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Depuis les années 1980, les ouvrages scientifiques consacrés aux changements climatiques ont déferlé sur le marché du livre. Celui de Jean-Claude Flageollet, intitulé Le réchauffement climatique en Europe. Depuis quand ? Pourquoi ? se distingue des précédents de deux façons : il se limite, sur le plan géographique, à l’Europe et son analyse se concentre sur les changements climatiques déjà observés. En fait, l’objectif de cet ouvrage est d’examiner avec attention ce qui s’est passé en Europe en matière de réchauffement climatique au cours des trois derniers siècles.

Dans son tout premier chapitre, Jean-Claude Flageollet, amorce son analyse en utilisant les séries de données de températures les plus fiables et les plus longues possible. À cette fin, il concentre son analyse sur les données de températures atmosphériques provenant d’une dizaine de stations européennes et laisse de côté les températures reconstruites à partir de mesures indirectes (par exemple les cernes de croissances des arbres). Il s’attarde à l’analyse des données de températures moyennes à l’échelle annuelle, mais aussi à l’échelle saisonnière, mensuelle et journalière. Rarement, un auteur aura présenté une étude aussi exhaustive des séries de données de température. Chaque graphique ou tableau est décortiqué, analysé avec un souci presque excessif du détail. Cette attention permet une discussion basée sur des arguments scientifiques solides évitant ainsi tout dérapage vers un discours empreint de polémique, glissement si souvent réalisé dans les ouvrages portant sur les changements climatiques.

Dans les chapitres suivants, l’auteur se concentre sur les agents du réchauffement. Il scrute avec détails les différents forçages climatiques qui pourraient expliquer l’évolution récente du climat en les confrontant aux courbes de température présentées dans le chapitre précédent. Il passe en revue les variations enregistrées au niveau de l’énergie solaire (taches et irradiance), du géomagnétisme, des concentrations de gaz à effet de serre et des aérosols d’origine volcaniques et anthropiques. Il termine en insistant sur l’importance et le rôle joué par l’oscillation nord-atlantique dans l’évolution du climat en Europe.

Le dernier chapitre offre certainement les résultats les plus intéressants. L’auteur y présente un bilan des causes de l’évolution des températures moyennes annuelles en Europe depuis les trois derniers siècles. Il procède au découpage de la période s’étalant de 1706 à 2008 et énonce pour chacune des périodes les causes du réchauffement ou du refroidissement observé.

L’auteur vise un public élargi, mais le niveau d’analyse en profondeur peut parfois en décourager quelques-uns. Cet ouvrage est exemplaire sur le plan de la rigueur scientifique. Nul doute que l’auteur n’a pas voulu verser dans le sensationnaliste, mais a plutôt cherché en toute objectivité à comprendre l’ampleur et les causes de l’évolution du climat européen. Finalement, l’auteur répond à la gourmandise des spécialistes du domaine en offrant une abondante bibliographie.

À quand ce même genre d’ouvrage pour le continent américain ? L’appel est lancé !