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Les relations et interactions entre le tourisme et la culture ont souvent été appréhendées sous l’angle des effets que le premier peut avoir sur la seconde. Cette approche a dominé les études touristiques et les a imprégnées d’une vision dichotomique opposant les visiteurs aux visités, les regardants aux regardés (Urry 1990) et, pour ainsi dire, les touristes aux populations hôtes. Les chercheurs qui ont alimenté ce courant de pensée, se sont intéressés pour la plupart aux touristes, dans la mesure où ils ont essayé de comprendre le tourisme en tant que phénomène de la modernité, propre avant tout aux sociétés occidentales et symptomatique d’une quête de l’authenticité auprès des sociétés non-modernisées (MacCannell 1976, 2001).

À cet effet, les sociétés hôtes n’ont suscité l’intérêt de telles recherches que du point de vue des retombées bénéfiques ou néfastes engendrées par l’industrie touristique. Dans les deux cas, elles ont été présentées comme des sociétés subissant passivement les bienfaits ou les méfaits d’un acteur exogène considéré, surtout sur le plan culturel, destructeur et dévastateur.

Dès lors, nous proposons dans ce recueil d’aller au-delà de cette relation d’opposition binaire entre le tourisme et la culture, en abordant le rôle actif des sociétés d’accueil dans le remodelage de cette relation, voire dans sa redéfinition. Pour ce faire, nous interrogeons les politiques et les stratégies selon lesquelles ces sociétés acquièrent une culture touristique. Il s’agit d’envisager leur volonté d’entreprendre qui résulte de leur ouverture au tourisme et leurs manières de le gérer, pour ne pas dire de le digérer, en l’adaptant aux réalités locales. Nous verrons à travers les articles réunis dans ce numéro thématique que cette dynamique prend appui sur des processus de mise en tourisme de la culture et du patrimoine, mais aussi de mise en patrimoine du tourisme, d’où l’intérêt partagé par les uns et les autres à soulever des questions liées au tourisme culturel et au tourisme patrimonial.

Pour esquisser ces questions, nous proposons un survol des études touristiques à la lumière des principales réflexions qui ont porté sur la culture touristique, le tourisme culturel et le tourisme patrimonial.

Culture touristique et touristicité du monde

En paraphrasant Hollinshead (1998), nous pouvons définir le tourisme comme un domaine de marchandisation de la différence et d’interprétation de l’altérité. L’une et l’autre sont consubstantielles de ce qu’on peut appeler une touristicité du monde. Il faut comprendre, par ce néologisme, non seulement les traits et les éléments qui soulignent clairement le caractère touristique d’un objet ou d’une destination, mais aussi les pratiques, les politiques et les stratégies de se promouvoir, de se présenter et de se représenter qui, plus subtilement, structurent et conditionnent une destination au fur et à mesure qu’elle se laisse volontairement envahir par les flux touristiques. Ce faisant, celle-ci acquiert une culture d’auto-esthétisation, pour ne pas dire d’auto-touristification, à la lumière de laquelle elle se magnifie, se maquille, dit sa beauté, affiche ses spécificités et fait profiter le monde de son hospitalité.

Cette culture touristique comprend les expériences, les réflexes, les manières de faire, de se dé-faire et de se re-faire (Hollinshead 2004) que les sociétés d’accueil développent à force d’interagir avec les touristes et de s’exposer au regard de l’autre. Par le fait même, elle reflète les impacts, effets et dynamiques du tourisme en tant que phénomène culturel structuré et structurant. Autant dire que le tourisme constitue un système qui, d’une part, s’organise en fonction d’autres systèmes politiques, économiques et sociaux et qui, d’autre part, organise et met en ordre le monde en interagissant avec ces systèmes (Franklin 2004).

À cet égard, la culture touristique pourrait être appréhendée sous trois déclinaisons. D’abord, en tant que processus de changement et de transformation vécu et assumé par une région territoriale dès lors qu’elle accepte de se convertir en lieu de visite et en objet d’attraction. Ensuite, en tant que miroir à travers lequel s’exprime le statut de cette région comme entité autonome dotée d’un agir propre qui lui permet de se distinguer par rapport à d’autres régions. Enfin, en tant que posture d’ouverture à l’autre et comme manière de voir, de comprendre et de vivre le monde. Sur ce dernier point, il convient de préciser que la culture touristique s’inscrit pleinement dans la durée. Progressivement, le tourisme qu’elle cultive se mue en « forme de vie » (Hepburn 2002) partagée au quotidien par les individus qui adhèrent à cette culture, que ce soit du côté des touristes ou de celui des populations hôtes.

