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L’intégration socioprofessionnelle des personnes ayant une déficience intellectuelle et un trouble du spectre de l’autisme

Rocheny Alexandre
École de service social, Université d’Ottawa

Dans le cadre d’un stage pratique en milieu communautaire avec des personnes ayant une déficience intellectuelle, j’ai pu mieux constater les défis et problématiques qu’elles rencontrent. Les problématiques sociales qui me semblaient les plus visibles étaient l’exclusion et l’isolement social. De là est venu mon intérêt à travailler avec ces personnes. Dans le cadre de ce travail, j’ai mis en relief le portrait et les contraintes des personnes ayant une déficience intellectuelle, dans l’insertion en milieu d’emploi. Je vise à sensibiliser chaque personne qui prend connaissance de ce mémoire à la nécessité de contribuer à l’amélioration et à la mise en place de mécanismes sociopolitiques visant à inclure adéquatement les personnes ayant un handicap de développement dans la sphère productive. Indirectement ou à long terme, ce travail de recherche cherche à mettre en lumière les retombées positives et les bénéfices pour des personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement (DI-TSA).

Ce mémoire donne l’opportunité à divers intervenants et intervenantes de réaliser une introspection permettant d’avoir un regard critique sur les actions et les services dans le domaine socioprofessionnel pour les personnes ayant une DI-TSA. De là, tous ensemble, nous serons en mesure d’appréhender des moyens ou de procéder à des réflexions pour optimiser les pratiques sur le terrain, et ce, pour tous les acteurs clés, dans la mise en oeuvre de la participation sociale et économique, à part entière, des personnes ayant une DI-TSA, comme c’est possible pour tout autre individu.

Normalisation ou réhabilitation des conduites? Réflexion sur les liens entre la normativité contemporaine et les approches d’intervention au sein des services correctionnels communautaires de l’Ontario

Isabelle Bédard
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire porte sur les approches d’intervention au sein des services correctionnels communautaires de l’Ontario. À l’heure actuelle, deux approches sont privilégiées pour intervenir auprès des contrevenants purgeant une peine dans la collectivité : l’approche motivationnelle (entretien motivationnel) et l’approche cognitive comportementale. L’objectif de ce mémoire est d’interroger la signification sociale de ces pratiques faisant actuellement consensus, en analysant plus largement leurs visées normatives. Ainsi, nous nous sommes interrogés sur les liens étroits qui unissent les nouveaux savoirs et pratiques entourant la régulation des contrevenants et les règles contemporaines de l’individualité. À ces fins, deux documents ont été analysés, soit l’outil d’évaluation des services correctionnels de l’Ontario, le Level of Service Inventory — Ontario Revision (LSI-OR) et les sections du manuel de formation des agents de probation et de libération conditionnelle de l’Ontario qui portent sur les techniques d’intervention. À l’aide des apports théoriques de Michel Foucault, l’analyse de ces techniques d’intervention montre qu’elles s’apparentent aux divers procédés disciplinaires décrits par cet auteur, car elles visent avant tout l’adhésion du contrevenant aux normes sociales ambiantes, en particulier celles de la responsabilité de soi et de l’autonomie. Notre analyse met également en lumière les limites de l’intervention fondée sur les données probantes, puisque l’identification de facteurs de risque/besoin se fait davantage en fonction d’outils actuariels que par des individus concernés, évacuant par le fait même les causes sociales de la criminalité.

« Je navigue cet océan seule » : Être proche aidant francophone en situation minoritaire d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ou autres affections connexes

Myriam Bélanger
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche exploratoire de nature qualitative cherche à connaître l’expérience des proches aidants francophones de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et autres affections connexes, vivant en situation minoritaire. Les objectifs principaux de ce mémoire étaient de comprendre les points de vue des aidantes et des aidants sur les services sociaux et de santé actuels, ainsi que de saisir l’importance du soutien social. Notre échantillon est composé de cinq proches aidantes francophones, de la région d’Ottawa. Les données ont été recueillies à l’aide d’entrevues individuelles semi-dirigées.

L’analyse des données démontre une transition vers le rôle de proche aidante unique à chaque participante. Cependant, malgré les différences dans leur trajectoire, les participantes ont vécu des défis similaires : des difficultés lors de la navigation du système complexe des services sociaux et de santé, des barrières à l’accessibilité aux services en français, un manque de services et de soutien pour elles-mêmes et plusieurs autres lacunes. Ces difficultés s’ajoutent à leur fardeau d’aidantes.

Nos résultats indiquent aussi que l’intégration des services sociaux et de santé diminuerait la complexité de la navigation du système et les barrières à l’accessibilité aux services en français, tout en réduisant le fardeau des proches aidants. De plus, cette recherche démontre l’importance du soutien social pour les proches aidants. Ce soutien, formel ou informel, réduit le stress qu’ils ressentent, ce qui conséquemment leur permet de continuer d’aider leur proche.

L’intégration des services et le soutien social sont donc deux éléments clés pour les pistes d’intervention futures auprès des proches aidants et des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et autres affections connexes.

