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Alain Dubresson, professeur à l’université de Paris X-Nanterre, et Jean-Pierre Raison, professeur émérite de la même université, connaissent profondément le continent noir. D’entrée de jeu, ces auteurs, refusant de sombrer dans le pessimisme, se posent la question de savoir comment la crise profonde que traverse l’Afrique subsaharienne ouvre sur une pers-pective d’avenir. En effet, leur ouvrage, fruit d’une analyse géographique de l’Afrique noire, porte une attention particulière à la question du changement.

L’ouvrage est divisé en sept chapitres. Le premier est consacré au problème des encadrements et porte notamment sur une pratique commune d’interventionnisme étatique et une capacité d’encadrement basée sur une économie de rente. Le second chapitre analyse la croissance démographique de ce continent. Occupant le dernier rang en matière de développement économique, l’Afrique noire se situe au premier plan mondial pour ce qui est de la croissance de sa population. Le troisième chapitre expose les mutations de l’Afrique rurale qui assume des charges multiples : celles de contenir la croissance démographique, de nourrir les villes et d’assurer une part importante des exportations. L’Afrique urbaine fait l’objet du quatrième chapitre. Le continent noir serait engagé dans deux processus comparables à ceux du continent latin et du continent asiatique : une « mégapolisation décalée dans le temps » et une « informalisation accélérée ». Le cinquième chapitre met en relief le rôle encadrant du domaine religieux. Toutefois, les cultes africains auraient cédé une large part de terrain aux religions étrangères monothéistes, notamment au christianisme et à l’islam. L’analyse géographique prend son importance dans le sixième chapitre. Les auteurs précisent que le contenu politique et économique de la mosaïque africaine est profondément modifié, mais que des lignes de forces apparaissent tout en concourant à l’émergence d’une recomposition des formes traditionnelles d’organisation de l’espace. Le septième chapitre, consacré à l’intégration régionale et à l’insertion au système-monde, fait une analyse critique de ces deux expressions et met en lumière les transformations affectant actuellement l’économie politique africaine.

En conclusion, cet ouvrage explore les perspectives qui s’offrent à l’Afrique noire. Les auteurs insistent sur la nécessité d’agir et d’établir des connections et ce, à l’échelle locale, nationale, sous-régionale, régionale et mondiale. À mon avis, le point fort de cet ouvrage demeure la souplesse épistémologique des écrits. En outre, l’approche géographique, abondamment illustrée de cartes, de tableaux et de croquis, s’avère particulièrement éclairante.