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Introduction

En matière de sexualité infantile, la violence sexuelle envers les enfants fut largement explorée, alors que la question des enfants présentant des comportements sexuels problématiques demeure, de son côté, encore méconnue (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a). Les statistiques issues de l’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de mauvais traitementsfaits aux enfants avancent que 15 % des agresseurs sexuels figurent sous la catégorie amis/pairs de l’enfant (Trocmé, et collab., 2005). Au Québec, une étude de la Direction de la protection de la jeunesse de Montréal portant sur l’incidence des agressions sexuelles par les mineurs révèle que 11 % des jeunes ayant posé des gestes sexuels inappropriés étaient âgés de 8 à 11 ans (Association des Centres Jeunesse du Québec, 2000). Dans le même sens, les enfants âgés d’à peine 6 à 12 ans sont responsables de 13 % à 18 % des agressions sexuelles aux États-Unis (Gray, et collab., 1999).

La reconnaissance de la problématique des enfants qui posent des gestes sexuels inadaptés à l’endroit d’autres enfants est relativement récente (Service à l’enfance et à la famille de la Colombie-Britannique, 1995). Jusqu’au début des années 80, tout geste sexuel commis par un enfant était perçu comme une volonté d’exploration et donc, comme un geste anodin (Johnson, 1988). Bien que les attouchements sexuels s’avèrent les gestes communément posés (Tremblay et Bégin, 2008), les enfants peuvent parfois manifester des comportements sexuels aussi intrusifs que ceux des adultes et des adolescents (Association for the treatment of sexual abusers [ATSA], 2008). Depuis quelques années, la nécessité d’une intervention précoce auprès de ces enfants est reconnue (ATSA, 2008; Gagnon, Lévesque et Tourigny, 2008; Tremblay et Bégin, 2008).

La recherche a également mis en lumière que la grande majorité des enfants présentant des comportements sexuels problématiques, voire abusifs, à l’égard d’autres enfants sont de sexe masculin. Les études rapportent aussi que des fillettes adoptent ces comportements, mais dans des proportions bien moindres, 19 % à 37 % des échantillons considérés (Tremblay et Bégin, 2008). Devant cet état de fait, on doit se demander si une distinction ou une importance est accordée au genre de l’enfant dans la conceptualisation de la problématique et dans les programmes d’intervention mis sur pied. Par ailleurs, malgré le fait que l’intervention se centre principalement sur l’enfant et la cessation des comportements (National Adolescent Perpetrator Network, 1993), l’implication des parents est reconnue par les recherches les plus récentes comme une composante essentielle des programmes destinés à cette clientèle (Tremblay, Gagnon et Bégin, 2006; ATSA, 2008; Gagnon, Levesque et Tourigny, 2008; Saint-Amand, Bard, et Silovsky, 2008). Le genre du parent devant prendre part au processus d’intervention est-il alors considéré?

En effet, divers types de comportements, dont sexuels, sont appris en fonction des influences sociales se manifestant à l’intérieur de la famille et dans les différents systèmes de la vie quotidienne (Bussey et Bandura, 1999). Par conséquent, en tant qu’agents de socialisation primaires de leur enfant, les parents jouent un rôle clé dans ce processus d’apprentissage. Il est reconnu que les apprentissages s’effectuent généralement à partir de trois modes opératoires : les enfants imitent les comportements observés; ils agissent en fonction des instructions reçues des gens de leur entourage immédiat qui dictent les conduites considérées appropriées pour chaque genre; ils continuent de poser les gestes pour lesquels ils reçoivent des renforcements positifs, adoptant ainsi les comportements attendus selon leur genre (Bussey et Bandura, 2004). Le sexe de la personne offrant un modèle comportemental à un enfant apparaît donc comme une variable cruciale dans ce processus : l’enfant imite les comportements, eux-mêmes renforcés par cette personne choisie en guise de cadre de référence. Les comportements du père sont donc susceptibles d’être reproduits par le fils qui s’en inspire pour développer son identité de genre; d’autant plus que les garçons accordent une importance plus grande aux stéréotypes de genre que leur contrepartie féminine (Cloutier, Gosselin et Tap, 2005) et que les stéréotypes masculins sont davantage valorisés au sein de notre société sexiste (Bussey et Bandura, 2004).

Il est permis de croire que les comportements sexuels problématiques chez les jeunes garçons sont, entre autres, le reflet des expériences vécues au sein de la famille. Les comportements sexuels abusifs pourraient donc être, en partie, le produit de l’imitation de conduites de nature agressive du père dans ses interactions avec les membres de la famille. Si d’une part son influence n’est pas à négliger dans le développement de ce type de comportement, d’autre part le potentiel qu’il représente en tant que modèle positif potentiel pour l’apprentissage d’habiletés plus adaptées exige également une attention.

