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1. Introduction

Le diplôme d’études secondaires (DES) constitue de plus en plus le gage d’une insertion professionnelle durable dans la société québécoise (Garon et Bélisle, 2009). À ce titre, les jeunes adultes non diplômés (JAND) font l’objet de multiples attentions (Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaires au Québec, 2009), notamment concernant leur insertion professionnelle (Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, 2002) et ce, à plus forte raison dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre qualifiée (Tremblay, 2008). L’étude de leur processus d’insertion professionnelle fait donc l’objet d’une abondante documentation (Vultur et Mercure, 2011). Si certains de ces JAND arrivent à tirer leur épingle du jeu sur le marché du travail (Supeno et Bourdon, 2013), d’autres rencontrent certaines difficultés en connaissant des situations de précarité (ex.: épisodes de toxicomanie, isolement social, instabilité résidentielle, etc.) (Panet-Raymond, Bellot et Goyette, 2003). Si l’état de précarité recouvre un vaste ensemble de situations, de processus et de phénomènes rendant périlleux tout travail définitionnel (Kelly et Caputo, 2001), il est cependant possible de l’associer aux situations d’exclusion, de pauvreté et d’inégalités sociales (Racine, 2007). Il s’agit donc d’une population qui connaît une grande vulnérabilité sociale, d’autant plus qu’elle est davantage susceptible d’occuper des emplois atypiques et précaires (Bourdon et Vultur, 2007).

Ces constats font écho à une littérature qui invite désormais à appréhender l’insertion professionnelle de manière élargie en considérant les sphères de vie du parcours de l’individu (Curie, 2002) autres que celle du travail. Certaines recherches soulignent, par exemple, l’influence du réseau social comme de la famille (Molgat, 2007). L’insertion professionnelle – en particulier lorsqu’il s’agit de jeunes adultes, période de vie aux multiples transitions (Bourdon, 2001) – est aujourd’hui un processus complexe et pluridimensionnel où considérer l’ensemble du parcours de vie de l’individu constitue une avenue prometteuse (Ibid.).

Cette complexification peut être observée notamment dans le type d’information et les sources d’information que les jeunes adultes mobilisent dans leur insertion professionnelle. La littérature souligne, par exemple, la diversité des sources d’information sur lesquelles ils s’appuient dans leur recherche d’emploi (Delesalle, 2006). Et si le rôle de l’information est souligné en employabilité et en insertion professionnelle (Healy, 2001), certains insistent sur sa dimension contextuelle. En effet, la recherche, les comportements informationnels ou encore le type de sources d’information utilisé sont souvent fonction des événements, du contexte (Kuhlthau, 2004) ou encore des temporalités sociales dans lesquels ils s’inscrivent (Savolainen, 2006). Il est donc important de tenir compte de la situation biographique actuelle de la personne pour mieux saisir pourquoi elle recherche tel type d’information ou mobilise telle source d’information à un moment précis de son parcours.

La plupart des recherches qui se sont attardées au rôle de l’information et aux sources d’information dans les parcours d’emploi ou de formation traitent de populations scolarisées (Ouvrier-Bonnaz, 2008) ou immigrantes (Béji et Pellerin, 2010) et celles s’intéressant aux populations en situation de précarité semblent limitées (Spink et Cole, 2001). Certaines recherches se sont penchées sur les barrières informationnelles dans le raccrochage scolaire, mais généralement auprès d’une population adulte (Lavoie, Levesque et Aubin-Horth, 2008). Au Québec, la recherche sur les jeunes adultes et l’information sur la formation et le travail se concentre essentiellement en contexte de travail: accidents de travail (Brun et Laroche, 2007) ou encore abus en matière de normes de travail (Bernier, 2007).

Dans la littérature consultée, il semble qu’aucune recherche ne se soit spécifiquement intéressée aux JAND en situation de précarité sous l’angle de l’information sur la formation et le travail. Un manque qui peut surprendre dans une société dite du savoir où l’information sur la formation et le travail est présentée comme un enjeu crucial (OCDE, 2004) et où, rappelons-le, ils sont le plus à même d’occuper des emplois précaires. On sait par ailleurs que le degré de scolarité a une influence sur le degré de connaissance de jeunes adultes concernant leurs droits en tant que travailleurs (Bourdon, Supeno et Lacharité-Auger, 2012). Ce constat fait écho à l’interrogation quant à la qualité des informations dont ils disposent en matière de santé et de sécurité au travail (Conseil permanent de la jeunesse, 2001). Ces éléments sont à même de susciter d’importantes inquiétudes lorsqu’il s’agit de jeunes adultes non titulaires du DES, à plus forte raison lorsqu’ils sont amenés à rencontrer des situations de précarité. Il apparaît donc important de s’attarder aux types d’information et aux sources d’information sur la formation et le travail que de JAND mobilisent durant leur insertion professionnelle.

