Corps de l’article

Cet ouvrage est divisé en trois parties. La première réserve une place de choix aux rôles de l’enseignant. Les auteurs y présentent différents cadres de référence ainsi que des notions d’ingénierie pédagogique favorisant la collaboration à l’aide des technologies de l’information et de la communication (TIC). Le dernier chapitre de cette première partie est toutefois plus axé sur la biologie et la neurologie que sur l’apport des TIC en apprentissage collaboratif. L’auteur y présente la perspective des sciences cognitives et se limite à énumérer quelques applications informatiques qui peuvent être utilisées pour favoriser la collaboration. Le lien entre ce chapitre et le reste de l’ouvrage est difficilement observable. La deuxième partie de l’ouvrage touche les différentes formes d’interactions vécues lors de situations de collaboration informatisées ainsi que différents aspects propres à ces interactions. Enfin, la troisième partie présente l’appropriation et l’utilisation de dispositifs par les apprenants et les professionnels de l’enseignement.

La richesse de l’ouvrage repose en grande partie sur les synthèses présentées à la fin de chaque partie. Ce « regard sur les concepts » ne se limite pas à une synthèse des chapitres, mais permet aussi de présenter un tableau dans lequel sont inclus les éléments de définition des auteurs sur la collaboration, la coopération et les communautés d’apprentissage et de pratique. Ces synthèses permettent d’enrichir les connaissances du lecteur sur le plan conceptuel.

Il importe aussi de souligner la diversité des articles qui y sont présentés. Étant donné l’éventail d’auteurs qui ont participé à la rédaction de cet ouvrage, les textes touchent la collaboration à différents niveaux : au niveau universitaire (soutien des futurs maîtres) et au niveau scolaire (collaboration entre les enseignants et les élèves, les élèves et les experts ou encore les élèves et la communauté). Malheureusement, la majorité des études effectuées au niveau scolaire touchent le primaire. Le secondaire n’est que peu abordé. En outre, il semble y avoir une faille entre ce qui se fait au niveau primaire et au niveau universitaire. L’exploitation de cette avenue aurait permis de dresser un portrait plus complet de la situation.

Bien que quelques études mentionnent l’importance d’utiliser les TIC de façon à maximiser leur apport pédagogique, peu d’auteurs, sauf Karsenti et Fortin, soulignent le caractère complémentaire des TIC (utilisation pour améliorer les conditions de collaboration et non nécessairement pour les modifier complètement). Les différents chapitres laissent peu transparaître cet aspect de complémentarité. D’un autre côté, quelques auteurs ont soulevé certaines limites reliées à l’intégration des TIC dans les situations d’apprentissage collaboratif. Les TIC ne représentent pas un remède à tous les maux et il importe de le rappeler.

De plus en plus d’auteurs considèrent l’apprentissage comme un processus social plutôt qu’individuel. Il s’avère donc important de comprendre l’apport des TIC dans les situations d’apprentissage collaboratif. C’est ce que cet ouvrage permet de faire à travers le portrait de la situation qui y est dressé. On y identifie des moyens pour faciliter l’utilisation des outils technologiques, des pistes pour guider les recherches à venir et les limites propres à l’intégration des TIC en apprentissage collaboratif. Bref, un ouvrage complet qui vaut la peine d’être lu par quiconque s’intéresse à l’apprentissage collaboratif et aux TIC.