En somme, sachant que le père possède une influence directe sur les comportements de son fils et que les enfants présentant des comportements sexuels inappropriés sont très majoritairement de sexe masculin, le présent article se veut une occasion d’explorer si la variable de genre est présente dans l’analyse de cette problématique et dans les interventions proposées, tant du côté des enfants que de celui des parents, le tout par le biais d’une mise au point sur les principaux écrits portant sur le sujet. Des éléments de réflexion sur la notion de genre visent à dégager les pistes d’une meilleure intervention en la matière.

Problématique des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques

Les prochaines lignes apportent des éléments de compréhension face à l’émergence des comportements sexuels problématiques chez les enfants. Des renseignements relatifs à leur histoire de victimisation y seront exposés, lesquels seront suivis d’un portrait global de leur milieu de vie; le tout dans le but de sonder la présence de la variable de genre dans la conceptualisation de la problématique dont il est ici question.

Histoire de la victimisation chez les enfants présentant des comportements sexuels problématiques

Les écrits cherchant à démystifier l’émergence des comportements sexuels inappropriés chez les enfants indiquent que ces comportements sont le reflet d’un parcours développemental issu fréquemment d’expériences d’abus émotionnel, physique et sexuel (O’Reilly et Carr, 2004).

La victimisation sexuelle antérieure est clairement un des facteurs les plus documentés dans les écrits (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a). Bien que les taux varient considérablement d’une étude à l’autre (de 48 % à 100 %) en ce qui concerne la présence d’une expérience d’agression sexuelle antérieure chez les enfants présentant des comportements sexuels problématiques (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a), plusieurs auteurs considèrent qu’il s’agit d’un facteur souvent lié au problème (Berliner, 1991; Friedrich, 1993; Thompson, Authier et Ruma, 1994; Bentovim, 2002; Ryan, 2002). Il y a déjà vingt ans, Johnson (1988; 1989) identifiait cette caractéristique chez les enfants présentant cette forme de comportements. En effet, parmi un échantillon de 60 enfants abusifs sexuellement, 49 % des garçons et 100 % des fillettes avaient vécu une agression sexuelle avant de commettre des gestes inappropriés à l’endroit d’autres enfants.

Certaines études (Friedrich et Luecke, 1988; Hall, Matthews et Pearce, 1998; Bentovim, 2002; Moffatt, 2003) ont identifié des éléments plus précis rattachés à cette expérience d’agression sexuelle rendant l’enfant victime davantage à risque de développer des comportements sexuels problématiques. Bentovim (2002) rappelle que le nombre d’agresseurs, la fréquence et la durée des agressions, en plus d’un contexte global de violence au sein de la famille, constituent des facteurs généralement associés à un risque plus élevé de développer des comportements sexuels problématiques. Par ailleurs, l’âge auquel l’enfant a été victime d’agression sexuelle joue aussi un rôle dans l’apparition des comportements sexuels inadaptés. Plus l’enfant est jeune au moment de l’abus, plus il risque de présenter de tels comportements (Moffatt, 2003). Enfin, la nature même de l’agression sexuelle subie par l’enfant demeure un élément à considérer. Friedrich et Luecke (1988) rapportent que lorsque l’abus implique la pénétration, les comportements sexuels problématiques sont plus susceptibles de survenir.

Outre cette victimisation sexuelle, les recherches révèlent que la violence physique et psychologique ainsi que la négligence semblent liées au développement de ces comportements chez les enfants (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a). Les écrits les plus récents mettent en valeur l’importance de la maltraitance dans la compréhension de cette problématique complexe (Merrick, et collab., 2008; Tarren-Sweeney, 2008). Selon Pithers et Gray (1998a), un quart des enfants maltraités démontreraient des comportements sexuels inappropriés. Merrick et collab. (2008) soulèvent que 10 % des 367 garçons d’un échantillon de 690 enfants d’un peu plus de 8 ans ayant vécu de la maltraitance présentent des comportements sexuels inappropriés. Plus précisément, les garçons qui ont subi de l’abus physique à un jeune âge poseraient davantage de gestes intrusifs, et ce, par opposition aux filles qui manifesteraient plutôt des difficultés à établir des frontières avec les autres.

Il n’est pas rare non plus que les enfants aient été soumis à plus d’une forme d’abus. Plusieurs auteurs insistent sur le fait que les enfants présentant des comportements sexuels problématiques ont fréquemment été victimes de multiples formes de mauvais traitements (Bonner, Walker et Berliner, 1999; Gray, et collab., 1999; Hall, Mathews et Pearce,1998; 2002; Pithers, et collab., 1998b, 1998c; Araji, 1997; Tarren-Sweeney, 2008). Dans une étude américaine réalisée auprès de 127 enfants posant des gestes sexuellement abusifs, Gray et collab. (1999) ont conclu que même si 84 % de ces enfants avaient vécu de l’abus sexuel, 48 % d’entre eux avaient tout de même été soumis à de la violence physique et 33 % à de l’abus psychologique. Enfin, plus de la moitié d’entre eux, soit 56 %, avaient été victimes de plus d’une forme de mauvais traitements.