Envisagée sous cet angle, la culture touristique a intéressé les chercheurs qui ont étudié le tourisme en partant d’un point de vue local plutôt que global, c’est-à-dire en mettant plus particulièrement l’accent sur le rôle actif des sociétés d’accueil dans la redéfinition de leur identité culturelle à l’épreuve de la rencontre touristique. Nous nous intéressons ici brièvement à deux auteurs, Michel Picard (1992) et Can-Seng Ooi (2002), qui se sont penchés de près sur ce sujet en publiant respectivement en français et en anglais deux livres portant presque le même titre : Bali :Tourisme culturel et culture touristique et Cultural Tourism and Tourism Cultures.

Le premier traite des représentations que les Balinais se font de leur culture lorsqu’ils évoquent le tourisme. Ce faisant, il montre que les habitants de cette île indonésienne sont passés progressivement d’une étape durant laquelle ils considéraient leur culture comme étant corrompue, polluée et dégradée à cause de son ouverture au tourisme à une autre où ils la comparaient fièrement à « un capital qu’ils se doivent de faire fructifier » (Picard 1992 : 196) afin d’en tirer le meilleur profit en l’articulant avec le tourisme. En d’autres termes, ils sont passés d’une phase où ils percevaient leur culture en opposition avec le tourisme à une autre où elle lui est devenue intimement liée.

Selon l’auteur, ce changement s’est effectué grâce à une évolution du sens de la notion de « culture touristique » telle qu’interprétée par les Balinais. Faisant l’objet d’une « réhabilitation tacite » (ibid. : 183), celle-ci n’est plus associée au mal autrefois incarné par le tourisme, mais elle est plutôt assimilée à « un état d’esprit approprié au tourisme et qualifie désormais une culture qui a su s’adapter aux touristes et à leurs exigences » (ibid. : 183). Au vu de cette approche balinaise, la culture doit profiter au tourisme. De même, le tourisme doit assurer une renaissance renouvelée de la culture en renforçant sa vivacité et son dynamisme par les défis qu’il lui impose. Ainsi peut-on paraphraser Michel Picard pour dire qu’en devenant culturel le tourisme prépare le terrain pour la culture afin qu’elle devienne à son tour touristique; non seulement en épousant le tourisme, mais surtout en l’adaptant aux réalités locales.

Le second livre repose sur une étude comparative articulée autour du rôle des guides touristiques locaux dans la médiation du tourisme culturel à Copenhague et à Singapour. L’auteur appréhende ainsi le tourisme dans une optique globale à partir de deux réalités locales distinctes. Il inscrit sa réflexion dans une perspective dialogique, prenant appui sur la tension qui résulte de l’interaction entre les deux processus de décentrement et de recentrement de la culture dans un contexte touristique.

Can-Seng Ooi postule que la culture ne peut être saisie comme système complexe en dehors du contexte historique et social dans lequel elle évolue. Elle est composée d’objets culturels combinant des aspects tangibles et intangibles. De plus, elle repose sur une authenticité propre qui fait son aura et lui confère un pouvoir magnétique attirant le regard de l’autre. Toutefois, ce regard a tendance à ignorer les dimensions immatérielles des objets et des lieux visités. Il se limite en effet à leurs formes matérielles, lesquelles sont souvent accentuées et embellies conformément aux standards touristiques, ce qui produit un décentrement de la culture. Il s’agit d’un processus qui sous-tend la mise en tourisme de celle-ci, plus précisément sa mise en scène par sa re-présentation (Ooi 2002 : 22) sous forme de produits culturels symboliquement emballés et destinés à la consommation touristique.

À cet effet, le décentrement de la culture est continuellement accompagné de son recentrement. En d’autres termes, les deux processus sont imbriqués l’un dans l’autre et fonctionnent en mode dialogique. En ce sens, le recentrement consiste en la « ré-introduction » (ibid. : 24) de l’aura et des éléments culturels intangibles dans les produits du tourisme culturel. Il repose sur le triple principe de sélection, d’accentuation et d’esthétisation (ibid. : 25) de ces éléments afin de les rendre accessibles aux touristes. Selon l’auteur, cela constitue en grande partie l’essence du travail des médiateurs culturels qui, pour combler le fossé entre le local et le global, doivent maîtriser les procédés techniques, scientifiques et professionnels qui leur permettent de rapprocher les touristes du sens profond de la culture et non seulement de ses significations superficielles.

