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Un petit atlas pour le grand public, agréablement présenté avec une couverture qui nous invite vers ce qui semble un paradis polynésien perdu entre un ciel de rêve et une mer d’un bleu infini : nul doute que cette mise en page ne soit attirante sur les tablettes des librairies pour un ouvrage sur le développement durable.

Le contenu est divisé en trois grande parties précédées et suivies de quelques pages de mise en contexte et de perspectives.

Une première partie traite du développement humain : neuf thèmes y sont abordés en autant de planches présentées en double page. Cela va de la démographie mondiale aux conflits politiques en passant par l’accès à l’eau, la malnutrition, l’accès à la santé et à l’éducation, le statut des femmes, la liberté de la presse et le mal-être social.

La seconde partie traite de l’environnement et des risques : dix planches sur les catastrophes naturelles, les pollutions et catastrophes industrielles, les mers et océans, la désertification, les forêts, la biodiversité, les changements climatiques, les déchets, l’environnement urbain et l’empreinte écologique.

La troisième partie aborde l’économie, les dépendances et la solidarité : dix autres planches sur les prélèvements d’eau, la consommation et la production énergétiques, l’agriculture, les transports, les communications, les inégalités et la pauvreté, les dépendances (endettement des pays en développement), la corruption, l’éducation, la santé, la défense, les priorités sociales et les solidarités internationales.

Les planches sont présentées de façon similaire et classique pour chaque thème : un court texte de synthèse sur une colonne et quelques cartes et schémas qui viennent illustrer les thèmes. L’information est pertinente. Sa présentation ne se limite pas à la seule cartographie sur une mappemonde. Quelques schémas soulèvent des questions plus spécifiques. Je ne prendrai pour exemple que la planche sur la démographie : nous y trouvons à la fois deux cartes sur la croissance démographique et sur la mortalité infantile, mais aussi trois schémas sur les migrations, la fécondité, l’espérance de vie à la naissance. C’est court, synthétique. Les cartes sont visuellement très bien réalisées : d’un regard, on perçoit le message.

Je ferais trois critiques pour cet ouvrage. D’abord, il y a encore quelques oublis de détail dans plusieurs schémas et cartes (année de référence, unités de mesure). Deuxièmement, les cartes mondiales sont intéressantes, mais les données présentées débouchent généralement sur la même division systématique nord-sud : pays riches et pays pauvres. Bien sûr, ceci est inévitable, puisque le mal développement se reflète tant dans l’environnement que dans l’économie et le social. Il y a donc après quelques planches une certaine répétition qui vient nuire à l’objectif du volume, qui est de présenter les diverses facettes du développement durable. Ceci nous amène à la troisième remarque : pour un atlas mondial, était-il nécessaire de s’en tenir à l’échelle globale pour la présentation de chaque thème? Certains d’entre eux auraient pu être présentés de façon plus percutante s’ils avaient comporté des analyses à des échelles continentales, nationales, régionales ou même locales. Quelques tentatives sont faites en ce sens, mais elles sont limitées (taux de suicide en Europe par exemple, déchets municipaux, production non durable d’eau en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pauvreté dans les pays développés, dette en Afrique).

Voici cependant un très bon ouvrage pour l’enseignant au secondaire ou même au collégial, qui offre d’excellents outils pédagogiques d’animation et de discussion. Je ne doute pas que ce premier essai connaîtra un succès mérité et qu’il sera suivi rapidement d’une édition augmentée par des textes et des planches plus orientées vers les perspectives d’action, comme l’avaient déjà tenté Ekins et ses collaborateurs dans TheGaia Atlas of Green Economics publié en 1992.