2. Cadre d’analyse

L’approche du parcours de vie (Elder, 1995) définit le parcours comme une combinatoire de plusieurs trajectoires, incluant celle du travail où s’effectue l’insertion professionnelle. Cette approche conceptualise la transition comme changement d’état dans une trajectoire, en tant que processus dont l’intelligibilité dépend du moment où elle advient dans le parcours. Il s’agit là d’un angle théorique pertinent, car l’insertion professionnelle des jeunes adultes peut conceptuellement être appréhendée en tant que transition dans leur trajectoire professionnelle en interaction étroite avec les autres trajectoires composant leurs parcours.

Le concept d’horizon informationnel (Sonnenwald et Wildemuth, 2001) permet de circonscrire l’analyse du parcours sous l’angle spécifique de l’information. Ces auteurs conceptualisent la recherche d’information comme une activité socialement située dans des contextes donnés (Ibid.). L’horizon informationnel renvoie à l’ensemble des sources d’information qu’une personne considère comme étant pertinentes lorsqu’elle recherche de l’information. Savolainen et Kari (2004) précisent que ce sont des sources dont la personne est consciente et dont elle a retiré des expériences positives au long des années. Il est alors possible ici de concevoir les trajectoires composant le parcours de vie comme éléments participant à l’horizon informationnel, ce dernier venant structurer l’accessibilité, le type, voire la légitimité des informations recherchées.

De vifs débats théoriques et épistémologiques entourent la conceptualisation de la notion d’information (Capurro et Hjørland, 2003). Ce concept fait donc l’objet d’un intense travail de stabilisation théorique. L’information est ici définie en tant que matériel intellectuel jugé subjectivement nécessaire par une personne en vue de résoudre une situation (Shenton et Dixon, 2004)[1]. Cette perspective confère une dimension situationnelle à l’information, car c’est le contexte auquel est confrontée la personne qui déterminera en grande partie l’information qu’elle juge désirable à ce moment-là (Jeanneret, 2004). Cette conceptualisation de l’information s’arrime bien à l’approche du parcours, car les trajectoires peuvent être vues comme autant de contextes.

Cela amène à appréhender la source d’information comme une sorte de dépôt (repository) qui draine et pourvoit de l’information potentielle (Xu, Tan et Yang, 2006). Ici, information et sources sont étroitement reliées, car la situation à résoudre vient influencer le type de sources recherchées (Byström, 2002). Il existe plusieurs taxinomies des sources d’information (Agarwal, Xu et Poo, 2011), mais la littérature existante sur le sujet concernant les jeunes adultes laisse entendre que les sources relationnelles et non institutionnelles semblent constituer le type de sources d’information souvent privilégiées par ces derniers (Julien, 1999). Les sources d’information relationnelles renvoient aux sources humaines (intervenants, famille, amis, etc.) et les sources non relationnelles renvoient à celles non humaines (journaux, télévision, Internet, etc.) (Rulke, Zaheer et Anderson, 2000). Quant aux sources institutionnelles, elles concernent celles dont le mandat formel est de fournir de l’information sur un domaine précis (ex.: les centres locaux d’emploi ou Information sur le marché du travail en ligne, pour l’information sur le travail) alors que celles non institutionnelles n’ont pas de mandat spécifique en ce sens (Ibid.).

Dans un contexte d’éducation tout au long et au large de la vie où toutes les trajectoires de l’individu contribuent à son développement (Delors, 1996), il nous semble nécessaire de préciser davantage ce qu’il est entendu par formation et travail. L’école, en tant qu’institution d’éducation formelle, n’est pas le seul espace où la personne est susceptible de construire des apprentissages: les autres espaces sont des endroits potentiels de formation non formelle (ex.: permis de conduire) ou informelle (ex.: apprendre à faire des lasagnes) (Poizat, 2003). Dans la présente recherche, la formation se ventilera selon qu’elle soit formelle, non formelle ou informelle. Le travail renvoie à toute activité que la personne est susceptible de réaliser: si l’emploi, en tant qu’activité rémunérée, représente un aspect important du travail, le bénévolat, les stages, les activités illicites ou les tâches ménagères font aussi partie du travail (Fouquet, 1998). La catégorie d’information sur le travail se décline donc dans les sous-catégories suivantes: travail rémunéré, travail déclaré non rémunéré, travail non déclaré rémunéré ou non et bénévolat. Enfin, l’opportunité de disposer de données sur les sphères de la santé et du mode résidentiel (voir prochaine section) a permis de traiter une troisième catégorie analytique d’information nommée «intégration sociale».

L’objectif général de cette recherche est d’analyser l’horizon informationnel sur la formation et le travail dans le parcours de jeunes adultes non diplômés en situation de précarité. Les objectifs spécifiques sont:

  1. d’identifier les sources d’information sur la formation, le travail et l’intégration sociale mobilisées par de JAND dans leur parcours;

  2. d’identifier les catégories d’information sur la formation, le travail et l’intégration sociale déclarés par de JAND dans leurs parcours;

  3. de comprendre comment ces sources et ces catégories d’information sur la formation et le travail s’insèrent dans le parcours de vie des JAND.