Étude universitaire, ressources sociales et recherche d’emploi des migrants marocains au Québec

Théodore Bisserbe
École de service social, Université d’Ottawa

Dans son plan stratégique 2008-2012, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du gouvernement québécois encourage les étudiantes et les étudiants étrangers à faire leurs études universitaires au Québec, afin que ces migrants « s’acclimatent » à la culture québécoise et s’insèrent plus facilement sur le marché du travail québécois. Le gouvernement québécois suppose, comme certaines études l’indiquent, qu’un migrant détenteur d’un diplôme universitaire québécois s’insère facilement sur le marché du travail puisque son diplôme est davantage reconnu par les employeurs locaux que le diplôme obtenu à l’étranger. Mais est-ce le diplôme qui est reconnu en tant que tel ou est-ce que ce sont les diverses ressources accumulées par les étudiantes et les étudiants étrangers pendant leurs études qui facilitent leur transition en emploi? Dans le cadre de notre mémoire, nous désirions aller au-delà de la valeur objective du diplôme universitaire sur le marché du travail québécois, pour nous concentrer sur l’étude des ressources sociales développées par les migrants durant leur formation universitaire au Québec et sur leur rôle dans le processus d’insertion professionnelle. Plus précisément, nous voulions savoir pourquoi des travailleuses et des travailleurs migrants retournent aux études une fois établis au Québec, en quoi l’université contribue à la construction d’un réseau de relations sociales au Québec, quelle est la composition de ce réseau et selon quelles modalités ce réseau participe ou non à l’insertion des migrants sur le marché du travail québécois une fois diplômés.

Afin de répondre à cette question, nous avons analysé les entretiens de 21 migrants d’origine marocaine. Ces derniers ont en commun d’avoir été sur le marché du travail marocain au moment de migrer au Québec, d’avoir obtenu au moins un diplôme dans un établissement d’enseignement supérieur francophone au Québec et d’être en emploi ou en recherche d’emploi au Québec ou au Maroc au moment de l’enquête. Nous montrons dans ce mémoire que le diplôme universitaire québécois n’est pas suffisant pour obtenir un emploi en adéquation avec son niveau et son domaine de formation, mais que les migrants doivent aussi savoir mobiliser des liens faibles (notamment, des liens avec des non-migrants), le plus souvent grâce à des expériences professionnelles acquises pendant les études, à l’intérieur comme à l’extérieur du campus. Ce que les différents parcours d’insertion professionnelle repérés attestent, c’est que la capacité d’action des acteurs en contexte migratoire est bien présente, mais qu’elle dépend des dispositions plurielles et non homogènes acquises avant la migration et qu’elle est limitée par les contextes différenciés dans lesquels ils se trouvent dans la société d’accueil.

Au-delà des chiffres : une exploration phénoménologique de la transplantation rénale

Stéphanie Bogue Kerr
École de service social, Université d’Ottawa

Pour tous ceux et celles atteints d’insuffisance rénale, la transplantation est censée offrir une meilleure qualité de vie que la dialyse, et est donc considérée comme un meilleur traitement. Malgré cela, la transplantation ne peut pas offrir une vie sans soucis de santé. Alors que la littérature biomédicale traite de certains aspects de la transplantation, au fond, il existe peu de recherches qualitatives portant sur le vécu des jeunes transplantés, et encore moins dans le champ du travail social. La présente étude cherchait à découvrir le vécu phénoménologique de la transplantation chez les jeunes transférés des soins pédiatriques aux soins adultes. Selon les résultats, le caractère liminal de la transplantation représente un aspect incontournable de l’expérience. Dans cette perspective, le vécu de la transplantation est analysé à la lumière des concepts théoriques des rites de passage, de la liminalité et du transliminal self. Finalement, les implications pour la pratique du travail social sont discutées.

Projets d’avenir en région rurale : mettre toutes les chances de son côté

Chantal Boudreau
École de service social, Université d’Ottawa

Malgré la récente croissance de l’entrepreneuriat et des projets de développement économique rural en Nouvelle-Écosse, il y a peu ou pas d’études qui témoignent de l’impact de ces initiatives sur les projets de départ des jeunes Acadiens et Acadiennes. Cette recherche tente de combler cette lacune. La mise en relation du concept de la vitalité ethnolinguistique, des projets de développement rural et des projets d’avenir des jeunes offre une nouvelle interprétation de l’exode rural en milieu francophone minoritaire. Ce projet vérifie l’impact des initiatives économiques et de développement de la vitalité ethnolinguistique locale sur les projets d’avenir en région des jeunes, ainsi que la perception et la compréhension de ces projets qu’ont les jeunes en milieu rural. Il y a eu un court sondage et des groupes de discussion, comportant des élèves de la onzième et de la douzième année des écoles secondaires du Conseil scolaire acadien provincial (CSAP) dans la région sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Les résultats ont été analysés à l’aide de méthodes qualitatives. Cette recherche contribue à la compréhension de l’exode rural en combinant le concept de la vitalité ethnolinguistique, les projets de développement et les projets de départ pour mieux comprendre l’interaction entre ces phénomènes. Les conclusions de cette recherche permettent de mieux comprendre le vécu des jeunes francophones en régions éloignées et les facteurs qui influencent leur choix de quitter, demeurer ou revenir en région. Ces résultats alimenteront les pratiques d’intervention, permettant de mieux adapter les projets de revitalisation rurale aux besoins des jeunes francophones en milieu rural.