Du tourisme culturel au tourisme patrimonial

Cette lecture rapide des deux livres permet d’avancer deux idées principales qui marquent de nos jours les études touristiques et qui seront développées dans presque tous les articles de ce numéro. La première envisage la culture touristique en tant que dynamique locale d’adaptation et d’appropriation d’un phénomène global, en l’occurrence le tourisme; dynamique qui est par le fait même constitutive de la relation avec l’autre et du regard porté sur soi et sur le monde. Autant dire que la culture touristique devient de plus en plus déterminante dans la production des images que les sociétés hôtes entretiennent et projettent tant par le discours promotionnel qui s’adresse aux touristes qu’à travers les récits mémoriels renvoyant au passé et à soi-même (Saidi 2008).

Comme il sera expliqué plus loin dans ce texte et dans les articles suivants, c’est un constat qui vaut pour les destinations touristiques qui cherchent à rayonner par leur patrimoine culturel. Ces destinations mettent ainsi en évidence des attraits patrimoniaux susceptibles de servir, d’une part, de marqueurs touristiques et d’outils de démarcation à l’échelle internationale et, d’autre part, d’emblèmes de fierté et de moyens d’intégration et de cohésion au sein des communautés locales.

La deuxième idée concerne le double statut du tourisme culturel, considéré d’abord comme un domaine d’activités multiformes qui incarnent la culture du tourisme en reflétant ses défis et ses enjeux locaux et globaux; ensuite en tant que produit culturel qui prend naissance dans le sol historique d’où il est issu. Il traduit et condense les expériences et les savoir-faire de ses dépositaires, les compétences et les expertises de ses médiateurs et de ses artisans, sans être uniquement soumis aux visions prédéfinies et standardisées de ses consommateurs potentiels, à savoir les touristes. Rappelons à ce propos que le tourisme culturel a été le plus souvent étudié sous l’angle des attentes, des motivations et des perceptions de ces derniers (Stylianou-Lambert 2011) qui fréquentent exclusivement ou partiellement les monuments historiques, les sites patrimoniaux et les activités culturelles.

Il s’agit d’une approche qui s’est développée dans la foulée des études louant le profil d’un touriste intelligent, équitable, solidaire avec les sociétés d’accueil, pour ainsi dire différent de celui qui faisait le prototype du touriste de masse. Elle trouve ses origines, entre autres, dans le discours prescrit par les organisations internationales non gouvernementales. Pensons notamment à l’UNESCO et aux organismes comme l’ICOMOS, l’ICOM, l’ICCROM, dont le regard des experts a souvent orienté celui des touristes, voire des populations locales (Smith 2006). Dans plusieurs pays du monde, ces regards ont présidé aux politiques de conservation et de préservation des ressources culturelles dans une perspective d’exploitation touristique. Le tourisme culturel était ainsi investi en termes d’objets authentiques à contempler par les touristes ou sous forme de lieux objectivant un passé révolu.

Patrimonialisation et touristification

Un facteur majeur a ajouté à cette vision exotique du tourisme et de la culture une autre perspective plus endotique. Celle-ci émane d’une implication plus engagée des communautés locales dans la mise en valeur de leur culture par l’intérêt qu’elles portent au patrimoine. Ce facteur a consisté en la patrimonialisation, un processus de reconnaissance du passé suivant des modes d’exploitation sociaux et politiques du patrimoine. L’objectif primordial de cette démarche est d’assurer la cohésion entre les membres d’un groupe réclamant l’appartenance à un temps fondateur commun ainsi que l’adhésion à des idéaux collectifs, qu’ils soient nationaux, ethniques ou religieux. Sur le plan touristique, la patrimonialisation est envisagée, d’une part, en tant que modèle de conversion des ressources culturelles locales en produits globalisés (Inglis et Holmes 2003), et, d’autre part, comme champ de bataille d’un nationalisme qui se veut ouvert à l’autre dans un contexte de globalisation (Poria et Asworth 2009).

Ce double processus de nationalisation et de touristification prenant appui sur le patrimoine a favorisé le développement du tourisme patrimonial comme champ d’activités alternatif au tourisme culturel. Non seulement parce qu’il se situe en amont et en aval de toute politique du patrimoine, mais aussi parce qu’il permet aux sociétés hôtes de porter un regard intérieur et extérieur sur leur culture. Il les pousse en fait à se redéfinir en se positionnant continuellement au confluent de l’imaginaire national qu’elles véhiculent et de l’imaginaire touristique dont elles font l’objet.

