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À travers cet ouvrage, les différents auteurs ont cherché à faire le lien entre l’école et le développement de la citoyenneté, tâche ardue s’il en est. Ils ont privilégié l’analyse de la citoyenneté sous trois angles : les sciences politiques, la philosophie de l’éducation et la pédagogie.

La première partie du livre nous brosse un tableau largement détaillé des modèles éducatifs français et nord-américain. Un regard à la fois historique, politique et social nous permet de mieux saisir la complexité de la citoyenneté d’aujourd’hui, ainsi que les nombreux défis auxquels doivent faire face nos établissements scolaires. À la suite de cette lecture, le portrait de l’éducation à la citoyenneté au Québec effectué par Marie McAndrew est plus qu’intéressant. Le seul point négatif de cet article : le texte était trop court !

Malgré la qualité exemplaire des deux premières sections, les chapitres trois et quatre ont droit à une considération particulière. Pour le lecteur, souvent habitué à des analyses nord-américaines, françaises ou anglaises de l’éducation, l’ajout des réalités éducatives brésiliennes et portugaises se présente comme un vent de fraîcheur. Ces articles méritent pleinement leur place dans cet ouvrage et enrichissent substantiellement notre regard sur la citoyenneté.

Dans la quatrième section, l’attention des auteurs se porte sur la délicate question de la citoyenneté européenne. À travers l’élargissement des frontières de l’Union européenne se dessine une complexité identitaire qui, pour certains, se présente comme une crise à gérer, tandis que pour d’autres, elle offre l’opportunité d’un renouveau. Henri Del Pup et Constantin Xypas circonscrivent bien le phénomène auquel fait face l’Europe, et leurs écrits nous incitent à poursuivre notre réflexion sur le sujet.

C’est à l’intérieur de la cinquième partie que l’analyse pédagogique de la citoyenneté prend réellement son envol. Les correspondances et les transpositions des conclusions des auteurs au système scolaire québécois ne peuvent, malheureusement, s’effectuer de facto, car les balises sociales et éducatives des articles sont largement européennes et françaises. Tout au long du livre, les angles politiques et philosophiques ont été soulignés de manière à pouvoir dégager les nombreuses réalités de la citoyenneté en Amérique du Nord et en Europe. Toutefois, cette section nous laisse un peu sur notre appétit, en ce sens qu’elle aborde essentiellement un regard européen. Malgré cette légère faiblesse, le lecteur retrouve des articles richement construits et pourvus d’analyses rigoureuses.

À l’intérieur de l’introduction, on mentionnait que les auteurs des chapitres du volume faisaient preuve de rigueur ; je suis totalement d’accord. Cependant, on faisait également allusion au fait que les textes étaient dépourvus de langage technique et marquaient une préférence pour une version plus vulgarisée. Je tiens à préciser que le style employé par les différents auteurs présente un langage que les universitaires pourront apprécier, mais je doute fort que leur objectif de vulgarisation soit atteint. Nonobstant ce constat, l’effort déployé par les chercheurs, dans ce volume, pour circonscrire la citoyenneté et analyser ses impacts sur l’éducation, est considérable.