L’une comme l’autre : compassion et coénonciation dans Cimetières : la rage muette

Résumé

Le « Sujet » de la poésie, dans l'oeuvre de Denise Desautels, n'est ni individuel ni collectif. Toujours singulier, il passe toutefois par plusieurs « voix » pour s'énoncer, ces voix étant le plus souvent celles d'autres créateurs, peintres, photographes ou sculpteurs, avec lesquels le « je » énonciateur semble faire communauté. Cet article explore les différentes manières d'« être ensemble » dans la parole poétique et le type d'ethos énonciatif qui sous-tend, notamment dans Cimetières : la rage muette, ce mode d'écriture à plusieurs voix qui dépasse les oppositions classiques entre identité et altérité ou entre individualité et collectivité, et qui met en place les conditions d'émergence d'une nouvelle subjectivité.

Abstract

The "subject" of poetry in the work of Denise Desautels is neither individual nor collective. Though always singular, the subject nonetheless finds expression through several "voices", in general the voices of other creative people - painters, photographers or sculptors - with whom the speaking I seems to find community. This article explores the different ways of "being together" in poetic speech and the type of enunciative ethos that can be found — particularly in Cimetières: la rage muette — to underly a type of writing with several voices, one that transcends classic oppositions between identity and alterity or individuality and collectivity to establish the conditions for the emergence of a new subjectivity.