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La biostratigraphie représente un volet essentiel de la paléontologie et consiste à décrire la succession des organismes vivants à travers les temps géologiques. De façon pratique, la biostratigraphie fait référence à l’apparition et à la disparition des espèces, et permet de préciser l’âge des couches sédimentaires selon l’identité des fossiles que ces dernières renferment. Au cours du 20e siècle, la biostratigraphie a connu un essor important notamment à travers le domaine de la micropaléontologie avec des applications en exploration pétrolière et dans le cadre des grands programmes de forage, non seulement à des fins de datation mais aussi pour retracer les changements du climat et de l’environnement en relation avec l’évolution du monde vivant.

Le livre de Brian McGowran traite de tous ces aspects de façon assez exhaustive. Les principes de la biostratigraphie y sont présentés de façon circonstanciée, d’abord dans une perspective historique nous faisant remonter aux travaux de Sir Charles Lyell au milieu du 19e siècle, puis en référence à de nombreux travaux sur le microplancton fossile, surtout les foraminifères planctoniques, et principalement à l’échelle du Cénozoïque, soit les derniers 65,5 millions d’années.

Bien sûr, dans ce livre, il est beaucoup question de première apparition (ou spéciation) et de dernière apparition (ou extinction) d’espèces, de la succession d’événements biostratigraphiques (spéciations et extinctions), et de la définition de (bio)chronozones. Au-delà de l’aspect descriptif de la biostratigraphie comme telle, l’auteur propose une intégration des schémas biostratigraphiques avec la géochronologie au sens large, qu’elle soit basée sur les variations du champ magnétique terrestre ou sur les cycles astronomiques. Poussant son analyse en utilisant les multiples travaux traitant de la biostratigraphie des foraminifères planctoniques, de la morphologie et de la composition isotopique de leurs tests carbonatés, l’auteur tente d’illustrer le régionalisme dans le développement des espèces et des populations. Il propose des hypothèses mettant en relation la spéciation, la disparition d’espèces à des échelles régionales ou globales avec les grands changements de l’environnement marin. L’auteur nous fait également part de ses réflexions sur la notion même de biostratigraphie et des interrogations que suscitent les limites stratigraphiques du Cénozoïque telles qu’elles sont définies. Enfin, l’auteur conclut avec des perspectives sur la « biostratigraphie » qu’il perçoit comme une discipline qu’il faudrait davantage arrimer à la paléobiologie.

Cet ouvrage est résolument fondamental. Il s’adresse à des étudiants avancés, professionnels ou chercheurs oeuvrant déjà dans le domaine de la géologie sédimentaire, de la paléocéanographie, de la paléoécologie, de la paléobiologie ou de la micropaléontologie. Il constitue un document de base exhaustif, renfermant d’abondantes références et illustrations. Conceptuellement parlant, le livre est moderne puisqu’il intègre les connaissances développées au cours des dernières décennies dans une synthèse magistrale. Il peut cependant paraître un peu hermétique aux non-spécialistes par son contenu très dense.