À cet effet, les articles réunis dans ce recueil appréhendent le tourisme patrimonial en mettant un double accent sur le regard, les attentes et les motivations touristiques, de même que sur les pratiques, les politiques et les stratégies des acteurs locaux du tourisme et du patrimoine. Dès lors, l’objectif commun de ces textes sera d’étudier comment le tourisme entraîne les sociétés d’accueil à revisiter leurs cultures respectives de l’intérieur, et non seulement de l’extérieur. D’où l’intérêt pour les uns et les autres de traiter des processus de touristification et de patrimonialisation relatifs à certaines régions du monde où des sociétés hôtes doivent faire face à ce défi.

Dans cette optique, Julie M.-A. LeBlanc et Vivianne LeBlanc portent un regard croisé sur trois sites touristiques situés dans trois continents différents, à savoir le Masaï Mara au Kenya en Afrique, l’Uluru-Kata Tjuta en Australie et le parc national des Monts-Torngat au Canada. Elles examinent les politiques culturelles et touristiques propres à chacune de ces régions en analysant plus particulièrement les programmes de gestion des ressources culturelles visant à soutenir les démarches communes de nationalisation et de touristification du patrimoine. Dans une pareille perspective comparative, Muriel Girard traite des aspects saillants de la culture touristique dans les villes de Fès et d’Istanbul. Elle prend pour objet de recherche les pratiques et les discours des guides en étudiant la culture touristique « comme clé de lecture pour saisir certaines ambivalences identitaires auxquelles le tourisme donne lieu ou qu’il met au jour ».

À partir d’une recherche semblable, interrogeant le travail des acteurs locaux du tourisme, Sylvie Sagnes se penche sur la popularité d’une guide dont le nom, Colette, devient associé à celui de l’église, la Rotonde, qu’elle présente. En portant une attention particulière à ce personnage stratégique de la scène touristique du village de Rieux en France, l’auteure évoque l’un des aspects des plus importants de la culture touristique, celui des savoir-faire acquis par certains médiateurs touristiques chevronnés, mais aussi sacralisés et monumentalisés, donc représentant en soi un patrimoine vivant à transmettre aux leurs et aux autres.

Laurent Sébastien Fournier s’intéresse à ce qu’il appelle un « processus de requalification » d’un produit de terroir; processus qui assure le « le passage de la mise en patrimoine à la mise en tourisme ». Dans cette optique, il analyse des événements festifs organisés en France, mettant en scène les produits oléicoles destinés à des touristes locaux et internationaux. A travers l’exemple de l’oléiculture, l’auteur examine les problèmes et les enjeux qui président à la patrimonialisation-touristification des patrimoines ethnologiques.

Ana Lucia Araujo propose une réflexion sur la mise en tourisme de la mémoire de l’esclavage à travers l’étude du tourisme diasporique, d’une part, tel qu’il est géré par les pays africains d’où sont partis historiquement des esclaves et, d’autre part, tel qu’il est vécu et pratiqué par les touristes américains et brésiliens descendant de ces esclaves. L’auteure porte son attention sur les festivals, monuments et musées célébrant cette mémoire, ce qui lui permet d’étudier les modalités selon lesquelles ces deux catégories d’acteurs revivent, réactualisent et revisitent le passé.

Séverine Rey traite du patrimoine religieux dans une triple perspective touristique, politique et identitaire. À partir d’une étude sur le monastère Agios Rafaíl, à Lesvos en Grèce, en tant qu’attraction touristique, l’auteure aborde les enjeux et les procédés de mise en scène de l’histoire, locale, régionale et nationale. Elle démontre comment ce site touristique fournit « un cadre révélateur pour analyser les pratiques et les discours qu’une société élabore à l’attention de ses visiteurs et qui indiquent plus généralement comment elle se (re)présente ».

Magali Demanget réfléchit quant à elle sur ce qu’elle appelle un « tourisme dissident ». Il s’agit d’un concept qu’elle développe en explorant le processus d’appropriation politique du tourisme néo-chamanique dans les hautes terres des Indiens mazatèques du Mexique. L’auteure s’interroge sur l’insertion du tourisme dans les démarches de revendication identitaire adoptées par les autochtones. Pour ce faire, elle s’attarde sur le processus de néo-touristification du chamanisme qui conduit les Mazatèques à mettre de l’avant les marqueurs visibles de leur culture.