3. Méthodologie

Cette recherche constitue une analyse secondaire de données issues de l’enquête intitulée «Transitions, soutien aux transitions et apprentissage de jeunes adultes non diplômés en situation de précarité» menée par une équipe de chercheurs du Centre d’études et de recherches sur les transitions et l’apprentissage (CÉRTA)[2] (Bourdon et Bélisle, 2008). Débutée en 2006, cette enquête avait pour objectif de «mieux comprendre le rôle joué par les réseaux sociaux et l’apprentissage dans le cadre des transitions auxquelles sont confrontés les jeunes adultes non diplômés» (Ibid., p. 6). Il s’agit d’une recherche longitudinale auprès d’un échantillon initial de 45 JAND recrutés sur une base volontaire: chaque participant ne devait pas avoir son DES au moment de l’enquête, avoir connu ou connaître des situations de précarité (épisode de toxicomanie, itinérance, délinquance, etc.) et recevoir des services dans l’un des trois Carrefour Jeunesse-Emploi (CJE) participant à l’étude (deux en Estrie et un en Montérégie). L’instrumentation se composait d’un guide d’entretien pour connaître les apprentissages réalisés et d’un calendrier des cycles de vie pour documenter les changements (formation, travail, résidentiel) survenus dans la dernière année. Sur une période de cinq années, un corpus totalisant plus d’une centaine d’entrevues semi-dirigées a été collecté. En raison d’une perte de participants au fur et à mesure des vagues et du fait qu’une lecture processuelle de l’insertion professionnelle était souhaitée, seules les trois premières vagues consécutives ont été retenues. Cela représente 22 participants (11 femmes et 11 hommes; moyenne d’âge en vague un: 20,7 ans; le degré de scolarité va de la 6e année de primaire au secondaire 4 non complété).

La stratégie d’analyse fut celle de l’analyse qualitative thématique (Paillé et Mucchielli, 2012) à l’aide de NVivo 10. Une arborescence thématique permet de coder le corpus en fonction de quatre thèmes principaux établis en fonction du cadre d’analyse: sources d’information (relationnelles: intervenants, fratrie, amis, etc.; non relationnelles: institutions, documents papier, numérique); catégories d’information (formation, travail, intégration sociale); milieux et contextes de vie; événements[3]. S’agissant d’une analyse dans une perspective élargie de leurs parcours, analyser les données disponibles sur la santé et le logement (intégration sociale) est susceptible d’avoir une résonance particulière au regard de leur situation de précarité.

Le codage a consisté à identifier dans le corpus les déclarations spontanées renvoyant à l’information sur la formation et le travail dans les deux premiers thèmes (sources et catégories d’information). Il était raisonnable d’envisager qu’à partir du moment où les jeunes adultes déclarent – même et surtout de manière spontanée – des sources d’information sur la formation et le travail, il y avait lieu de considérer qu’ils leur accordaient a priori une certaine légitimité. Ainsi, les déclarations spontanées des sources d’information permettent d’avoir un aperçu de leur horizon informationnel. Ces déclarations ont ensuite fait l’objet d’une comptabilisation pour identifier les sources d’information mobilisées ainsi que les catégories d’information (objectifs 1 et 2). Considérant l’absence de littérature spécifique sur l’objet de recherche, cette stratégie se prête bien à une analyse descriptive.

L’analyse n’a pas consisté à coder de manière isolée chaque occurrence pertinente (ex.: «conseiller d’orientation» ou «la brochure» ou «le cours»), mais à coder le passage dans lequel se trouvait l’occurrence pour pouvoir saisir de la manière la plus précise possible le contexte d’énonciation de la source ou de la catégorie d’information. Cette précaution a permis d’éviter les cas ambigus, notamment pour déterminer la véritable source d’information dans le passage codé. Dans l’exemple de citation d’un JAND ci-dessous, c’est le conseiller d’orientation qui a été codé comme la source d’information: Je cherchais de l’info sur le cours et j’ai fini par la trouver dans une brochure d’Emploi-Québec que m’avait donné l’orienteur au CJE.

Pour l’objectif 3, l’analyse a consisté en une analyse inductive délibératoire (Savoie-Zajc, 2004) dans la mesure où elle était soutenue par un cadre d’analyse. Disposant à cette étape des sources et des catégories d’information sur la formation, le travail et l’intégration sociale, des fiches de synthèse ont été élaborées pour chaque JAND. Ces deux premiers thèmes ont été reliés aux milieux, contextes de vie et événements (trois autres thèmes de l’arborescence) pour reconstruire analytiquement son parcours sous l’angle informationnel. L’intention était ici de réinscrire les sources et les catégories d’information dans les parcours des JAND pour rester en cohérence avec notre architecture épistémologique et théorique: la recherche d’information du jeune adulte est une activité socialement située (horizon informationnel) en vue d’obtenir des informations sur la formation et le travail pour tenter de résoudre une situation (reliée ici à son insertion professionnelle) en fonction du contexte qui est le sien à ce moment-là (parcours de vie).

