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Micheline Dumont et Louise Toupin proposent ici un ouvrage de référence imposant, tant par sa taille que par la recherche dont il est le fruit. L’objectif premier de cette anthologie est d’apporter une contribution à la connaissance du mouvement féministe québécois en rendant accessible les « textes écrits par les militantes elles-mêmes » (p. 22). Redonner la parole aux femmes, voilà un but louable en soi, mais qui gagne encore en pertinence lorsque les auteures expliquent avoir voulu remettre les écrits de ces femmes en perspective.

Après une introduction qui présente les concepts nécessaires à la compréhension du choix des textes, trois principales parties, chacune brièvement introduite, composent le coeur de l’ouvrage. La première, « Le féminisme et les droits de la femme (1900-1945) », présente des extraits de textes des pionnières du mouvement des droits de la femme, les Marie Gérin-Lajoie, Thérèse Casgrain, Éva Circé-Côté et autres. La deuxième partie, « Le féminisme comme groupe de pression (1945-1985) », englobe, sur le plan temporel, la troisième partie, « Le féminisme comme pensée radicale (1969-1985) », mais s’attarde à l’institutionnalisation de la pensée féministe après la Seconde Guerre mondiale. Cette partie regroupe des textes issus d’un courant bien connu et typé de la pensée féministe, le féminisme égalitaire. La troisième partie, comme son titre le laisse présager, présente les textes issus du courant radical du féminisme qui se met en place au Québec à partir de 1969 avec notamment le Front de libération des femmes du Québec. Chacune de ces trois parties est brièvement introduite.

Le nombre de textes présentés (186) est significatif de la vigueur de la pensée féministe au Québec depuis le début du xxe siècle. Pour chacun des textes (ou des extraits dans plusieurs cas), un court paragraphe de présentation permet d’en apprendre un peu sur le contexte de production et sur l’auteure. Une réserve m’apparaît ici nécessaire : le nombre de textes choisi, aussi évocateur soit-il, entraîne des répétitions inévitables, d’autant plus que plusieurs ont été rédigés par les mêmes femmes. J’aurais parfois aimé voir le nombre de textes réduit et l’intégralité des textes privilégiée à l’extrait.

Il n’en demeure pas moins que La pensée féministe au Québec devrait occuper une place de choix dans les bibliothèques de tous ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire des idées au Québec, à l’histoire et à la situation actuelle des femmes au Québec. Une seule chose en terminant, pourquoi avoir décidé de conclure en 1985 ?