Dans une note de recherche explorant le tourisme diasporique en Italie, Laura Sanchini étudie trois types de voyages touristiques effectués par des montréalais d’origine italienne dans leur pays de provenance. Il s’agit d’excursions de jeunes écoliers, de visites familiales et de séjours de longue durée. À travers ces trois cas, l’auteure examine les récits qui découlent de ces visites et qui contribuent à la construction des autoreprésentations ethniques et culturelles de ces Italiens montréalais.

Attempts to understand the relations and interactions between tourism and culture have often focused on the effect that the former has on the latter. This focus has dominated tourism studies and has steeped it with a dichotomic viewpoint that juxtaposes visitors and visitees, sights and sightseeing (Urry 1990), in other words, tourists and local populations. Researchers who have contributed to this line of thought have, for the most part, focused on tourists in their attempt to understand tourism as a phenomenon of modernity that is particular to Western societies and that is symptomatic of their citizens’ search for authenticity in non-modern societies (MacCannell 1976, 2001).

Such research has primarily concentrated on the beneficial or negative consequences of the tourism industry in local societies. In both cases, these societies have been presented as passively accepting the benefits and drawbacks that ensue from the presence of foreign tourism, which is considered, especially from a cultural perspective, to be destructive and devastating.

In this special issue, we propose to go beyond this binary relationship between tourism and culture by examining the active role that host societies play in remodelling and even redefining this relationship. We investigate the policies and strategies through which societies acquire a tourism culture. Their agency results from an openness to tourism and from the means employed to manage it and even to assimilate it by adapting it to local realities. The articles gathered here in this thematic issue show how this agency is based on a process that incorporates culture and heritage into tourism but that also incorporates tourism into culture and heritage. There is a shared interest for both sides to ask questions about cultural tourism and heritage tourism.

We therefore propose a quick summary of tourism studies that describes the main ideas that have been put forward about both tourism culture and cultural and heritage tourism.

Tourism Culture and World Touristicity

Paraphrasing Hollinshead (1998), we propose to define tourism as the merchandising of differences and the interpretation of otherness. Both are part and parcel of what could be called world touristicity. This neologism denotes not only the traits and elements that clearly mark the tourism characteristics of an object or destination, but also the promotion, presentation, and representation practices, policies, and strategies which more subtly structure a destination as it lets itself be voluntarily invaded by tourists. In doing so, this destination acquires a culture of self-aestheticization and even self-touristification, by the light of which it applies makeup, speaks of its beauty, parades its specificity, and displays its hospitality.

This tourism culture comprises the experiences, reflexes, ways of doing, undoing, and redoing (Hollinshead 2004) that host societies develop as they interact with tourists and are seen by others. As such, it reflects the impacts, effects, and dynamics of tourism as a structured and structuring cultural phenomenon. In other words, tourism constitutes a system that, on the one hand, is organized according to other political, economic, and social systems and that, on the other, organizes the world by interacting with these systems (Franklin 2004).

Tourism culture can thus be understood from three different angles: first of all, as a process of change and transformation that is experienced and acknowledged by a region once it accepts to be converted into an object of attraction, a place worthy of visiting; second, as a mirror that reflects a region’s status as an autonomous entity endowed with agency through which it distinguishes itself from other regions; and third, as an attitude of openness toward others and a way of seeing, understanding, and living in the world. With regard to this last point, it is worth noting that tourism culture has shown itself to be a durable phenomenon. The tourism that it is progressively cultivating is slowly evolving into a “way of life” (Hepburn 2002) that is shared in day-to-day activities by people who adhere to this culture, whether they be tourists or locals.

Tourism culture has accordingly interested researchers who study tourism from a local rather than a global viewpoint, that is to say by emphasizing how host societies actively redefine their cultural identity through their encounter with tourism. Michel Picard (1992) and Can-Seng Ooi (2002) are two authors who have examined this subject in more detail. Though written in two different languages (French and English), their books have almost the same titles: Bali:Tourisme culturel et culture touristique and Cultural Tourism and Tourism Cultures.

