Comptes rendus

Collectif Debout pour l’école, Une autre école est possible et nécessaire, Delbusso, 2022, 472 p.

  • Nicole Gagnon

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  • Nicole Gagnon
    Professeur retraité de sociologie, Université Laval

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Couverture de Les petites sociétés vues du Québec : études et chantiers, Volume 64, numéro 2, mai–août 2023, p. 271-507, Recherches sociographiques

« Nous souhaitons [...] Que la mission de l'école soit revue à l'occasion d'une démarche démocratique [...] Que les finalités officielles d'instruire, de socialiser et de qualifier du ministère de l'Éducation du Québec (MEQ) soient revues afin de favoriser l'émancipation » (p. 454), conclut ce Collectif dont la tête dirigeante – « coordinatrice et porte-parole », comme il est de bon ton de dire – est Suzanne Chartrand, didacticienne de français retraitée, auteur d'une grammaire, dotée en prime d'un pedigree à titre de fille du célèbre couple et petite-fille de juge. Une élite, en somme. Le Collectif regroupe près de cent collaborateurs, doctorants, actifs ou retraités, qui cosignent à deux ou à douze les vingt-quatre chapitres de l'ouvrage sur différentes facettes de la question. Bien que s'y trouvent plusieurs didacticiens, un seul chapitre, mal satisfaisant, traite de didactique du français, et on assimile globalement ce type de savoir à une pédagogie spécialisée par discipline scolaire. Or la didactique porte en droit non pas sur le « comment » mais sur le « quoi » et relève par conséquent de l'épistémologie. Au chapitre sur la formation des maîtres, les auteurs notent, sans le déplorer, le peu de place faite aux fondements historiques, philosophiques et sociologiques de l'éducation, considérations à peu près absentes de l'ouvrage. Quelques chapitres se donnent un repère chronologique de trente ou quarante ans; les deux derniers remontent aux années soixante avec le rapport du comité Tremblay pour la formation professionnelle, et le fort courant d'éducation des adultes à l'époque où existait telle chose que la Direction générale de l'éducation permanente, qu'on mentionne sans plus. On connaît encore moins les Alain, Arendt ou Habermas. Quant au contre-discours de la sociologie : « parasitage des institutions », « déraison pédagogique », « dérapage didactique », « éducation à la dérive », on n'en veut rien savoir. L'ouvrage ne traite pas de l'impact des syndicats ni du monopole professionnel des diplômés des facultés d'éducation sur l'enseignement obligatoire. On n'a pas eu la curiosité d'aller voir ce qui se trame dans les officines du Ministère ou de consulter quelque monographie sur le sujet – si ça existe. Où sont passés les Arthur Tremblay et Yves Martin d'antan qui pensaient le système, l'équipe Joly qui concoctait programmes et examens? Il semble bien qu'il n'y en ait plus depuis belle lurette. Les fonctionnaires ne sont pas là pour penser, ils gèrent les dossiers. Les gouvernements les dédoublent par des consultants de l'extérieur pour concevoir les politiques. Et où va-t-on chercher ceux d'éducation? Dans les facultés d'éducation. « Ce n'est pas moi, ce sont les didacticiens », se défendait en 1997 sur les ondes publiques le responsable de l'enseignement du français. On ne va pas reprocher aux auteurs de ne pas avoir écrit le livre qu'on souhaiterait lire, il s'agit plutôt d’indiquer les bornes de celui qu’ils nous offrent : le propos est tout entier enclos dans le discours des sciences de l'éducation. Cette « école que nous voulons » du manifeste ne concorde pas avec celle que peuvent concevoir les scientifiques ou intellectuels extérieurs à la corporation, elle n'est pas nécessairement celle que veulent les parents ni les citoyens, concernés en dernière instance, l'éducation étant une question éminemment politique. La cible la plus voyante du Collectif est l'école privée, dont on récuse qu'elle puisse être d'intérêt public. « Il est inadmissible que l'État subventionne un réseau qui participe et accentue la ségrégation scolaire » (p. 453) (SVP : qui participe à la ségrégation scolaire et l'accentue.) Le même grief est adressé à l'école publique à projet particulier (sport, musique), puisqu'elle est sélective, seuls les …