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Francophonie, minorités et pédagogie est un ouvrage collectif qui regroupe des textes de divers horizons, préoccupés par l’éducation de minorités linguistiques au sein de la francophonie. L’ouvrage est constitué de trois parties qui visent à refléter les enjeux théoriques et pratiques de rapports pédagogiques en milieu minoritaire. Cette initiative nous semble correspondre aux défis et enjeux actuels de l’éducation dans le monde francophone.

L’introduction propose un cadre organisateur inspiré de la sociolinguistique du changement et de l’ethnographie, cadre que le lecteur ne trouvera malheureusement pas clairement exploité dans plusieurs des articles de l’ouvrage. En effet, si chaque chapitre pris individuellement est intéressant et éclaire la situation de l’éducation en milieu minoritaire, on note un certain manque de cohésion qui aurait pu être dépassé par une mise en dialogue des auteurs et par une explicitation des savoirs théoriques partagés. Ainsi, en ce qui concerne les réflexions théoriques de l’introduction, il aurait sans doute mieux valu les introduire dans un chapitre final qui aurait proposé une discussion théorique des approches utilisées, permettant ainsi une analyse théorico-épistémologique des contributions.

La première partie de l’ouvrage, Production de savoirs, regroupe des textes qui présentent les enjeux politiques, législatifs et scolaires ainsi que les défis auxquels sont confrontés les enseignants qui travaillent avec des minorités dans des contextes fort différents comme la Corse, la France, l’Ontario, le Yukon et le Nunavik.

Ensuite, les textes qui constituent la deuxième partie, Conséquences pour la salle de classe, partagent une réflexion à propos des retombées  de la recherche sociolinguistique sur les élèves et sur les approches pédagogiques à utiliser en milieu minoritaire. Ainsi, bien que leur visée semble moins éclatée, le lecteur est entraîné dans l’examen des cas particuliers du Nouveau-Brunswick, de la Corse et du Maroc sans aucun recours à une perspective comparative.

La troisième partie, Propositions et appropriation : de la théorie et à la pratique, partagée entre chercheurs et praticiens, aborde des exemples d’utilisation de l’ethnographie dans les études de terrain et de la sociolinguistique dans la pratique de l’encadrement pédagogique en milieu minoritaire.

Une des impressions laissées par la lecture de l’ensemble des textes est d’abord la diversité des analyses, des problématiques, des points d’entrée et des perspectives méthodologiques empruntées, de même que des résultats de recherche. Cette diversité constitue, à certains égards, une des qualités de l’ouvrage. On y trouve, en effet, plusieurs contributions variées et stimulantes où les auteurs mettent l’accent sur une pédagogie de l’inclusion et le respect du groupe minoritaire au-delà de toutes frontières. Toutefois, il faut aussi souligner que cette hétérogénéité des contributions a quelque chose de déconcertant. Le lecteur éprouve parfois le sentiment d’être face à une mosaïque éclatée qui l’entraîne dans des démarches tous azimuts.

En conclusion, reconnaissons la nature audacieuse de cette initiative qui aurait pu contribuer à un double dialogue : à la fois interculturel et entre praticiens et chercheurs, dialogue qui reste plus que nécessaire dans le monde de l’éducation francophone d’aujourd’hui.