Corps de l’article

Poussé par un discours sur une utilisation performante des deniers publics, le monde scolaire est soumis à des politiques de régulation et de reddition de comptes. Sous la direction de Maroy, différents auteurs décortiquent ces politiques pour des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et montrent l’influence des entrepreneurs philanthropes et l’utilisation grandissante d’outils permettant de comparer les systèmes scolaires (Programme international pour le suivi des acquis des élèves-PISA, Trends in international mathematics and science study-TIMSS, etc.).

En 2011, Ravitch publiait un livre important sur les impacts du testing à grande échelle introduit aux États-Unis depuis les années 1980. Elle y décrivait les motivations et les conséquences que peut avoir cet outil pour réguler les performances des écoles lorsqu’il est suivi de sanctions importantes (par exemple : des impacts sur le salaire des enseignants ou la fermeture d’écoles).

L’ouvrage recensé ici ne traite pas directement de ces questions. Il propose un portrait de différentes juridictions qui ont intégré des éléments de régulation par les résultats sous diverses politiques. Il en ressort avec clarté que, malgré des contextes et des systèmes scolaires différents, le discours traditionnellement associé à l’entreprise a été adapté au monde scolaire. L’école est passée à un paradigme dérivé des approches de la Nouvelle gestion publique et elle est devenue une productrice de connaissances. Ainsi, les entrepreneurs et les économistes ont remplacé les sociologues et les pédagogues comme piliers des changements dans les systèmes scolaires.

L’ouvrage est divisé en trois parties distinctes. La première traite du contexte et des effets des politiques de régulation par les résultats, incluant l’utilisation d’instruments basés sur les connaissances (comme les évaluations externes, les classements et les indicateurs). Les textes de la seconde partie décrivent diverses situations concernant l’établissement et le suivi de politiques de gestion de la performance en éducation. Les cas d’Israël, de la Hongrie, du Québec et de la Belgique sont présentés tour à tour. Les politiques décrites incluent souvent des évaluations externes, mais sont surtout normatives et réflexives. Finalement, la troisième partie traite de l’acceptation et des usages des politiques par différents acteurs, dont les directeurs et les enseignants.

Brassard et ses collaborateurs soulignent que les tâches nouvelles associées à la gestion axée sur les résultats dans les commissions scolaires québécoises ont obligé celles-ci à investir dans du nouveau personnel, ce qui a mené à des coûts supplémentaires plutôt qu’à une réduction des dépenses.

Il est dommage que chaque contexte présenté utilise une méthodologie et une approche différentes. Le lecteur peut donc difficilement comparer les éléments tantôt centraux dans certains chapitres, tantôt absents dans d’autres. Par exemple, la question de la création d’épreuves locales est bien décrite pour le contexte belge francophone, mais est absente pour le contexte hongrois et québécois.

L’ouvrage réussit à montrer que l’enjeu de la performance dépasse grandement l’utilisation du testing et affecte les fondements mêmes de l’école, entrant en contradiction avec les missions traditionnelles de celle-ci.