Démystifier l’aliénation parentale pour mieux l’évaluer : une recension intégrative des écrits

Nathalie Carrière
École de service social, Université Laurentienne

Cette recension intégrative des écrits vise à informer les travailleuses et travailleurs sociaux quant au concept d’aliénation parentale, afin de favoriser une meilleure évaluation des cas potentiels. D’abord, on s’attarde à définir trois concepts, dont le syndrome d’aliénation parentale, l’aliénation parentale et les conflits sévères de séparation; concepts qui semblent être confondus par plusieurs professionnelles et professionnels. Après avoir démystifié ces définitions, nous n’avons retenu que l’aliénation parentale, perçue selon une vision systémique pour poursuivre la recherche.

Cette recherche dresse un portrait détaillé des manifestations de l’aliénation parentale, des caractéristiques des différents membres de la famille, des impacts de ce phénomène sur les membres de la famille, des défis rencontrés par les professionnelles et professionnels en contexte d’évaluation et présente les différents outils d’évaluation systémique accessibles aux travailleuses et travailleurs sociaux.

Réalités structurelles et effets sur les interventions des professionnels de la santé auprès des personnes âgées en foyers de soins de longue durée

Olivia Doré
École de service social, Université d’Ottawa

La population canadienne est vieillissante et les soins de santé pour les personnes âgées en perte d’autonomie deviennent de plus en plus nécessaires. Par contre, il existe des compressions dans les budgets alloués aux institutions de santé qui prodiguent des soins essentiels pour les personnes aînées, et ce, au sein des soins de santé importants comme les foyers de soins de longue durée (FSLD).

De quelle manière les réalités structurelles en FSLD affectent-elles les interventions des professionnelles et des professionnels de la santé auprès des personnes âgées? L’objectif de cette étude est d’identifier les aspects des interventions qui sont affectés par les réalités du système de la santé et de donner des exemples de micropratiques qui pourraient être bénéfiques lors d’interventions auprès de résidentes et de résidents âgés en FSLD.

Cette ethnographie institutionnelle se base sur une combinaison de l’approche structurelle et des théories présentées par Erving Goffman dans Asiles. Les données principales proviennent d’un groupe cible avec des professionnelles et des professionnels de la santé d’un FSLD de la région d’Ottawa, ainsi que sur les résultats d’observations directes d’interventions entre ces mêmes professionnels et des résidents du foyer. Une analyse thématique de contenu des résultats du groupe cible et une triangulation entre ceux-ci et les données des observations directes nous ont permis d’identifier des thématiques de discussion. Les thèmes de réalités structurelles, de perceptions, de réalités en FSLD et de stratégies d’adaptation sont ressortis. En nous appuyant sur ceux-ci, nous avons proposé des pistes pour contrer les limites structurelles vécues en FSLD.

Les résultats de l’étude ont montré que les pistes d’intervention idéales ne se situent pas uniquement à l’échelle micro, mais qu’elles sont plutôt majoritairement macro, indiquant d’abord que les réalités structurelles en FSLD ne peuvent pas uniquement être adressées par l’entremise de micropratiques. L’hypothèse de cette étude a été confrontée par une problématique qui est plus large et plus importante que prévu.

Les représentations sociales de la sexualité des enfants, adolescents et adolescentes : une étude documentaire dans le contexte de l’éducation de l’éducation sexuelle en Ontario

Elyse Gagnon
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire cherche à comprendre les différentes représentations de la sexualité des enfants, adolescentes et adolescents lors des discussions touchant le nouveau curriculum d’éducation sexuelle que le ministère de l’Éducation et de la Formation de l’Ontario a présenté en février 2015. Précisément, l’objectif de notre recherche était de déterminer comment les discours entourant ce nouveau curriculum influencent la construction et l’évaluation des images à l’égard de la sexualité des enfants et des adolescentes et adolescents.

Afin de mieux saisir la situation, nous discutons tout d’abord des concepts clés, des différents types d’éducation sexuelle et du contexte sociohistorique dans lequel s’inscrivent les changements apportés dans ce nouveau curriculum. Pour solidifier notre analyse, nous avons opté pour le cadre théorique des représentations sociales. La méthodologie qualitative choisie pour comprendre les opinions exprimées vis-à-vis ce nouveau curriculum est une analyse documentaire thématique des commentaires écrits dans des blogues traitant des articles journalistiques rédigés concernant ce nouveau curriculum.

Les résultats de nos analyses ont déterminé que les attitudes défavorables et favorables à l’égard du curriculum sont surtout justifiées afin de protéger la santé sexuelle et émotionnelle des enfants et des adolescentes et adolescents. Les deux côtés visent à réduire le niveau de risque entourant la sexualité des enfants et des adolescentes et adolescents. Notre recherche a établi que les attitudes véhiculées par rapport à la sexualité des enfants et des adolescentes et adolescents s’inspirent d’une variété d’acteurs incluant les médias, les pairs, la famille et l’État. La couverture médiatique du nouveau curriculum d’éducation sexuelle, souvent simpliste et sensationnaliste a encouragé la transmission de représentations généralisées et réductionnistes de la sexualité de ces jeunes.