Picard’s book explores how the Balinese represent their culture when they evoke tourism. He shows how the inhabitants of this Indonesian island moved progressively from seeing their culture as corrupt, polluted, and degraded because of its openness to tourism to proudly comparing it to “capital that must be developed” (Picard 1992: 196) by linking it with tourism to draw even greater benefit from it. In other words, they moved from a stage where they perceived their culture as being opposed to tourism to another where they saw the two as being intimately linked.

According to the author, this change occurred as the Balinese’s understanding of the notion of “tourism culture” evolved. This notion underwent a “tacit upgrading” (ibid.: 183). It was no longer associated with the harm incarnated by tourism, rather it was associated with “a state of mind appropriate to tourism and described a culture that had been able to adapt to tourists and their demands” (ibid.: 183). In the Balinese approach, culture has to benefit tourism. Tourism, conversely, has to ensure culture’s renaissance, enhancing the latter’s vitality by way of the challenges it imposes. To paraphrase Michel Picard, tourism, by becoming a part of the culture, prepared the way for culture to become a vital part of tourism. Not only by embracing tourism, but above all by adapting it to local realities.

Can-Seng Ooi’s book is based on a comparative study of the role of local tour guides in the mediation of cultural tourism in Copenhagen and Singapore. The author examines tourism from a global perspective that is based on two distinct local realities. He proposes a dialogical perspective that is based on the tension that arises out of a twofold process of decentring and recentring a culture in a tourism context.

Can-Seng Ooi postulates that culture cannot be understood as a complex system outside of the historical and social context in which it evolves. There are both tangible and intangible aspects to the objects that compose it. The authenticity of each culture provides it with its aura and its power of attraction in the eyes of the other. However, those from outside of the culture tend not to see the intangible dimensions of objects and visited sites. They tend to see only the material aspects; the latter however are often accentuated and embellished – in keeping with tourism standards – and a decentring of the culture ensues. This process underlies the touristification of culture, more precisely its staging through its re-presentation (Ooi 2002: 22) in the form of cultural products that are symbolically prepared and wrapped up for tourist consumption.

That being said, cultural decentring is continually accompanied by its recentring. In other words, the two processes are interwoven with each other in an ongoing dialogue. In this sense, recentring consists in “re-introducing” (ibid.: 24) the aura and intangible cultural elements back into cultural tourism products. It is based on three principles, namely the selection, accentuation, and aestheticization (ibid.: 25) of these elements so as to make them more accessible to tourists. According to the author, this represents the essence of much of the work of cultural mediators who, to bridge the gap between the local and the global, must master technical, scientific, and occupational procedures that are used to help tourists go beyond a culture’s superficial aspects to its deeper meaning.

From Cultural Tourism to Heritage Tourism

Two main ideas can be drawn from this quick outline of these two books. These ideas, which mark most present-day tourism research, will be developed in almost all the articles in this special issue. The first idea sees tourism culture as a local process in which a global phenomenon, namely tourism, is adapted and incorporated. This process contributes to a society’s relationship with visitors but also to the way it sees itself and the world. In other words, tourism culture is having an ever greater impact on the images that host societies produce, maintain, and project in both their promotional material intended for tourists and in their stories and myths about their own past intended for themselves (Saidi 2008).

As will be explained further on in this text and in the following articles, this observation applies to tourist destinations that wish to use their cultural heritage to stand out in the world of tourism. These destinations emphasize those heritage attractions that are likely to serve, on the one hand, as tourism markers and distinguishing features at the international level, and, on the other, as emblems of pride and means of integration and cohesion in local communities.

The second idea concerns the double status of cultural tourism: the first status involves the multifaceted activities that inform tourism culture by reflecting its challenges and local and global issues; the second is as a cultural product growing in a given historical soil. It represents and condenses mediators’, craftsmen’s, and other people’s experiences, know-how, skills, and expertise; it is not, however, solely determined by the predefined and standardized views of its potential customers, namely tourists. It bears repeating here that cultural tourism has most often been studied from the point of view of the expectations, motivations, and perceptions of tourists (Stylianou-Lambert 2011) who partially or exclusively frequent historical monuments, heritage sites, and cultural activities.

This approach was developed subsequent to several studies that praised tourists who were intelligent, equitable, and supportive of host societies, in short, different from the mass tourism prototype. This tourist profile stems from various sources such as the publications and initiatives of international non-governmental organizations, among them UNESCO, ICOMOS, ICOM, and ICCROM. The ideas and proposals of their experts have often guided the approach of both tourists and local populations (Smith 2006), and, in several countries, have influenced policies for the preservation and conservation of cultural resources in a tourism-use context. Cultural tourism has thus often incorporated authentic ancient objects and sites, providing tourists with tangible examples of a distant past.