Il ne fait aucun doute que la victimisation antérieure représente un point central dans la compréhension de la problématique des enfants manifestant des comportements sexuels abusifs. Notons ici qu’une seule étude, très récente, (Merrick, et collab., 2008) met en valeur une distinction en fonction du genre de l’enfant ayant vécu l’abus et confirme le fait que les garçons ont plus tendance à développer les comportements sexuels abusifs à la suite de leur victimisation. Comme le démontrera la section suivante, il importe aussi de souligner que les caractéristiques du milieu familial dans lequel évoluent ces enfants ont un impact direct sur l’existence du problème.

Milieu de vie et parents des enfants présentant des comportements sexuels problématiques ou des interactions parent-enfant inappropriées

Comme Araji (1997) le spécifie dans Sexually Aggressive Children : Coming to Understand Them, le contexte familial constitue un déterminant important de la présence de comportements sexuels abusifs chez les enfants. Y sont liées des caractéristiques spécifiques au milieu de vie, à la relation parent-enfant ainsi qu’aux parents.

Un nombre important d’auteurs soulignent, entre autres, que les enfants présentant des comportements sexuels problématiques vivent ou ont vécu dans une famille où les frontières sexuelles entre les membres ne sont pas bien définies (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a, 2005b; Letourneau, Schoenwald et Scheidow, 2004; Miranda, et collab., 2001; Bonner, Walker et Berliner, 1999; Burton et Rasmussen, 1998; Hall, Mathews et Pearce,1998; Gil et Johnson, 1993). Cette absence de frontières claires résulte fréquemment en une promiscuité sexuelle à l’intérieur de la famille. Le respect de l’intimité de l’autre est souvent problématique (Hall, Mathews et Pearce, 1998). En fait, la nudité est acceptée (Letourneau, Schoenwald et Scheidow, 2004), ce qui brime l’espace privé auquel chacun a droit et crée du même coup un environnement où des contacts sexuels peuvent se produire entre les individus (Burton, et collab., 1998). L’accessibilité au matériel pornographique ainsi que l’exposition à des activités sexuelles adultes contribuent également à faire de la famille un environnement sexualisé (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005b; Letourneau, Schoenwald et Scheidow, 2004).

Outre l’absence de frontières sexuelles, le milieu de vie de ces enfants est souvent teinté par la violence, la criminalité et la pauvreté, ce qui n’est pas sans avoir d’effets sur la qualité des relations parent-enfant. En fait, les chercheurs expliquent que les relations parent-enfant sont généralement vécues difficilement par ces familles (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a, 2005b; Letourneau, Schoenwald et Scheidow, 2004; Bentovim, 2002; Gray, et collab., 1999; Hall, Mathews et Pearce, 1998; Pithers et Gray, 1998a, 1998c; Johnson, 1988, 1989; Friedrich et Luecke, 1988) et engendrent du stress chez les parents (Bonner, Walker et Berliner, 1999). Certains auteurs expliquent que les attentes du parent envers son enfant sont fréquemment irréalistes (Bentovim, 2002; Pithers, et collab., 1998c; Freidrich et Luecke, 1988). Ces parents ont souvent une image négative de leur enfant; ils le considèrent excessivement exigeant, difficile à calmer et incapable de s’adapter aux changements (Bonner, Walker et Berliner, 1999; Pithers, et collab., 1998c). Au-delà de ces attentes irréalistes, ils sont insatisfaits face à leur rôle de parent, ne s’impliquent que très modérément auprès de leur enfant (Pithers, et collab., 1998c) et ne lui procurent que très peu de soutien (Hall, Mathews et Pearce, 1998; Freidrich et Luecke, 1988). Par conséquent, certains auteurs mentionnent que les rôles sont parfois inversés et les enfants « parentifiés » (Hall, Mathews et Pearce, 1998; Gil et Johnson, 1993).

Au-delà de ces questions relatives aux attentes démesurées, plusieurs articles relatent l’absence d’un encadrement et d’une supervision adéquate de la part des parents (Gagnon, Tremblay et Bégin, 2005a, 2005b; Letourneau, Schoenwald et Scheidow, 2004; Bentovim, 2002; Pithers, et collab., 1998c; Johnson, 1988, 1989; Freidrich et Luecke, 1988). « Une supervision minimale, inefficace, rigide et inconsistante » (Letourneau, Schoenwald et Scheidow, 2004, p. 50), qualifie souvent les pratiques parentales de ces familles.