4. Résultats

4.1 Identification des sources d’information

Dix-neuf sources d’information sur la formation, le travail et l’intégration sociale ont été identifiées dans les déclarations des 22 jeunes adultes. Le tableau 1 répertorie les 19 sources d’information selon qu’elles soient relationnelles (5) ou non relationnelles (14) et les classe par ordre décroissant du nombre de déclarations par source d’information.

Tableau 1

Liste des sources d’information sur la formation, le travail et l’intégration sociale

Liste des sources d’information sur la formation, le travail et l’intégration sociale

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Les sources relationnelles font l’objet du plus grand nombre de déclarations (plus de 60 % du total). Parmi celles-ci, les personnes professionnelles (conseiller d’orientation, psychologue, conseiller en emploi, médecin, travailleur social, etc.) sont les plus déclarées (plus de 58 % du nombre de sources relationnelles). Alors que les sources non relationnelles font l’objet de moins de déclarations (un peu plus de 38 % du total), on compte parmi celles-ci les CJE et les autres organismes communautaires qui forment, ensemble, le tiers des sources non relationnelles déclarées. On soulignera enfin la faible proportion des sources non relationnelles telles que les institutions scolaires (6 %), les services gouvernementaux (6 %) et les institutions de santé (moins de 4 %).

4.2 Identification des catégories d’information

Le tableau 2 présente les déclarations selon qu’elles relèvent de la catégorie d’information sur la formation, sur le travail ou sur l’intégration sociale et chaque catégorie fait l’objet de sous-catégorisations précisées dans le cadre d’analyse.

Tableau 2

Catégorisation des informations sur la formation, le travail et l’intégration sociale

Catégorisation des informations sur la formation, le travail et l’intégration sociale

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L’information sur la formation est la catégorie comportant le plus grand nombre de déclarations: 50 % du total (149 sur 298) et la formation informelle est la sous-catégorie la plus déclarée. Dans la catégorie de l’information sur le travail, la sous-catégorie sur le travail déclaré rémunéré prédomine (83 %). Enfin, la santé représente la proportion la plus importante (79 %) des déclarations d’information sur l’intégration sociale, tout en constatant par ailleurs que cette catégorie ne représente qu’un quart du total des déclarations (24,1 %).

Tableau 3

Catégorisation de l’information en fonction de la source relationnelle

Catégorisation de l’information en fonction de la source relationnelle

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L’information sur la santé constitue la sous-catégorie la plus déclarée (près de 23 %), et ce, pour toutes les sources relationnelles, suivie de près par l’information sur la formation formelle (20 %) et informelle (20 %). Si les professionnels sont la source relationnelle la plus déclarée, ce sont essentiellement dans deux sous-catégories: celle de la formation formelle (et ce, loin devant la famille, seconde et autre seule source déclarée) et de la santé. En outre, les jeunes adultes ne semblent pas privilégier les professionnels concernant la sous-catégorie de l’information sur le travail déclaré rémunéré. Au contraire, la famille et les amis sont des sources sensiblement privilégiées dans la même proportion. Ce constat va dans le sens de la littérature soulignant le rôle prépondérant de l’entourage personnel en matière d’information sur le travail (Bourdon et al., 2012).

Tableau 4

Catégorisation de l’information en fonction de la source non relationnelle

Catégorisation de l’information en fonction de la source non relationnelle

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Aucune source non relationnelle ne se démarque des autres quelle que soit la catégorie d’information. Selon la catégorie, c’est sur l’information sur la formation informelle (28 %) et celle sur le travail déclaré rémunéré (23 %) que ces sources non relationnelles semblent davantage mobilisées. On peut toutefois avancer que les jeunes adultes s’appuient non seulement sur un large spectre de sources non relationnelles, mais ces dernières sont mobilisées pour diverses raisons (formation, travail ou intégration sociale).

Le troisième objectif spécifique de recherche exige une analyse qualitative. En effet, c’est en arrimant les éléments relatifs à l’information aux événements et aux transitions que rapportent les JAND qu’on peut tenter une contextualisation de l’information déclarée et en voir les possibles incidences dans leur parcours.

4.3 Influence des sources et des catégories d’information dans le parcours de vie de jeunes adultes non diplômés

Cette troisième partie de l’analyse ne concerne que le parcours de 18 jeunes adultes sur les 22 de l’échantillon de départ[4]. En cohérence avec l’approche du parcours de vie, l’ensemble des trajectoires sera considéré, le cas échéant. Cette étape a permis de réaliser quatre regroupements qui ne sont pas mutuellement exclusifs: ils se fondent essentiellement sur la relation entre les sources d’information mobilisées, le type d’information recherchée (catégorie) et le parcours de vie du JAND (contexte, milieux et événements) au moment de l’observation qui permet d’avoir un aperçu de son horizon informationnel.

