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Cette récente publication rend compte des travaux réalisés, depuis quelques années, par le tandem Falardeau/Simard sur la culture dans la classe de français. Dans le premier chapitre, les auteurs s’attardent à diverses considérations théoriques et méthodologiques associées aux notions de culture, de rapport à, de rapport au savoir, etc., tout en délimitant le champ méthodologique utilisé. Dès 2004, les auteurs ont recruté vingt-quatre enseignants. Les auteurs précisent que cet échantillon est non représentatif de la population des enseignants de français québécois, puisque l’objectif de recherche n’était pas de dresser un portrait statistiquement fidèle du rapport à la culture des enseignants de français québécois, mais plutôt de comprendre comment se vit ce rapport dans la vie des enseignants et dans leur profession (p. 31). Pour les fins de la recherche, les auteurs ont retenu six aspects sur lesquels interroger les enseignants : leur parcours culturel, les lectures littéraires qui les ont marqués, la perception qu’ont les élèves de leur classe de français, l’intégration de la culture dans leurs pratiques d’enseignement, la contribution de la discipline du français à la formation culturelle des élèves et les facteurs qui facilitent ou entravent l’intégration de leur propre culture dans leur enseignement (p. 32). Parmi les vingt-quatre enseignants, dix-huit ont été sélectionnés pour les entretiens et finalement, huit cas ont fait l’objet de portraits présentés dans les chapitres suivants, soit cinq hommes et trois femmes aux expériences variées. Le portrait de chacun d’eux est précédé d’une présentation générale du sujet observé et reçu en entretien.

Cette immense fresque présente les croyances de ces médiateurs culturels, montre comment ces hommes et ces femmes conçoivent l’enseignement de la langue et de la littérature dans les pratiques culturelles de leur classe, et le rôle que ces personnes jouent en tant que passeurs, culturels auprès des jeunes. Les expertises des uns et des autres varient considérablement, selon leurs origines, leur expérience professionnelle et personnelle et le milieu dans lequel ils interviennent. De ces entretiens filmés et enregistrés, l’amour pour la lecture, pour l’écriture et pour la transmission des objets culturels ressort chez les enseignants. Sont soulignées les nombreuses résistances auxquelles ils ont à faire face au quotidien, tant de la part de leurs élèves que de leurs pairs ou du milieu social qui les entoure, sans pour autant que soient négligés les moyens mis en oeuvre pour les séduire.

Ce panorama diversifié montre avec finesse et nuances combien les pratiques varient considérablement d’un lieu à un autre et teintent les interventions didactiques des uns et des autres. Indéniablement, les résultats de cette recherche contribuent à caractériser l’engagement de ces passeurs de culture. L’immense travail de recherche échelonné sur de nombreuses années mériterait d’être poursuivi auprès des enseignants du primaire, également, considérés comme des passeurs culturels selon le Programme de formation de l’école québécoise. Un tel travail d’investigation aurait le mérite de mieux cerner ce qui se fait et ce qui mériterait d’être fait dans la perspective culturelle préconisée par le Ministère.