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Gendron et Lafortune, respectivement professeures à l’Université de Montpellier en France et à l’Université du Québec à Trois-Rivières, proposent dans la collection Éducation-Intervention des Presses de l’Université du Québec un ouvrage collectif qui regroupe huit contributions signées par neuf auteurs de Belgique, de France, de Suisse et du Québec. Les textes visent à cerner ce que sont les compétences émotionnelles, essentielles pour l’exercice d’un leadership éthique orienté vers la socialisation démocratique de l’école. Les compétences émotionnelles se déclinent autour de quatre concepts : conscience de soi, maîtrise de soi, conscience sociale et gestion des relations, soit la capacité d’inspirer et d’influencer les autres (Goleman et Cherniss, 2001). L’ensemble des compétences émotionnelles constitue le capital émotionnel (Gendron, 2004).

L’ouvrage est divisé en quatre parties. La première compte deux textes qui campent les concepts et fournissent des pistes réflexives sur l’accompagnement au changement. Entre autres, Gendron s’intéresse à l’enseignant dont le profil est passé de la figure du maître à celle du leader doté de compétences émotionnelles. La seconde partie propose deux cas d’accompagnement du changement. Lafortune témoigne d’un accompagnement socioconstructiviste dans la mise en oeuvre d’un changement, ce qui impose l’exercice d’un leadership d’accompagnement. Elle propose ensuite, avec des collègues, la narration d’une expérience de prise en compte de la dimension affective dans l’accompagnement d’un changement prescrit. La troisième partie de l’ouvrage présente des résultats de recherche sur l’accompagnement face à la violence, proposés par des auteurs suisses et français. La quatrième partie s’intéresse à l’impact des compétences émotionnelles des enseignants en ce qui a trait à leur vécu et à leur mode d’enseignement. Un chapitre concerne l’accompagnement des enseignants en situation d’insertion professionnelle : au Québec, peu de place est accordée aux aspects psychologiques dans les programmes de formation des maîtres. Dans le dernier chapitre, l’auteure rend compte des compétences émotionnelles dans les modes d’enseignement : le concept qu’elle développe, l’embrayage affectif, se traduit par la capacité de brancher affectivement les élèves avec les apprentissages.

L’ouvrage possède plusieurs qualités. Malgré qu’il s’agisse d’un collage de textes, l’unité est bien rendue sur le plan de la forme par un travail soigné d’édition et par une même approche en ce qui a trait au découpage des textes. Sur le plan du contenu, le vecteur, celui des compétences émotionnelles, traverse tous les textes. La participation d’auteurs francophones de plusieurs pays contribue au caractère international de l’ouvrage. Le livre intéressera les acteurs de l’éducation qui accompagnent le changement, ce qui suppose de mobiliser leurs compétences émotionnelles. Cependant, l’absence d’une conclusion générale surprend. Il aurait été intéressant de poursuivre l’exercice d’intégration à travers un texte conclusif concis, qui aurait mis en contexte les contributions des auteurs et évoqué les développements possibles pour la recherche sur les compétences émotionnelles et le leadership d’accompagnement.