Dans un premier temps, on peut identifier des jeunes adultes qui semblent faire preuve d’autodidactie pour concrétiser un projet de formation ou de travail (n=5). Les exemples suivants illustrent de JAND faisant preuve d’une attitude proactive dans la recherche d’information sur la formation et le travail. Ils semblent par ailleurs mobiliser davantage de sources non institutionnelles.

Quand Daphnée réalise qu’elle veut devenir trapéziste, elle déclare aller souvent sur Internet, louer des films et consulter les manuels d’emploi des accessoires de cirque achetés pour parfaire ses apprentissages et développer de nouvelles techniques. Elle demande à sa professeure où elle peut pratiquer le trapèze en dehors des heures d’ouverture du cirque social et partage ses techniques avec une autre personne étudiante pour continuer à se perfectionner. D’elle-même, elle explore – sur Internet, dans des livres – les programmes de formation disponibles dans les arts du cirque pour en comparer les avantages et inconvénients au regard de son objectif professionnel.

C’est en découvrant une boutique de poterie que William développe un goût pour la poterie. N’ayant pas d’argent pour suivre une formation, il propose alors au propriétaire de la boutique de lui apprendre la poterie en échange de menus services d’entretien: Je devenais son apprenti, et je devais […] nettoyer les lieux, [faire] l’époussetage, et tout ça. Puis qu’en échange, il me transmettait son savoir. […] C’était très très beau, il a commencé à me montrer tout son savoir. William lui demandera des ouvrages sur la poterie pour qu’il puisse continuer à se perfectionner par lui-même. Plus largement, William démontre aussi de l’autonomie dans le cadre d’un retour en formation à l’éducation des adultes en s’achetant des encyclopédies pour approfondir ses connaissances.

Gabrielle parvient à décrocher un emploi dans une halte-garderie en tant qu’aide-éducatrice grâce au CJE. À partir de ce moment, elle s’investit énormément dans son emploi: elle demande à ses collègues de lui montrer comment faire son travail, échange avec une amie – qui travaille avec de jeunes handicapés – les interroge sur leurs pratiques professionnelles respectives, s’informe sur Internet et dans des livres pour approfondir ses connaissances et envisage, de sa propre initiative, de suivre une formation à distance pour se perfectionner.

Quand Laurence évoque son retour en formation, elle indique avoir fait appel à une source institutionnelle pour son inscription (conseiller d’orientation du centre d’éducation aux adultes). C’est toutefois la seule fois où elle sollicite ce type de source: par la suite, elle fait appel soit à des sources non institutionnelles (amis, famille) (demande de l’aide pour les devoirs à sa belle-mère et des conseils d’un ami qui a fait un retour en formation) ou soit s’en inspire (s’établit un emploi du temps pour organiser ses études et être assidue comme les personnes qui travaillent, trouve une motivation en voyant les personnes titulaires d’un DES dans son entourage). Au dernier entretien, elle choisit de poursuivre ses études par correspondance pour pouvoir gérer elle-même son horaire. Plus largement, cette prise en main de son parcours de formation coïncide avec une vie personnelle stabilisée (décohabitation parentale pour vivre en appartement avec son conjoint).

David accepte de remplacer un ami dans son emploi de couvreur et saisit cette opportunité pour acquérir de l’expérience dans le domaine et créer ensuite sa propre entreprise. David bénéficie de plusieurs sources d’information, toutes relationnelles, qui lui permettent de concrétiser ce projet: il y a son premier patron qui lui apprend le métier de couvreur: Il m’a fait tout apprendre. […] au lieu d’être un couvreur qui a touché à la même affaire, qui ne fait rien que se spécialiser dans rien qu’une affaire, [je me suis] spécialisé dans tout. Ses amis sont présents pour lui donner un coup de main dans le démarrage de son entreprise et du coup, lui servent de modèle dans leur manière d’agir et de travailler. Ces informations sur le travail, quoique éparses, semblent avoir été intégrées par David au service de son projet de démarrage d’entreprise.

Pour d’autres jeunes adultes, le rôle ou l’influence de professionnels se révèle particulièrement important sous l’angle informationnel (n=7). Si la présence de professionnels dans le discours des jeunes adultes est attendue, il n’en demeure pas moins que les relations qu’ils développent avec les professionnels gravitant dans leurs parcours sont empreintes de complexité. Ici, formation, travail et intégration sociale s’intriquent de manière complexe et la source d’information institutionnelle sur le travail (personne professionnelle) devient au fil de la relation une source d’information relationnelle.