Analyse des facteurs structurels du décrochage scolaire : cas des femmes au Québec et en Ontario

Olivier Grimard
École de service social, Université d’Ottawa

Les écoles sont les principales institutions chargées de produire les citoyennes et les citoyens travailleurs de demain. En fait, avant de former de futurs travailleurs, l’école promeut un système de valeurs et de croyances qui correspondent à un idéal sociétal. Ce système de valeurs et ce modèle de transmission culturelle, souvent élitistes, ne correspondent pas toujours aux aspirations et aux besoins des groupes marginaux. Ceux-ci peinent à se reconnaitre dans les méthodes d’apprentissage, dans la structure, bref dans la culture scolaire telle qu’elle est proposée par la norme.

Pourtant, au Canada, peu d’études cherchent à décrire cette culture scolaire et aucune n’a encore permis de la mettre en lien avec le parcours des jeunes qui décrochent. Dans les deux provinces les plus populeuses, le Québec et de l’Ontario, le taux d’abandon avoisine les 10 %. Les recherches actuelles, surtout au Québec, se centrent presque exclusivement sur les facteurs liés à l’individu ou à sa famille. La part de responsabilité de l’institution dans le décrochage scolaire passe donc trop souvent sous silence, ce qui a pour effet que les intervenantes et les intervenants optent pour une approche de « psychorééducation » des élèves à risque d’échec. Ainsi, on cherche à corriger les élèves « déficients » et l’attention est principalement tournée vers les garçons qui échouent en plus grand nombre. Cette façon de comprendre la problématique éclipse l’étude du décrochage dans les groupes que l’on dit plus « favorisés » ou « moins déficients ». Plusieurs chercheurs ont donc conclu à la nécessité d’étudier davantage ces groupes « favorisés » qui décrochent afin d’avoir un portrait plus complet du phénomène. Décrites par certains comme étant privilégiées par le système scolaire actuel, les femmes font partie des groupes sociaux qui échappent aux connaissances actuelles sur le décrochage au secondaire. Par ailleurs, l’éventualité que les structures de l’institution puissent avoir un impact négatif dans le parcours des filles qui décrochent n’a fait l’objet d’aucune étude. Ce mémoire a donc pour objectif d’explorer le parcours de décrochage au secondaire des filles. C’est en analysant les entretiens biographiques de 10 décrocheuses qui se sont inscrites en formation professionnelle (5 du Québec et 5 de l’Ontario) que nous cherchons à identifier les facteurs structurels qui les ont poussées à sortir du système scolaire prématurément.

Cohésion sociale et dopage : une lecture durkheimienne de la littérature scientifique sur le dopage en milieu sportif

Barbara Hiom Beboua
École de service social, Université d’Ottawa

Dans la littérature, le dopage est très souvent présenté comme un acte principalement individuel. Le présent travail s’est attaché à montrer que derrière le choix d’un athlète de se doper, il existe certes des causes individuelles, mais aussi, et surtout, des causes sociales. Parmi les facteurs pouvant expliquer le dopage, nous nous sommes intéressée plus spécifiquement à la cohésion sociale qui est, selon Durkheim, à la fois le degré d’intégration des individus au sein de leur groupe social et le degré de régulation que ce groupe social exerce sur eux. Nous avons montré que le degré d’intégration sociale et de régulation sociale avait une influence sur le taux et le type de dopage des sportifs. Ainsi, la construction d’une typologie du dopage, tenant compte des facteurs sociaux, fut possible. En nous référant à Durkheim, nous avons pu mettre en exergue — en ce qui a trait à l’expérience générale du dopage — l’existence d’un dopage égoïste, altruiste anomique et fataliste. Dans ce contexte, nous pensons qu’il serait utile de lier la lutte antidopage à cette typologie du dopage. En effet, à chaque type de dopage correspond possiblement une stratégie de lutte différente.

Les mobilisations de la communauté somalienne à Ottawa pour faire face aux difficultés sociales de sa jeunesse : le cas de l’association Canadian-Somali Mothers

Amina Hussein
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire porte sur la communauté somalienne à Ottawa. L’objectif est de comprendre les stratégies de mobilisation que cette communauté adopte pour faire face aux problèmes sociaux auxquels est confrontée la jeunesse somalienne. Grâce à des entrevues réalisées auprès de proches aidants somaliens, nous avons voulu analyser et comprendre les singularités de leur mobilisation, si leurs revendications sont connues et visibles dans la société canadienne ou si elles sont plutôt discrètes, isolées et se manifestent seulement au sein de la communauté. Les résultats de notre recherche nous ont permis de constater que la mobilisation des Somaliens ne s’inscrit pas dans un cadre et des façons de faire occidentales, mais bien qu’elle est unique et teintée de leur différence culturelle.

Nous trouvons que les recherches portant sur la mobilisation de la communauté somalienne, sur les accomplissements, sur les forces et sur les initiatives de cette communauté sont quasi inexistantes. D’où ce mémoire qui naît de notre enquête auprès de l’association Canadian-Somali Mother et de notre appartenance à la communauté somalienne, et qui a pour objectif d’aider ses jeunes qui vivent des difficultés sociales.

