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Cet ouvrage traite de l’épineuse question de l’évaluation des compétences. En un peu moins de 350 pages, l’auteur expose, avec clarté et avec des exemples tirés de différentes disciplines scolaires, les différents aspects à considérer pour évaluer des compétences ou des tâches complexes. Les deux premiers chapitres présentent les nouveautés liées à l’évaluation de situations complexes tels le vocabulaire, les objets et les pratiques d’évaluation. Les chapitres 3 et 4 traitent, quant à eux, des stratégies et des savoir-être, éléments inhérents à la compétence. Les chapitres 5 et 6 constituent une synthèse des éléments discutés dans les premiers chapitres en abordant la notion même de compétence et les situations d’évaluation qui devraient lui être associées. Dans le chapitre 7, à caractère plus technique, l’auteur décrit les outils de jugement pouvant être utiles dans une approche par compétences, et en particulier les échelles descriptives. Les chapitres 8 et 9 exposent de façon globale et critique la démarche d’évaluation certificative et les méthodes de contrôle permettant d’assurer la qualité du jugement. Le chapitre 10 est consacré à l’autoévaluation et au portfolio. Enfin, dans le dernier chapitre — qui fait également office de conclusion — la formation des enseignants en évaluation est discutée dans une approche par compétences et selon les besoins en recherche pour les années à venir.

Sans aucun doute, ce livre est actuellement une référence incontournable pour bien se situer par rapport à l’évaluation dans une approche par compétences. L’auteur a choisi un angle d’attaque résolument pratique qui reflète admirablement bien le contexte scolaire québécois. En ce sens, il s’agit d’un ouvrage qui propose une réflexion solide tout en tenant compte des nombreuses contraintes actuelles des enseignants. Il permet d’identifier avec justesse des questions méthodologiques fondamentales liées aux problématiques actuelles entourant l’évaluation des compétences, comme par exemple : « Jusqu’où faut-il aller pour mettre à dure épreuve l’effort de mobilisation ? » (p. 159) ; « Suffit-il d’examiner un produit fini pour qu’émergent les indices de la capacité d’un individu à mobiliser des ressources, et ce, sans qu’on l’ait observé sur place, en pleine action ? » (p. 229). Cependant — et malgré les nombreux avertissements de l’auteur sur les limites actuelles de la méthodologie de l’évaluation de situations complexes —, nous nous serions attendus à davantage de pistes de solution de la part de l’auteur à propos des nombreux problèmes qu’il soulève. Certaines initiatives de recherches américaines et européennes — réalisées dans des États ou des pays qui ont aussi adopté l’approche par compétences — auraient pu être décrites par l’auteur afin de bonifier les pistes de solution qu’il propose.

En terminant, mentionnons que l’ouvrage s’adresse principalement aux praticiens, à savoir les enseignants, les conseillers pédagogiques et les directeurs d’établissements scolaires qui sont concernés par l’approche par compétences. Ce volume peut également être une référence fort intéressante pour les étudiants en formation initiale en enseignement. À cet effet, à la fin des dix premiers chapitres, on retrouve des exercices, des exemples, des suggestions de thèmes à débattre et des éléments de réflexion qui permettront aux étudiants ou aux praticiens de poursuivre leur réflexion.