Au-delà d’une utilité purement technique (ex.: aide à la mise à jour ou à la mise en page du CV, consultation d’offres d’emploi), le CJE semble représenter un lieu de convergence auquel certains jeunes adultes accordent une légitimité importante. C’est le cas de Mathieu qui, bien que nommant plusieurs sources d’information, juge le CJE très important dans sa recherche et le suggérerait à d’autres pour recevoir de l’aide en général et pas seulement pour la formation ou le travail. Jacob mentionne plusieurs fois l’importance qu’il accorde à la manière dont il a été abordé, ou qu’il devrait être abordé, par un professionnel du CJE afin de lui accorder sa confiance et qu’il accepte ensuite d’utiliser ses services. Pour Olivia, un lien de confiance s’est construit avec une professionnelle au point que la relation déborde les besoins reliés à la formation et au travail. Olivia va ainsi systématiquement voir une intervenante du CJE en particulier lorsqu’elle vit des événements personnels difficiles.

D’autres jeunes adultes évoquent des personnes professionnelles dont l’influence s’est surtout fait sentir sur le plan de l’intégration sociale: ceci illustre comment les autres trajectoires peuvent avoir des incidences sur celles de la formation et du travail. Victoria rapporte ainsi que même si elle sait avoir accès à plusieurs professionnels autour d’elle, un contact significatif avec une professeure à l’éducation des adultes fait d’elle une source d’information sur la formation et le travail d’une grande crédibilité. Benjamin mentionne que si son projet de retour en formation l’amène à solliciter l’avis de sources non institutionnelles comme ses amis, il considère déterminant d’avoir eu accès à plusieurs professionnels (un agent d’Emploi-Québec, son formateur et une psychologue pour développer des stratégies de persévérance scolaire et son intervenant au CJE pour cesser sa consommation de drogue). Tristan évoque l’influence positive d’un enseignant à l’éducation des adultes qui, à force de lui faire des renforcements positifs sur ses aptitudes scolaires, l’a amené à prendre davantage confiance en lui. Par exemple: Puis là, [l’enseignant] m’a dit: «Hé! C’est hot, là, tu as une vue spatiale, c’est intéressant, ça. C’est le fun.» Puis là, rien que là, ça m’a changé totalement, là. J’ai pris goût à l’école, puis c’est des affaires de même, là. Nathan souligne l’accompagnement professionnel dont il a bénéficié dans son processus de désintoxication et la gestion de ses tendances suicidaires, étapes nécessaires pour envisager toute possibilité de stabilisation de son parcours professionnel.

Des situations reflètent les interactions étroites entre la biographie des jeunes adultes, les transitions rencontrées et les informations mobilisées (n=3). Même si les regroupements précédents illustrent la dimension situationnelle de l’information (le contexte de vie ou les événements rapportés structurant le type d’information recherché et les sources mobilisées), les exemples suivants illustrent clairement une sorte de conjonction biographique. Devant composer avec un changement important dans leur parcours, ces jeunes adultes mobilisent rapidement des sources d’information ou collectent des informations ciblées qui mettent en perspective le rôle de l’information dans leurs parcours.

À la suite d’une expérience de bénévolat dans un projet radio dans le cadre d’un programme d’aide à l’insertion socioprofessionnelle, Mégane saisit l’opportunité d’un emploi comme travailleuse de rue dans un organisme où elle a déjà été bénéficiaire d’un programme d’aide récemment. Ce changement professionnel revêt une valeur hautement affective, car il lui permet d’investir une profession concrétisant plusieurs intérêts et une partie symbolique de son histoire. Mégane mobilise ici plusieurs sources d’information, essentiellement relationnelles (collègues de travail, amis, colocataires) et se construit un véritable plan de formation (compléter son DES, faire une technique d’intervention en délinquance, chercher un certificat en toxicomanie) pour consolider ses compétences professionnelles. Une question émerge ici: le fait d’avoir été usagère de plusieurs structures en lien étroit avec son emploi peut-il avoir contribué à mobiliser avec autant d’efficacité les sources disponibles? Ce changement important dans son parcours professionnel s’inscrit dans un processus plus large de stabilisation de son parcours (désintoxication, épuration de son réseau social, stabilisation résidentielle).

Zachary effectue un retour aux études dans un programme d’électrotechnique avec le soutien d’une intervenante. Cette source institutionnelle d’information sur la formation formelle devient importante dans sa transition vers la stabilisation de son parcours. Toutefois, sa conjointe et son frère constituent des appuis extrêmement forts, voire des modèles en termes de discipline, de persévérance et de confiance en soi. En ce sens, ces deux personnes significatives illustrent bien l’importance de considérer les autres trajectoires (ici, celles amoureuse et familiale) en tant qu’éléments de l’horizon informationnel ayant une influence importante dans son projet de formation.