Les jeunes femmes de l’Ontario français et le féminisme

Suzanne Lacelle
École de service social, Université Laurentienne

À la lumière des revendications du mouvement féministe, on peut se demander si les jeunes femmes de l’Ontario français s’identifient au féminisme. Compte tenu du caractère qualitatif de notre étude, nous avons procédé à partir d’un échantillonnage non probabiliste, en fonction de certaines caractéristiques précises de la population étudiée. Une recension de la littérature portant sur la construction de l’identité féministe nous a menée à diviser le canevas d’entretien en quatre thèmes : les définitions personnelles du féminisme et du mouvement des femmes; l’analyse du concept féministe (égalité et acquis); les besoins et dossiers actuels, et l’identité féministe.

Les résultats obtenus révèlent que la formation de l’identité féministe des jeunes femmes francophone est en voie de transformation. Nous pouvons ainsi postuler que les jeunes femmes francophones de l’Ontario français s’identifient peu comme « féministe », mais qu’elles adhèrent tout de même aux valeurs féministes.

Accessibilité et coordination des services sociaux et de santé pour les aînés francophones en situation minoritaire vivant en milieu rural

Audrey Ann Lapointe
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire explore l’expérience des personnes âgées francophones en situation minoritaire vivant en région rurale à travers le continuum des soins de santé et des services sociaux. Ce sujet demeure peu étudié à ce jour. Son objectif principal consiste à formuler des recommandations afin de mieux adapter les soins de santé et les services sociaux en fonction de cette population. Il cherche plus spécifiquement à cerner ses besoins et à dégager les enjeux que pose la ruralité par rapport à l’accès aux services sociaux et de santé.

Globalement, les résultats de la recherche ont permis de constater le besoin d’offrir davantage de services de transport destinés aux personnes âgées en ruralité, de pallier l’insuffisance de professionnels de la santé et des services sociaux spécialisés en milieu rural qui affecte l’accès aux services sociaux et de santé et de pointer les défis de l’obtention de services sociaux et de santé francophones en situation minoritaire sur un continuum en région rurale. Finalement, les aînés participant à cette recherche et l’organisme communautaire principal qui a contribué à leur recrutement fournissent des stratégies qui deviennent les recommandations proposées afin d’améliorer l’intégration des services et ainsi leur accessibilité.

Entre violence, genre, handicap, langue et culture : les obstacles à l’accessibilité aux services en français des femmes sourdes franco-ontariennes victimes de violence

« C’est quelque chose qui passe sous la table, mais je veux que ça passe sur la table puis que tout le monde le voie. »

Tanya Lapointe-Harris
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche phénoménologique a été menée entre avril et décembre 2014, auprès de femmes Sourdes franco-ontariennes et d’intervenantes en violence faite aux femmes en Ontario. Le corpus comprend deux entrevues individuelles avec ces femmes, une entrevue individuelle avec une intervenante et un focus group avec quatre intervenantes. Les données qualitatives recueillies mettent en lumière la violence dont elles sont victimes et les obstacles à l’accessibilité aux services de soutien. Leurs récits démontrent qu’elles vivent de la violence à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté sourde. Une évolution du sens donné à la violence en est également ressortie, selon cinq discours :

  1. celui du non-savoir, de l’acceptation;

  2. la peur, la perte de contrôle;

  3. les jugements et le soutien;

  4. le savoir, le contrôle;

  5. le risque et la vulnérabilité.

Les propos des participantes soulignent aussi que les femmes Sourdes franco-ontariennes victimes de violence rencontrent des obstacles liés à la violence, à la surdité et aux services. Des propositions pour la prévention, l’intervention et la recherche permettent une démarche réflexive en vue d’améliorer les services de soutien et leur accessibilité aux femmes Sourdes franco-ontariennes victimes de violence.

Les relations entre l’État et le secteur communautaire en Ontario dans le domaine de la santé mentale et de la lutte contre les dépendances : une perspective des représentants du secteur public

Claudelle Marcheterre
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche vise à approfondir la littérature dans le domaine spécifique de la santé mentale et de la lutte contre les dépendances en Ontario en ce qui a trait aux relations entre l’État et les organismes communautaires. Pour ce faire, deux entrevues semi-dirigées ont été conduites avec des représentants des Réseaux locaux d’intégration des services sociaux (RLISS) des régions d’Ottawa et de Kingston pour connaitre leur perception de ces relations. Les entrevues ont ensuite été mises en relation avec la littérature préalablement recueillie pour mieux comprendre les modalités relationnelles qui les unissent. Lors de ces entrevues, la typologie de Coston (1998), adaptée par Proulx, Bourque et Savard (2005), a été utilisée pour mettre en évidence certaines aptitudes dans des relations afin de pouvoir les catégoriser et mieux comprendre les perspectives des représentants du secteur public.

Pour mieux comprendre ces modalités relationnelles, cette étude s’est concentrée sur trois points majeurs, c’est-à-dire les modalités relationnelles selon la typologie de Proulx, Bourque et Savard (2007), les conséquences de la qualité des relations entre l’État et les organismes communautaires ainsi que les barrières aux relations plus collaboratives entre ces secteurs.