Enfin, le fait de grandir dans un environnement où persiste une absence de frontières entre les membres, où les pratiques parentales sont souvent inadéquates et les relations parent-enfant insatisfaisantes, contribue non seulement à la victimisation de l’enfant, mais également au développement et au maintien de comportements sexuels problématiques. Il est toutefois étonnant de constater qu’aucune importance n’est accordée au genre des parents ayant un garçon manifestant des comportements sexuels problématiques, et ce, malgré l’influence, distincte selon leur genre, des parents sur l’enfant. Il est ainsi plausible de croire que les comportements sexuels problématiques chez les garçons seraient le résultat d’un apprentissage social émergeant en partie de l’imitation de conduites violentes de leurs pères, desquelles ils sont témoins ou victimes, ou d’un mode de réaction aux difficultés qu’ils ont appris d’eux.

Après avoir apporté des éléments de compréhension quant à l’émergence des comportements sexuels problématiques où l’on constate que la majorité des enfants ont vécu une expérience de maltraitance, il est maintenant pertinent de se pencher sur l’explication du processus de victimisation engendré par le vécu familial à tout le moins tendu, voire nuisible, menant à de tels comportements.

Processus de victimisation

En plus d’approfondir ce qui précède sur les interactions négatives entre les parents et leur enfant, les prochains paragraphes visent à souligner l’impact de ces dernières dans le développement des comportements sexuels problématiques. De plus, y seront exposés les effets de la victimisation découlant de ces interactions ainsi que l’aspect cyclique des comportements sexuels abusifs. Une note sur la variable de genre sera également reprise.

L’importance de considérer le rôle des interactions négatives entre les parents et leur enfant

Qu’elle soit physique, sexuelle ou psychologique, la violence vécue par l’enfant au sein de la famille mène à des interactions parent-enfant négatives et provoque chez lui des sentiments d’impuissance et de colère. À cet effet, l’enfant qui reçoit sur une base arbitraire une réponse négative lors de ses interactions avec son parent en viendra à croire que les expériences positives sont peu probables et qu’il ne peut modifier la situation de violence dans laquelle il se trouve (Cerezo et Frias, 1994). Il en résulte un profond sentiment d’impuissance. Mais plus encore; selon la théorie de l’apprentissage social, en raison des interactions négatives qu’il vit avec son parent (maltraitance), l’enfant apprend que la violence procure une position de pouvoir privilégiée et qu’elle est un moyen acceptable de parvenir à ses fins. De ce point de vue, les comportements sexuels problématiques seraient, en partie, le résultat d’un apprentissage inapproprié effectué au sein du milieu familial à partir des expériences de vie négatives auxquelles l’enfant a été soumis.

Conséquences du processus de victimisation vécu au sein de la famille : la colère et l’impuissance

Le processus de victimisation dû à la maltraitance vécue au sein de la famille n’est pas sans avoir d’importantes conséquences sur les enfants qui en ont été victimes. Aux fins de notre propos, nous aborderons uniquement les impacts de la victimisation sur les sentiments de colère et d’impuissance qu’elle génère, puisque cette démarche nous permettra d’exposer comment ces émotions sont centrales dans le développement des comportements sexuels problématiques.

Un sentiment de colère envahit souvent les victimes de violence (Cook, David et Grant, 1999). Par contre, bien qu’il soit justifié pour une victime de vivre de la colère à l’endroit de la personne lui ayant porté atteinte, il ne lui est pas toujours possible de confronter son agresseur pour exprimer cette colère; la victime doit alors trouver d’autres moyens de s’en libérer. Incapables de composer avec la colère, certaines personnes la dirigeront vers d’autres (Cook, David et Grant, 1999). Il est donc possible d’assumer que l’agressivité et les gestes abusifs que posent les enfants manifestant des comportements sexuels problématiques envers d’autres enfants émanent en partie de cette colère qu’ils ne peuvent exprimer auprès de leurs parents, de peur de les perdre ou de revivre de l’abus (Crosson-Tower, 2005).

Le processus de victimisation marqué par des interactions parent-enfants à connotation négative engendre également un sentiment de vulnérabilité, d’impuissance et d’absence de contrôle (Cook, David et Grant, 1999). Cependant, il a été démontré que cette impuissance se traduit fréquemment en frustration chez les personnes ayant été victimisées (Canadian Resource Centre for Victim of Crime, 2005), y compris les enfants ayant subi de la maltraitance. Il est alors permis de croire que les enfants adoptent des comportements sexuels problématiques dans le but de diminuer le sentiment d’impuissance qui découle des expériences répétées de maltraitance venant de leur milieu.