Alexia évoque son embauche comme téléphoniste dans un centre d’appels par l’entremise de sa mère qui y travaille. Cependant, cet emploi et la manière dont Alexia l’aborde ne peuvent être compris qu’à l’aune d’une maladie incurable diagnostiquée récemment. Cette maladie menace son maintien en emploi, car elle arrive difficilement à atteindre ses objectifs de performance. Elle sollicite alors ses collègues de travail et sa mère pour l’aider à maintenir sa motivation et développer des stratégies d’adaptation où s’enchevêtrent informations sur le travail et sur l’intégration sociale. Parallèlement, bien que faisant tout pour ne pas perdre un emploi l’aidant à stabiliser son parcours, elle se résigne à chercher de l’information pour un possible retour en formation si elle devait finalement le perdre. Cet emploi cristallise deux aspects opposés de son parcours à ce moment. D’un côté, il couronne d’énormes efforts de stabilisation (sortie de dépression, vie amoureuse épanouie, homosexualité assumée) lui permettant de savourer – surtout financièrement – une autonomie nouvelle. De l’autre côté, l’emploi met en exergue la fragilité de cette autonomie durement acquise: la maladie, telle une épée de Damoclès, maintient son parcours dans une précarité latente.

Il y a également de jeunes adultes dont le projet de formation ou d’emploi se révèle sensible à certaines personnes composant leur entourage (n=2). Ici, la trajectoire de formation ou du travail connaît des changements, parfois drastiques, qu’il est possible d’attribuer en partie au rôle de certaines personnes ou à des modifications dans leur réseau social qui agissent comme autant de sources d’information venant influencer l’insertion professionnelle du JAND.

Anaïs exprime clairement un projet de suivre une formation en massothérapie. Ce projet est ensuite remis en question en raison d’un nouveau conjoint qui travaille en agriculture: En ce moment, il y a deux affaires que j’aimerais bien faire, là. Soit ferme laitière ou massothérapie. J’hésite. Elle travaille avec lui sur une ferme et projette d’y travailler à temps plein. Finalement, séparée de son conjoint, le projet de massothérapie refait surface en force: J’suis vraiment plus autonome parce que vu que j’veux avoir une bonne pousse pour la massothérapie. Faque j’aimerais vraiment ça finir ça au plus vite. […] Dans l’fond, j’aimerais ça commencer la massothérapie au mois d’septembre.

L’exemple de Charles illustre également cette sensibilité du parcours d’emploi aux personnes qui croisent son chemin. Son désir de devenir éducateur spécialisé s’accroît avec la rencontre d’une femme qui étudie dans le domaine: J’ai tout le temps voulu être éducateur spécialisé, puis là je rencontre une fille qui est là-dedans. Fait que ça me pousse encore plus à y aller, là. Dans un autre entretien, il veut suivre une formation pour devenir serveur mais une personne remet en question ce projet, car elle juge qu’il n’a pas besoin de formation pour travailler comme serveur.

Un dernier exemple n’a été intégré dans aucun des regroupements précédents: en effet, le jeune adulte fait preuve d’une certaine autodidactie, mais son exemple illustre l’importance des sources d’information relationnelles, en particulier dans son horizon informationnel, démontrant une certaine incidence en termes de persévérance dans son projet de retour en formation. Ainsi, Alexis évoque son retour en formation à l’éducation aux adultes pour obtenir son DES et poursuivre ensuite en génie civil. Alors que son oncle est jugé comme étant une source crédible d’information sur la formation en génie civil (puisque ce dernier travaille dans ce secteur), Alexis choisit de vérifier et d’approfondir ces mêmes informations à l’aide d’Internet (perspectives d’emploi, conditions de travail, etc.). Le même oncle réussit à lui obtenir un emploi dans un commerce de bureautique et constitue ainsi une référence importante en matière de travail. Par ailleurs, Alexis mobilise plusieurs sources d’information relationnelles dans son entourage lui permettant de maintenir sa persévérance scolaire (dépannage résidentiel et financier de ses grands-parents qui lui rappellent régulièrement que le DES facilitera son insertion professionnelle, sa mère le conduit à l’école, sa copine et son colocataire l’aident à faire ses devoirs).

5. Discussion

Les sources d’information déclarées (relationnelles et non relationnelles) se caractérisent par leur grande diversité entre les catégories (pour les sources relationnelles par exemple: professionnel, amis, famille, etc.). Une certaine prédilection pour la dimension relationnelle fait écho aux conclusions de Delesalle (2006) quand elle souligne que les jeunes adultes apprécient la qualité de l’écoute, l’importance de l’accueil ou l’esprit d’ouverture dans l’interaction. On peut prudemment illustrer ce constat avec le domaine de la santé: si les institutions de santé figurent parmi les sources non relationnelles les moins citées, la sous-catégorie de l’information sur la santé est toutefois celle la plus demandée chez les personnes professionnelles en tant que source relationnelle. En cela, prendre davantage en considération le réseau social des jeunes adultes et en particulier l’influence des personnes significatives est primordial à la lumière des résultats, comme Molgat (2007) l’a montré notamment pour les parents. Il s’agit là d’une avenue qui permettrait non seulement de mieux comprendre comment les JAND choisissent leurs sources d’information, mais également la manière dont ils mobilisent l’information recueillie. De fait, cela permettrait de mieux appréhender l’horizon informationnel des jeunes adultes et d’avoir un aperçu de leur rationnel (quelles informations je considère pertinentes?) et de leurs pratiques informationnelles (comment je fais et à qui je m’adresse pour en obtenir?). À l’inverse, les sources relationnelles institutionnelles (Commission de la santé et de la sécurité du travail, Loi sur les normes du travail, CJE, Emploi-Québec, etc.) semblent peu avoir la faveur des jeunes adultes. Cela va dans le sens d’une tendance à privilégier un nombre limité de sources d’information et plus particulièrement celles avec lesquelles les JAND sont les plus familiers et qui leur sont les plus accessibles (Savolainen et Kari, 2004). Le concept d’horizon informationnel s’est révélé un apport fécond, car les résultats semblent pointer que pour les JAND, la pertinence d’une source d’information ne se mesure pas tant à sa légitimité «objective» (personnes professionnelles, dispositifs officiels d’insertion) qu’à la crédibilité subjective accordée. Autrement dit, on peut se demander si augmenter la quantité d’information sur la formation et le travail ou améliorer leur accessibilité constitue une avenue efficace tant et aussi longtemps que les JAND ne voient pas la pertinence de les intégrer dans leur horizon informationnel.