Le paradoxe de la colère : la fine ligne entre le normal et le pathologique

Angélique Ndorimana
École de service social, Université d’Ottawa

Face à l’attention croissante accordée au phénomène de la colère et à la popularité des programmes de gestion de la colère, cette recherche poursuit deux objectifs :

  1. explorer et mettre à jour les mécanismes qui ont contribué à la transformation des représentations du phénomène de la colère;

  2. mieux comprendre le rôle joué par les divers programmes de gestion de la colère qui sont préconisés comme solution au problème de colère et de violence.

C’est à partir d’une perspective constructiviste des problèmes sociaux en y joignant les théories interactionnistes de la déviance et le concept de « discipline » de Foucault, que nous avons abordé ce sujet. Trois constats sont établis à la suite de cette recherche. Premièrement, l’émergence du phénomène de la colère comme nouveau problème social est étroitement nouée à la norme sociale contemporaine de la gestion de soi, promue de manière constante et à tous les niveaux de l’existence, et à partir de laquelle les conduites individuelles sont évaluées et potentiellement pathologisées. Deuxièmement, la transformation macrosociale du phénomène de la colère s’accompagne sur le plan microsocial d’une transformation identitaire chez les individus en fonction des normes sociales établies et selon les époques données. Troisièmement, les programmes de gestion de la colère s’inscrivent dans la tendance actuelle à la réduction des problèmes sociaux en problèmes individuels, exerçant de ce fait une forme de contrôle social.

L’Être-dans-le-monde des jeunes adultes ayant le trouble d’anxiété sociale

Despina Pelekos
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire examine l’expérience vécue des jeunes adultes atteints d’un trouble d’anxiété sociale (TAS) en vue d’en connaître davantage sur leurs expériences. Des travaux antérieurs ont négligé de présenter ces expériences ou de donner aux jeunes adultes ayant le TAS une crédibilité en tant que source d’information importante. Cette étude se concentre sur deux jeunes adultes et leur expérience subjective de vivre avec le TAS à travers une perspective d’être-dans-le-monde. Une analyse interprétative phénoménologique a été utilisée pour recueillir des données à partir des blogues de ces deux jeunes adultes et pour analyser les résultats. Cette analyse phénoménologique démontre que leur expérience est enracinée dans la complexité — la complexité-d’être-dans-le-monde. Cette dernière est vécue à travers le désir, l’ambivalence et la désespérance et constitue un mouvement fluide entre ces trois expériences d’être. L’étude recommande les changements suivants à la pratique du travail social :

  1. la transformation du langage utilisé;

  2. l’application d’une expertise partagée;

  3. l’adaptation de la pratique en utilisant des méthodes alternatives;

  4. le soutien des jeunes adultes dans leur complexité-d’être-dans-le-monde; et

  5. l’encouragement aux jeunes adultes de réfléchir aux effets des discours sociaux sur leur expérience.

Être jeune adulte et proche aidant principal : perceptions et effets sur le plan individuel et familial

Thomas David Peter
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire a pour but de comprendre la réalité des jeunes adultes qui jouent le rôle de proches aidants auprès de membres de leurs familles. Cette recherche vise à mieux cerner leurs perceptions à l’égard de la relation d’aide dans laquelle ils sont impliqués. Elle tente également de faire ressortir les principaux effets de cette relation sur le plan personnel et familial ainsi que les besoins spécifiques de ce groupe de proches aidants.

Sous l’angle de la théorie des systèmes, l’évolution de la relation d’aide et ses effets sur les personnes impliquées sont étudiés. Les données recueillies à partir des entrevues réalisées auprès de trois jeunes adultes proches aidants démontrent que la relation d’aide évolue au fil du temps et que les rôles sont parfois appelés à changer. De plus, la notion d’ambivalence est récurrente dans le discours des personnes rencontrées. Cela corrobore les résultats identifiés dans la revue de littérature. En effet, la relation d’aide est complexe et les acteurs impliqués doivent composer avec des changements de rôles, notamment lorsqu’il s’agit de prendre soin d’une personne atteinte d’une maladie mentale ou victime d’un accident, ce qui entraîne des conséquences sur le plan cérébral ou comportemental.

Les besoins des proches aidants rencontrés sont discutés et mis en lumière avec les principaux résultats présentés dans la revue de littérature. En dernière partie, des suggestions pouvant servir de pistes de réflexion sont proposées afin de pouvoir mieux soutenir les jeunes adultes proches aidants principaux.

Évolution et défis du travail social auprès des familles en contexte de violence, particulièrement la négligence envers les enfants, de 1900 à 2015

Brejnev Racine
École de service social, Université d’Ottawa

Une famille en contexte de violence conjugale, reste une famille avec ses forces, ses faiblesses, ses rêves et ses regrets au moment où le besoin d’accompagnement se fait sentir. Le sentiment d’échec constaté dans les efforts pour enrayer ce phénomène social résulte en partie de l’absence de consensus entre les approches théoriques développées par les chercheurs, les programmes segmentés élaborés à partir de ces fondements théoriques et les interventions isolées qui en découlent pour comprendre, prévenir et combattre la violence dans les familles. L’accompagnement des familles représente souvent pour les travailleuses et les travailleurs sociaux un terrain délimité par des enjeux éthiques et des défis. Face à la complexité et à la variabilité de la violence conjugale, ce mémoire propose, après une recension littéraire, un modèle théorique d’intervention auprès des familles en contexte de violence conjugale, qui allie les approches systémique et féministe qui semblent à priori mutuellement exclusives. Ce modèle théorique est produit à partir d’une approche qui s’apparente beaucoup plus au paradigme constructiviste ou subjectiviste produisant des données qualitatives à partir d’une recension littéraire. Ce modèle permet aux travailleuses et travailleurs sociaux d’être plus ouverts aux besoins des familles en tant que systèmes doués de résilience tout en restant sensibles à la qualité des rapports de pouvoir existant entre les membres formant le système familial.

