la règle pour les revues d’envergure internationale. Enfin, ceux qui trouveraient trop pointus les thèmes faisant l’objet des trois parties pourraient néanmoins tirer profit de l’ouvrage en prêtant attention aux nombreuses illustrations : cartes anciennes, gravures de la Mexicaine Maria Lagunes et photos d’époque.

Puisqu’il est avant tout question de parallélismes, sous le titre Caraïbes, espace de permanence, le lecteur est invité à prendre en considération le fait que le XXIe siècle répète les mêmes thèmes séculaires : réveil de l’Asie, nouveau rôle du Pacifique dans un contexte d’échange global. Doit-on déceler une vision prémonitoire quand, toujours dans l’avant-propos, on lit qu’on assiste (deux ans avant la réouverture des relations diplomatiques de Cuba avec les États-Unis, N. de A.) à un renouvellement ou à une transformation du rêve cubain ?

Oui, les ports font rêver, et pas seulement les marins, car comment ne pas chercher à imaginer les lieux où ils sont susceptibles de conduire ? Les responsables de l’ouvrage ont donc raison d’écrire que, comme interface locale entre l’intérieur et l’extérieur, les ports suscitent la communication en favorisant les échanges matériels et virtuels.