Adopter un regard élargi en considérant l’ensemble des sphères de vie des jeunes adultes montre que l’intelligibilité des besoins informationnels des jeunes adultes s’ancre également – voire même surtout – dans les autres trajectoires que celles de la formation et du travail. Un constat qui va dans le sens de Curie (2002) et qui justifie la pertinence d’une approche par le parcours de vie. Cela suggère également de poursuivre les efforts de maillage/complémentarité entre les dispositifs dédiés à cette population pour mieux soutenir ses efforts d’insertion professionnelle. Ces efforts de maillage pourraient également constituer une réponse potentielle au défi de la continuité informationnelle auprès de cette population, dont la mobilité à divers niveaux (spatiale, temporelle, résidentielle) est bien documentée (Deschenaux, 2007). En particulier, les exemples du quatrième regroupement pointent vers le développement de dispositifs informationnels plus souples, dynamiques et de proximité.

Quant aux personnes professionnelles, il n’est pas rare d’observer des situations où elles sont sollicitées pour des besoins débordant largement leur mandat institutionnel. Ainsi, le conseil, le soutien ou tout simplement la façon d’être de l’intervenant inspire le jeune adulte dans sa persévérance aux études, dans sa recherche d’emploi ou dans sa façon de gérer une situation personnelle difficile. De plus, le fait que l’information sur la santé représente la grande majorité des déclarations d’information sur l’intégration sociale couplé à la diversité des professionnels de la santé gravitant autour des jeunes adultes (psychologue, médecin généraliste, psychiatre, personnel infirmier) ne peut être passé sous silence. Si cet article se concentre essentiellement sur l’information sur la formation et le travail, cette analyse doit souvent se lire à la lumière des situations de précarité que vivent ces JAND, notamment au chapitre de la santé mentale. Le rôle de ces professionnels de la santé dans le parcours d’insertion professionnelle de ces jeunes adultes en situation de précarité mériterait de plus amples analyses.

Enfin, si la conceptualisation retenue de l’information s’est révélée appropriée – car elle associe étroitement le type d’information recherchée en fonction de la situation que vit la personne à un moment donné – les résultats ne semblent pas justifier la ventilation aussi fine proposée dans les catégories d’information. En effet, sans être inexistantes, les déclarations sur la formation informelle ou le travail non déclaré rémunéré ou non demeurent proportionnellement très faibles comparativement à celles concernant la formation formelle et le travail déclaré rémunéré.

6. Conclusion

Bien que les résultats offrent d’intéressantes avenues de réflexion, plusieurs raisons invitent à les considérer avec prudence. D’abord, rappelons qu’il s’agit d’une analyse secondaire de données basée uniquement sur des déclarations spontanées et non provoquées. À titre d’exemple, l’analyse ne met pas en évidence le rôle des technologies de l’information et des communications parmi les sources d’information, surtout chez de jeunes adultes considérés comme ayant grandi dans un environnement numérique (Thomas, 2011). Or, aucune question dans le guide d’entretien ne portait sur ce point. Par ailleurs, l’un des critères d’inclusion de l’échantillon était la participation à un programme d’un CJE: il n’est donc pas surprenant que les personnes professionnelles, en tant que sources d’information, soient aussi présentes dans le discours des JAND. Enfin, la taille restreinte de l’échantillon exige d’interpréter les résultats avec toute la prudence requise.

Cependant, cette recherche constitue un jalon intéressant sur le plan scientifique de par l’applicabilité exploratoire d’appuis conceptuels issus des sciences de l’information au champ de l’orientation professionnelle et permet d’alimenter le débat épistémologique et théorique entourant la notion d’information. Par ailleurs, cela permet de disposer de premiers résultats avec cette population. Au regard de tous ces constats, des recherches ultérieures pourraient ainsi s’attarder explicitement aux pratiques de recherche d’information sur la formation et le travail auprès de cette population.