Quand la colère et l’impuissance deviennent des gestes de violence

Pour poursuivre dans cette foulée, Lane (1997) avance que l’enfant qui pose des gestes sexuellement abusifs à l’endroit d’autres enfants a développé des croyances négatives à la suite d’expériences de vie dans lesquelles il s’est senti impuissant, en absence de contrôle et abandonné. La violence familiale, la maltraitance sous toutes ses formes et les expériences d’humiliation font partie des situations pouvant contribuer au développement de ces croyances qui mènent l’enfant à interpréter incorrectement certains événements de la vie quotidienne. Bien que la nature de l’événement déclencheur varie considérablement d’un enfant à l’autre, une particularité commune les rassemble, soit celle d’évoquer de profonds sentiments d’impuissance, d’absence de pouvoir et d’abandon. Plus l’enfant est confronté à des situations provoquant ce genre d’émotions, moins tolérant il devient.

Lane (1997) explique que l’intensité du sentiment d’impuissance augmente alors et qu’il se transforme graduellement en colère. Au moment où l’enfant n’arrive plus à composer avec l’inconfort produit par les émotions ressenties, il cherchera à modifier sa perception de lui-même par une utilisation inappropriée du pouvoir et de la domination. L’enfant aura désormais des comportements qui lui procurent un sentiment de maîtrise et de pouvoir venant contrebalancer celui d’impuissance. Les comportements sexuels abusifs deviennent donc un moyen pour l’enfant de se réapproprier le pouvoir dont il a été dépossédé, entre autres, par les mauvais traitements subis dans son milieu familial. Juste après avoir posé le geste abusif, l’enfant ressent un sentiment grandissant de contrôle, lequel diminue rapidement par la suite. L’enfant risque donc de réagir de façon excessive devant des événements où il a l’impression d’être diminué, inadéquat, impuissant et rejeté. Les occasions de manifester d’autres comportements sexuels problématiques s’en trouvent alors accrues, car l’enfant tentera de reprendre le contrôle et le pouvoir sur sa situation afin de masquer l’inconfort induit par l’impuissance ressentie.

Bref, avant de toucher aux interventions actuelles visant à aider ces enfants et leur famille, il importe de reprendre ce constat global déjà émis et qui ressort des écrits : la notion de genre est évacuée dans l’analyse de la problématique des enfants manifestant des comportements sexuels abusifs. Que ce soit le genre des enfants victimisés ou maltraités ayant développé de tels comportements, ou celui du parent ayant posé des gestes de violence ou démontrant des habiletés parentales inadéquates, cette variable n’est considérée en aucun temps, et ce, en dépit du fait que ces enfants soient en majorité des garçons et qu’un père puisse être un modèle comportemental important pour son fils. On peut présumer alors que la variable de genre ne sera pas plus prise en compte dans les programmes d’intervention destinés à cette clientèle.

Interventions auprès des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques et auprès de leurs parents

Les prochains paragraphes portent sur les interventions actuellement employées auprès des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques et auprès de leurs parents. Entre autres, on y propose la Formation interactive parent-enfant comme piste complémentaire visant l’amélioration des interventions auprès de cette population, en misant sur une part active et positive de la part des pères, voire leur responsabilité d’y participer.

Le contrôle comportemental sexuel au centre de l’intervention

Les principaux objectifs des programmes d’intervention s’adressant aux enfants qui présentent des comportements sexuels problématiques sont les suivants : 1. faire cesser tous les comportements sexuels inadaptés; 2. prévenir l’apparition d’autres comportements sexuels problématiques; 3. aider au développement d’habiletés sociales mieux adaptées (National Adolescent Perpetrator Network, 1993). En fait,

[l]’approche d’intervention la plus répandue vise […] directement le comportement sexuel inadapté et comporte habituellement deux volets, l’un axé sur la thérapie et le soutien à l’enfant et aux parents et l’autre sur l’éducation (développement des connaissances liées à la sexualité, développement d’habiletés sociales, amélioration du contrôle de soi et de l’estime de soi, apprentissage d’habiletés parentales, etc.)

Tremblay, Gagnon et Bégin, 2006, p. 6 - 7

La majorité des programmes d’intervention utilisent une orientation cognitive-comportementale (St-Amand, Bard et Silovsky, 2008), tant auprès des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques qu’auprès de leurs parents. Ils visent d’un côté à remettre la responsabilité du comportement à l’enfant et à favoriser le développement de ses compétences sociales (Tremblay, Gagnon et Bégin, 2006; Tremblay et Bégin, 2008), et d’un autre, à développer chez les parents des habiletés leur permettant d’aider l’enfant à mieux contrôler ses comportements sexualisés (Tremblay, Gagnon et Bégin, 2006; Tremblay et Bégin, 2008).

