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Couvrant un éventail de projets assez hétéroclites, le thème global de cet ouvrage est tout de même de grande actualité. Face à la brûlante question du développement durable, les arguments et exemples de la coopération internationale évoqués sont d’une utilité certaine. Commençant par une discussion générale de la problématique du développement inégal nord-sud, le premier directeur de cette collection brosse dans les grandes lignes les liens liant la globalisation au développement durable. Il aboutit à quelques principes d’application pour une coopération scientifique au développement durable, où il souligne le caractère fondamental de certains aspects, allant de l’éducation aux innovations technologiques, en passant par le principe fondamental du partenariat véritable, qui s’impose. Ce sont, enfin, des généralités assez bien connues qui valent la peine d’être à nouveau soulignées.

Le lecteur est ensuite amené dans une ville sénégalaise, où il découvre un projet du nom d’IMAP (Instruments et modèles pour un aménagement participatif) qui rappelle le principe fondamental selon lequel un système de gestion requiert la participation des différents acteurs, la compétence de chacun dans son domaine spécifique et une démarche qui comprend un mode d’intervention basé sur un système de données à référence spatiale (SIG). Quelques concepts novateurs sont avancés, tels que la formalisation de la participation ainsi qu’une cartographie participative. Cependant, d’un point de vue chronologique, l’affirmation que la dernière étape est celle de l’identification des priorités conduite au sein du forum participatif semble a priori un postulat discutable. Nous passons ensuite aux Amériques, pour jeter un regard sur le projet du nom de Valorisation Cuba qui a pour objectif de mettre en valeur des matières cubaines uniques, insistant sur des applications pharmaceutiques et médicales. Les auteurs affirment que c’était une formule idéale pour une coopération, dès lors que les Cubains possédaient des ressources originales et que le projet a permis à Cuba de renforcer son indépendance technique et économique à court terme, dans le domaine de la production des médicaments.

Par ailleurs, une autre étude de cas est présentée par le deuxième responsable de cette brève collection d’exemples de la coopération internationale au développement durable, à savoir celui de l’électrification rurale dans un contexte maghrébin. Ceci est suivi d’un chapitre final qui veut, somme toute, que le vrai défi du changement soit de passer du technique au social. À l’aide des cas présentés, les auteurs insistent sur la problématique du transfert de la technologie et sur le processus de socialisation des innovations techniques. Les propos de Manuel Castells cités dans cet ouvrage ont toute leur pertinence: «La diffusion de la technologie amplifie sans cesse le pouvoir de la technologie, à mesure que les usagers se l’approprient et la redéfinissent. Les technologies ne sont pas seulement des outils à utiliser mais des procédés à développer» (La société en réseaux, p. 124).

En bref, un sujet d’actualité, des exemples fort pertinents, une couverture internationale variée (l’Afrique et l’Amérique latine), une approche à saveur helvétique, mais un ouvrage dans lequel les principes évoqués sont relativement bien connus.