Une pratique généraliste du service social informée par la neuroscience sociale : et pourquoi pas?

José Rodrigue
École de service social, Université Laurentienne

La place de la neuroscience dans le domaine de la santé n’est plus à faire. Les livres, les revues scientifiques ainsi que les magazines populaires font régulièrement référence à cette science pour expliquer le comportement humain. Plusieurs disciplines, des sciences infirmières à la psychoéducation en passant par l’économie et la philosophie, utilisent les connaissances issues de ce domaine. Mais quelle est la place actuelle de la neuroscience, plus précisément la neuroscience sociale, dans la pratique du service social? Comment serait-il possible d’intégrer certaines connaissances de la neuroscience sociale à une pratique généraliste du service social tout en respectant la profession? Ce mémoire vise à offrir quelques pistes de réflexion et d’intégration quant aux possibilités qu’offre la neuroscience sociale pour la pratique du service social.

Le Nouveau-Brunswick, théâtre de luttes pour le contrôle des ressources naturelles : la mise en scène par les Mi’kmaqs et le rôle des Acadiens au fil du temps

Gabrielle Ross-Marquette
École de service social, Université d’Ottawa

Au fil du temps, le Nouveau-Brunswick a été la scène de plusieurs luttes autochtones qui avaient en leurs centres les ressources naturelles, soit en tant que produits de consommation, soit comme producteurs d’énergie. Tandis que le gouvernement provincial souhaite détenir le contrôle total sur la gestion et l’administration de ces ressources, il s’avère que les autochtones ont un droit inhérent au territoire et à ses ressources tel que reconnu par les Traités de paix et d’amitié, réaffirmés par la décision Marshall de 1999. Un troisième joueur, les Acadiens, a été impliqué de près dans ces luttes, parfois en opposition aux revendications des Mi’kmaqs, parfois en solidarité avec elles. Dans ce mémoire, nous explorerons les relations entre ces deux peuples en détaillant trois luttes importantes, selon leur ordre chronologique : la crise de Burnt Church, Idle No More ainsi que la lutte contre l’exploitation du gaz de schiste à Elsipogtog. En utilisant un cadre conceptuel qui marrie les concepts de colonialisme et de résistance, il sera question des déroulements des luttes, ainsi que de la perspective autochtone de ces événements, tout en soulignant la contribution des Acadiens, aussi positive ou négative soit-elle.

La gestion de soi et la santé mentale : une forme contemporaine de régulation du sujet

Mélissa Roy
École de service social, Université d’Ottawa

S’intéressant à la question de la gestion de soi  dans le domaine de la santé mentale, cette recherche se situe à l’intersection de trois phénomènes sociaux : l’avènement depuis les années 1970 de nouvelles normativités sociales et de nouveaux vecteurs de gouvernement occidentaux contemporains qui s’articulent autour du soi; l’augmentation de l’importance accordée à la santé mentale au sein de discours publics et populaires, mais aussi chez tout un chacun qui tend à la considérer comme une facette identitaire, qui s’en préoccupe et qui la « travaille »; et la montée de la valorisation des recours sur soi au sein des pratiques de relation d’aide. En s’appuyant sur la prémisse selon laquelle la gestion de soi est une forme de gouvernement « par » soi autant qu’elle s’inscrit dans une technique de gouvernement « du » soi, ce mémoire s’intéresse aux façons par lesquelles la gestion de soi  s’ancre dans une forme de prise en charge contemporaine de la santé mentale et, parallèlement, elle veut explorer comment un tel travail sur sa santé mentale participe à la production du soi. Une analyse qualitative d’entrevues semi-dirigées effectuées auprès de personnes ayant un problème de santé mentale met alors en lumière certaines des façons par lesquelles l’enchevêtrement de pratiques exercées par, pour et sur soi dans le domaine de la santé mentale constitue un outil de conduite des conduites d’un sujet, et ce, dans plusieurs sphères sociales.

La négligence à l’égard des enfants et l’éducation parentale : perspective écosystémique et féministe

Chantal Roy-Power
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire se veut une recherche sur document qui vise d’une part à établir si le programme d’habiletés parentales Triple P répond aux critères des meilleures pratiques d’intervention dans le cadre d’une problématique de négligence. D’autre part, il vise à mettre à jour la manière dont les programmes d’interventions en matière de négligence tiennent compte, ou non, des modèles d’analyses écosystémiques et féministes et des conséquences sur la réussite des interventions et sur le bien-être des familles.