Selon Gagnon, Levesque et Tourigny (2008), seulement six études se sont penchées sur l’évaluation de l’efficacité des traitements destinés aux enfants présentant des comportements sexuels problématiques en comparant l’utilisation d’interventions de type cognitif-comportemental à d’autres approches (Bonner, Walker et Berliner, 1999; Gagnon, 2003; Pithers, et collab., 1998b; Staiger, 2005; Silovsky, et collab., 2007) ou en présentant les résultats d’un suivi longitudinal d’un groupe d’enfants ayant reçu un traitement cognitif-comportemental (Carpentier, Silovsky et Chaffin, 2006). Ces auteures en sont venues à la conclusion que l’efficacité de l’approche cognitive-comportementale semble supérieure à celles d’autres formes de traitement. Elles précisent néanmoins que les résultats de ces évaluations doivent être interprétés avec prudence, en raison de diverses limites méthodologiques.

Même si la recherche démontre que ces programmes cognitifs-comportementaux sont d’une grande efficacité pour travailler auprès des enfants présentant des comportements sexuels abusifs et auprès de leurs parents (ATSA, 2008), il est important de noter que les interventions avec les enfants et les parents se déroulent en parallèle. Ce qui signifie que les enfants et les parents se trouvent au sein de groupes distincts lors des apprentissages et que ces programmes ne se penchent pas sur l’interaction systémique développée entre eux. La maltraitance vécue par l’enfant n’est pas non plus adressée et le parent maltraitant n’est pas directement amené à modifier ses comportements inadéquats. De plus, nulle attention n’est portée au parent en tant que modèle quotidien que l’enfant côtoie pour développer de nouvelles habiletés. Par ailleurs, les programmes d’intervention actuels ne se prononcent pas sur le genre du parent devant prendre part au processus d’intervention. Mais sachant que les enfants qui manifestent des comportements problématiques sont en majorité des garçons, il serait indiqué d’impliquer les pères à titre de modèles pour l’apprentissage de comportements masculins adaptés.

Ainsi dans l’intervention, il semble aussi important de miser sur la modification des interactions parent-enfant afin qu’un changement comportemental puisse se produire et se maintenir par le biais d’apprentissages constructifs au sein de la famille. Tel que décrit ci-dessus, les interactions négatives amenant des sentiments d’impuissance et de colère qui poussent l’enfant à poser des gestes abusifs seraient en théorie diminuées, réduisant du coup les risques de le voir adopter des comportements axés sur une position de pouvoir et de contrôle. De plus, en intervenant sur la nature même des interactions parent-enfant, l’enfant aurait un modèle parental se distançant de la violence, du contrôle et de la domination et développerait, grâce au modelage, des habiletés sociales mieux adaptées. Pourtant, les programmes actuellement destinés aux enfants manifestant des comportements sexuels problématiques ne se penchent pas directement sur ces dimensions systémiques des interactions parent-enfant. Gagnon, Levesque et Tourigny (2008) soulignent que même si les interventions à caractère systémique n’ont pas encore fait l’objet d’évaluation empirique, elles gagnent à être approfondies, en ce qu’elles semblent prometteuses. Elles permettraient, entre autres, une adaptation aux besoins spécifiques de chaque enfant et de famille.

La Formation interactive parent-enfant comme piste d’intervention auprès des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques et auprès de leurs parents

La Formation interactive parent-enfant (FIPE) constitue une piste complémentaire intéressante à combiner avec l’approche cognitive-comportementale pour intervenir auprès des enfants présentant des comportements sexuels problématiques et auprès de leurs parents. Fondée principalement sur la perspective systémique de la famille, cette approche défend l’idée que les comportements perturbateurs chez les enfants résultent de relations parent-enfant difficiles et sont entretenus par elles. (Cerezo et D’Ocon, 1999; Patterson, 1976).

De façon similaire aux programmes axés sur les pratiques parentales, la FIPE vise à induire un changement positif et structuré dans la manière des parents d’interagir avec leur enfant, ce qui du coup entraîne une baisse des problèmes comportementaux et renforce les compétences parentales (Chaffin, et collab., 2004). La FIPE crée de façon particulière une unité d’intervention composée des parents et de l’enfant participant aux mêmes rencontres, puisque la clé de l’action porte sur les interactions qui se produisent entre eux. (Timmer, et collab., 2005). La FIPE utilise une orientation systémique grandement inspirée du modèle de l’apprentissage social décrit ci-dessus. Il se veut une intervention dyadique vouée à briser le schéma négatif d’interaction existant entre le parent et son enfant, comme dans le cas des familles ayant un enfant présentant des conduites sexuelles inappropriées, pour le remplacer par un schéma d’interaction plus respectueux et discipliné.