Heritagization and Touristification

Heritagization is a major factor that has added a more “endogenous” facet to this exotic vision of tourism and culture. In this facet, local communities become more involved in enhancing their culture due to their interest in their heritage. Heritagization ultimately consists in a process in which the past is acknowledged through social and political development methods. The main objective of this process is to ensure cohesion between the members of a group who claim to descend from a common source and to adhere to collective ideals, whether they be national, ethnic, or religious. At the tourism level, heritagization is seen both as a model for converting local cultural resources into globalized products (Inglis and Holmes 2003) and as the battlefield of a nationalism that wishes to remain open to others in a globalization context (Poria and Asworth 2009).

This twofold process of heritage-based nationalization and touristification has fostered the development of heritage tourism as an alternative field of activities to those of cultural tourism. Not only because it has often been integrated into heritage policies, but also because it allows host societies to see their culture from both inside and out. Indeed, this process pushes societies to continuously redefine themselves at the crossroads where the national imaginary that they uphold meets the tourism imaginary of which they are the objects.

The articles brought together in this special issue explore heritage tourism with an emphasis on both the outside tourists’ approach, motivations and expectations, and the practices, policies, and strategies of those involved in local tourism and heritage. The common objective of these texts will be to study how tourism leads host societies to reassess their respective cultures not only from the outside but from the inside as well. The authors will thus be examining the touristification and heritagization processes as they apply to specific regions in the world where host societies must meet this challenge.

Julie M.-A. LeBlanc and Vivianne LeBlanc look at three tourism sites located on three different continents, namely Masaï Mara in Kenya, Africa, Uluru-Kata Tjuta in Australia, and the Torngat Mountains National Park in Canada. They examine cultural and tourism policies specific to each region and, in particular, the cultural resource management programs intended to support local efforts in heritage nationalization and touristification. Muriel Girard also adopts a comparative approach in her examination of the more prominent aspects of tourism culture in the cities of Fès and Istanbul. She reflects upon the statements and practices of guides, employing tourism culture “as a key to understanding the identity ambivalence that tourism generates and elucidates”.

Employing a similar research approach, Sylvie Sagnes questions people from a village’s local tourism industry, focusing on the popularity of a guide, Colette, who has become closely associated with a church, the Rotonde. Paying particular attention to this person who plays a strategic role in the tourism scene in Rieux, France, the author brings to light one of the most important aspects of tourism culture, namely the knowledge and know-how acquired by certain experienced tourism mediators who are considered to be consecrated, living treasures. As such, their knowledge represents a living heritage to be passed on to future generations.

Laurent Sébastien Fournier investigates the “process of re-qualifying” local terroir products, a process that ensures “the passage from heritagization to touristification”. He analyzes festive events organized in France that highlight olive products intended for local and international tourists. Using the example of olive growing, the author examines the problems and issues that arise through the touristification of an ethnological heritage.

Ana Lucia Araujo looks at the touristification of the memory of slavery through a study of diaspora tourism as it is managed by African countries from where the slaves left, and as it is experienced and practiced by American and Brazilian tourists descended from slaves. The author focuses her attention on festivals, monuments, and museums that celebrate this memory, which allows her to study how these two categories of people relive and revisit the past.

Séverine Rey considers religious heritage from three perspectives: tourism, policy, and identity. The author looks at the local, regional, and national issues involved in the historical staging of the monastery of Agios Rafaíl, in Lesvos, Greece. She shows how this tourist attraction provides “a revealing structure for analyzing the practices and discourse which a society develops for visitors and which generally indicate how it sees itself”.

As for Magali Demanget, she reflects on what she calls “dissident tourism”. She develops this concept in her exploration of the political appropriation of neo-shamanic tourism by the Mazatec Indians in the Mexican highlands. The author wonders about the insertion of tourism in the identity-based claims of this indigenous people. She examines the neo-touristification of shamanism that is leading the Mazatec to emphasize the visible elements of their culture.

In research exploring diaspora tourism in Italy, Laura Sanchini studies three types of trips undertaken by Montrealers of Italian descent to their ancestors’ country: school trips, family visits, and long-term stays. Combining these three cases, the author analyzes stories about these trips that contribute to the ethnic and cultural self-representation of these Montréal Italians.