À la lumière des principaux constats qui ressortent de cette analyse, il est possible de confirmer que le programme Triple P prend en considération les caractéristiques des meilleures pratiques d’intervention et qu’il répond aux conditions de succès des programmes d’interventions en habiletés parentales. Plusieurs analyses et essais randomisés ont conclu que le programme d’habiletés parentales Triple P fait une différence au niveau du comportement du parent et de l’enfant. Toutefois, la preuve concernant des situations de négligence future est moins claire. Or, en fin d’analyse, le programme Triple P ne peut suffire à lui seul pour prévenir la récidive des comportements négligents. De plus, peu de programmes tiennent compte du modèle d’analyse écosystémique et aucun d’entre eux ne prend en considération le modèle féministe. Ainsi, l’éducation parentale doit non seulement inclure des interventions comportementales cognitives dans le but d’adresser le comportement du parent, mais également des interventions à plusieurs niveaux systémiques afin d’améliorer la situation des enfants vulnérables et de leurs familles tout en posant un regard féministe dans l’analyse qui tient compte des ressources des familles et qui inclut les pères dans les interventions. Finalement, afin d’assurer l’efficacité des interventions, les programmes validés ou basés sur les données probantes doivent être priorisés.

Les forces et les limites des stratégies d’intervention utilisées selon le modèle typologique de l’homme violent, dans le contexte des groupes pour partenaires violents (PIPV), de l’Est de l’Ontario

Sophie Séguin
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche explore les forces et les limites des approches et stratégies d’intervention utilisées par les animateurs des groupes d’intervention auprès des partenaires violents (IPV) selon un modèle typologique de l’homme violent. Après avoir dressé un portrait sociohistorique de la violence conjugale au Canada suivi de la présentation de la typologie de l’homme violent, ce mémoire présente les programmes d’intervention auprès des partenaires violents (PIPV) et le contexte dans lequel ils sont livrés. La recherche s’ancre dans un cadre conceptuel visant à mettre à jour le concept de violence dans l’analyse féministe et structurelle en proposant de l’aborder sous l’angle interactionniste ou microsocial. Cette dernière perspective permet de mieux comprendre le phénomène de la « violence situationnelle ». Trois intervenants au programme d’intervention pour partenaires violents (PIPV) FOCUS de Prescott-Russell, région de l’Est de l’Ontario, ont participé à la recherche. La collecte de données s’est faite selon la méthode des incidents critiques en prenant aussi comme cadre de référence le modèle typologique de l’homme violent de Deslauriers et Cusson (2014). Une intervention plus efficace auprès des partenaires violents pourrait permettre d’augmenter l’engagement des partenaires violents au programme et de réduire leur taux d’abandon tout en augmentant les chances qu’ils se responsabilisent, qu’ils réalisent un cheminement personnel et qu’ils acquièrent de nouvelles habiletés favorisant un changement permanent.

La violence conjugale à l’égard des femmes autochtones : interventions privilégiées par des intervenantes sociales allochtones

Erica Siddall
École de service social, Université d’Ottawa

Étant donné que l’efficacité et la pertinence des interventions occidentales en contexte autochtone sont souvent remises en question, cette recherche exploratoire a comme objectif de comprendre comment l’intervention sociale se déroule entre les intervenantes allochtones et les femmes autochtones en contexte de violence conjugale. Plus spécifiquement, ce mémoire tente de répondre aux questions suivantes :

  1. Comment les intervenantes allochtones définissent-elles la violence conjugale en contexte autochtone, surtout par rapport à ses causes explicatives?

  2. Quelles sont les modalités pratiques de leurs interventions auprès des femmes autochtones?

  3. Comment naviguent-elles leur travail auprès de ces femmes autochtones étant donné qu’elles-mêmes ne sont pas autochtones?

Les données pour cette recherche qualitative ont été recueillies par l’entremise de sept entrevues semi-structurées réalisées auprès d’intervenantes sociales caucasiennes qui travaillent avec des femmes autochtones ayant survécu à des situations de violence conjugale. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que ces intervenantes allochtones définissent cette problématique en décrivant les nombreuses formes sous lesquelles la violence conjugale peut se manifester, et comme naissant des facteurs tant sociohistoriques qu’individuels. Leurs interventions sont guidées par deux objectifs primordiaux, notamment la sécurité des femmes et des enfants autochtones et l’empowerment de ces femmes. En dernier lieu, les résultats démontrent que les intervenantes adoptent de diverses stratégies afin de surmonter la méfiance que les femmes autochtones éprouvent à leur égard.

Le travail social : de l’ordre social au changement social

Julienne Trahan-Perreault
École de service social, Université d’Ottawa

Les pratiques actuelles en travail social nous amènent parfois à nous questionner sur ce que font les travailleuses et les travailleurs sociaux? Quelle est l’orientation de leurs pratiques? Psychologisent-ils le social ou solidarisent-ils les individus? Favorisent-ils le changement social ou maintiennent-ils les problèmes sociaux? Font-ils un peu des deux? Ou ni l’un ni l’autre? Ce mémoire cherche à explorer ces questions sans toutefois chercher de réponses définitives. Il s’agit en effet d’une recherche de sens plutôt que d’une recherche de vérités. Par l’analyse de différents milieux de pratique, il a été possible d’identifier dans quels paradigmes d’analyse des problèmes sociaux les contextes de pratique et les formes de pratique se manifestent. L’analyse des données a permis de révéler une certaine tendance des pratiques vers le statu quo ainsi que certains effets structurants des contextes de pratique sur les interventions en travail social.