La FIPE se déroule en deux étapes et dans un contexte ludique. La première consiste à amener le parent à développer et à appliquer des habiletés parentales positives dans le but d’améliorer la qualité des relations parent-enfant. Par exemple, il lui est demandé de décrire les comportements appropriés de son enfant, de répéter les affirmations appropriées de ce dernier, d’imiter et d’encourager ses comportements appropriés et d’ignorer les comportements inappropriés (Borrego, et collab., 1999). Ainsi, l’enfant comprend qu’il obtient l’attention de son parent en adoptant des comportements positifs, car ils sont désormais récompensés (Timmer, et collab., 2005). La seconde étape de la FIPE vise à inculquer au parent des stratégies qui lui permettront de mieux gérer les comportements problématiques de son enfant (Timmer, et collab., 2005). Or, tout en continuant à appliquer les habiletés acquises au cours de la première étape, le parent devra formuler pour son enfant des demandes directes, claires, structurées et positives, et être consistant dans l’application de conséquences (retrait) face aux comportements inadéquats (Borrego, et collab., 1999).

Quelques recherches ont démontré l’efficacité de la FIPE pour diminuer les comportements perturbateurs chez les enfants. La principale porte sur 24 dyades de mères de niveau socio-économique inférieur et leur enfant âgé de 3 à 6 ans et ayant un diagnostic clinique de troubles de comportement (Eisenstadt, et collab., 1993). Après quatorze sessions de formation, des changements statistiquement significatifs sont apparus dans l’évaluation réalisée après l’intervention, comparativement à celle qui la précédait; cependant, il n’y avait pas de groupe contrôle. Des changements cliniques ont également été observés, à savoir, une diminution du stress parental, une perception plus positive des enfants et, chez ces derniers, une amélioration de l’estime de soi. De plus, il semble que les résultats positifs persistent jusqu’à deux ans après la participation aux rencontres (Eyberg, et collab., 2001; Hood et Eyberg, 2003). Il est donc permis de croire que la FIPE constitue une intervention adaptée aux enfants manifestant des comportements sexuels inappropriés.

Comme les interactions avec leur enfant présentant des comportements sexuels abusifs sont reconnues comme particulièrement négatives et conflictuelles, la FIPE semble tout à fait pertinente pour intervenir auprès des parents. Elle a été évaluée auprès de parents maltraitants (Chaffin, et collab., 2004; Timmer, et collab., 2005) et son efficacité démontrée par la recherche de Timmer et collab. (2005) auprès de 136 dyades parent-enfant. De cet échantillon, deux enfants sur trois ont subi de mauvais traitements; les 2/3 des parents qui les ont maltraités ont participé à l’intervention. À des fins de comparaison, des dyades sans histoire de mauvais traitement ont reçu l’intervention. À la suite de leur participation, les comportements perturbateurs de l’ensemble des enfants ont radicalement diminué et le stress parental s’en est trouvé réduit. Chez les dyades ayant une histoire d’abus, les risques de mauvais traitements ultérieurs ont aussi diminué. L’étude de Chaffin et collab. (2004) arrive aussi à des résultats positifs avec un échantillon de 110 dyades de parents et d’enfants ayant été maltraités par ces derniers. Une évaluation des abus physiques a été réalisée en moyenne six ans après l’intervention; un parent sur cinq (19 %) ayant reçu la FIPE a posé des gestes d’abus physique à l’égard de son enfant, comparativement à la moitié pour ceux qui ont participé à un groupe de parentage.

Alors, il fait nul doute qu’il s’agit là d’une forme d’intervention prometteuse auprès des familles où l’enfant a été victime de mauvais traitements et, par conséquent, une voie à explorer auprès des enfants ayant développé des comportements sexuels inappropriés à la suite d’expériences de victimisation. Dans le cas des enfants présentant des comportements sexuels problématiques, en s’attardant à la nature même des interactions, la FIPE permettrait de plus de réduire les risques que les mauvais traitements se reproduisent. En outre, le fait pour l’enfant de vivre dans un environnement plus sain, où rares sont les moments dans lesquels il se sent impuissant et en manque de contrôle, réduit en théorie les risques de le voir adopter des comportements sexuels problématiques. En effet, la recherche de pouvoir et de contrôle ne serait plus une nécessité, considérant que l’enfant grandirait dans un milieu dans lequel sont respectées son intégrité et sa dignité.

La FIPE procurerait surtout à l’enfant présentant des comportements sexuels inappropriés une occasion privilégiée d’acquérir par le modelage des comportements convenables : le parent qui adoptait auparavant des paroles et des comportements violents devient désormais un modèle adéquat, manifestant des comportements dépourvus de violence et de domination. Le choix de la FIPE favoriserait également l’implication du père dans l’intervention, puisque cette formation vise tous les membres de la famille. Ce qui répond au fait que les enfants présentant des comportements sexuels problématiques sont en majorité des garçons, et que le père constitue le modèle auquel ils s’identifient principalement. Dans la famille d’un enfant manifestant ce type de comportement, la FIPE représente pour le père responsable de conduites violentes une occasion de changer son propre comportement en prenant conscience de l’impact de celui-ci sur son fils. Le père devient ainsi un modèle de genre adéquat, plutôt qu’un exemple de violence dont l’enfant est témoin ou victime et qu’il reproduit à sa façon.

Conclusion

Cette mise au point sur les écrits concernant la problématique des enfants posant des gestes sexuels abusifs aura permis de démontrer que lesdits enfants sont fréquemment issus de milieux où les interactions parent-enfant sont principalement négatives et que cette dynamique familiale débouche sur des gestes de maltraitance à l’égard d’autres enfants. Le processus de victimisation se déroulant au sein de l’environnement familial procurant à l’enfant des sentiments d’impuissance et de colère, contribue chez lui au développement et au maintien des comportements sexuels abusifs en raison, entre autres, de la quête de pouvoir et de contrôle qu’il entraîne.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, les programmes d’intervention destinés à cette clientèle se centrent principalement sur le contrôle comportemental, à savoir la cessation des comportements sexuels posant problèmes, et sur le développement de pratiques parentales disciplinaires adéquates à l’égard de ces conduites. Ils n’abordent pas directement la nature négative des interactions entre le parent et son enfant et ne permettent pas non plus un apprentissage par modelage, les rencontres se déroulant généralement en parallèle, et ce, en dépit du fait qu’à la base du problème se retrouvent les interactions insatisfaisantes et la maltraitance qui en découle.

Par ailleurs, cette recension des écrits aura permis de formuler un constat : la notion de genre n’est pas considérée dans la conceptualisation de la problématique et par conséquent, elle se trouve également évacuée des programmes d’intervention destinés à cette clientèle. Pourtant, la majorité des enfants manifestant des comportements sexuels problématiques sont de sexe masculin et semblent reproduire un modèle de comportements violents appris par observation au sein de leur famille. Les pères sont surreprésentés dans l’attribution de la responsabilité dans les cas de violence familiale. Néanmoins, les statistiques révèlent qu’ils sont responsables des abus physiques en contexte de punition dans 73 % des situations (Trocmé, et collab., 2004). Puisque le père joue un rôle de premier plan dans le processus de socialisation et d’identification des garçons, il devient d’autant plus pertinent de repenser son implication et la notion de genre dans l’intervention.

C’est ainsi que la Formation interactive parent-enfant devient une piste fort intéressante pour intervenir auprès des enfants manifestant cette forme de comportements et auprès de leurs parents, car elle vise à inclure tous les membres de la famille, y compris le père. Non seulement cette forme d’intervention touche-t-elle directement aux interactions parent-enfant, ce qui permet de réduire la probabilité que d’autres gestes de maltraitance se reproduisent, mais elle se présente surtout comme une occasion privilégiée d’apprentissage par modelage. En amenant le père à modifier ses propres comportements inacceptables, le garçon pourra désormais s’inspirer d’un modèle de comportement plus sain.

Il est reconnu que les pères ont une influence sur le développement général de leur enfant (Centre pour la famille, le travail et le bien-être, 2007) et deviennent souvent un facteur de protection contre la présence de problèmes comportementaux chez les enfants (Amato et Rivera, 1999; Flouri, 2005; Howard, et collab., 2006). De même, il est possible de croire qu’ils peuvent influencer le processus d’intervention, incluant ses résultats (Phares, Fields et Binitie, 2006). À cet effet, une métaanalyse portant sur l’implication des pères dans les programmes de développement des habiletés parentales (Lundahl, et collab., 2008) démontre que l’implication du père est gage de changements plus significatifs dans le comportement des enfants. D’autres études penchent en ce sens. À ce titre, Bagner et Eyberg (2003) montrent que, selon les mères, les bénéfices induits par la Formation interactive parent-enfant perdurent davantage lorsque le père est impliqué dans l’intervention. Malgré le nombre limité de recherches sur le sujet, l’implication des pères dans l’intervention semble garante de son succès (Phares, Fields et Binitie, 2006).

Sans chercher à responsabiliser le père pour les comportements sexuels abusifs de son enfant, les intervenants travaillant auprès de cette clientèle devraient tenir compte de la notion de genre et de l’influence du père en tant que modèle comportemental pour son fils. Une meilleure compréhension du rôle paternel dans le développement des conduites sexuelles inappropriées chez le garçon servirait à mettre à contribution le modelage qu’il représente pour faire cesser les comportements abusifs venant de ce dernier et favoriser chez lui l’apprentissage d’habiletés plus adaptées. Cet approfondissement ouvrirait sur des voies prometteuses pour considérer positivement la notion du genre masculin dans le développement des enfants et remettre la notion de genre au centre de nos préoccupations.