Comptes rendus

Victor Piché, Céline Le Bourdais, Richard Marcoux et Nadine Ouellette (dir.), L’éclairage de la démographie. Mesurer pour mieux comprendre les enjeux sociaux, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2022, 392 p.

  • Simon Langlois

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Couverture de Les petites sociétés vues du Québec : études et chantiers, Volume 64, numéro 2, mai–août 2023, p. 271-507, Recherches sociographiques

Quantitative par définition, la démographie privilégie les données chiffrées issues des recensements nationaux – son pain quotidien, pourrait-on dire, – mais aussi provenant des statistiques publiques ou encore des enquêtes autorisant des généralisations à toute une population. « Les faits de quelque nature qu’ils soient, sont la véritable richesse du philosophe » avance Denis Diderot dans De l’interprétation de la nature (1753). Les faits issus des sources mentionnées plus haut sont aussi la véritable richesse des démographes (et, j’ajoute, des autres spécialistes en sciences sociales), d’où la pertinence de la référence à la mesure dans le sous-titre de cet ouvrage. Les mesures faites dans les règles de l’art livrent des savoirs fondés, au sens donné à ce terme par Raymond Boudon. Cet ouvrage aborde une seconde dimension, celle d’éclairer les enjeux sociaux à la lumière de données validées et de mieux fonder les débats de société. Soulignons d’abord la grande pertinence de cette publication à notre époque où se multiplient les fausses nouvelles, la désinformation, les biais de confirmation dans la bulle de certains réseaux sociaux et dans les « chambres d’écho », les « faits alternatifs » et même la post-vérité, qui sont autant de contestations et de défis posés aux faits de société avérés au sens de Diderot. Une autre raison explique l’à-propos de cet ouvrage, justement signalé dans l’introduction en forme d’autocritique, soit la communication déficiente des chercheurs avec le grand public et avec les décideurs, qui est déplorée (avec raison) par les coordonnatrices et coordonnateurs du volume. Ceux-ci ont donc identifié différents domaines – la famille, l’immigration et la diversité, la santé et le vieillissement, l’éducation, l’environnement, le logement et l’aide au développement – susceptibles d’être éclairés par des travaux en démographie. On a demandé aux auteurs de présenter une brève synthèse sur l’état des savoirs portant sur ces différents domaines, tout en leur suggérant d’analyser les enjeux sociaux en lien avec les savoirs rapportés. Ces liens entre les objets de la recherche et les enjeux de société soulèvent d’importantes questions d’ordre moral et éthique. J’y reviendrai après avoir esquissé rapidement le contenu de l’ouvrage qui réunit 37 spécialistes – démographes pour la majorité et quelques sociologues intéressés par les études sur les populations – dont je souligne la grande qualité des contributions. La première section de l’ouvrage porte sur la mesure des caractéristiques des familles et l’analyse de la conjugalité. Danielle Gauvreau critique les idées reçues sur le caractère exceptionnel de la fécondité québécoise passée. Les contributions de Philippe Pacaut et de Marianne Kempeneers portent sur le concept même de famille et notent le retard mis par les statistiques officielles à prendre en compte les mutations qui la caractérisent. Kempeneers montre que le modèle de la dyade parents-enfants cohabitant a éclaté et donné lieu à différents modèles de vie que ne saisissent pas les statistiques officielles. « (…) Statistique Canada reste attaché au critère de corésidence qui laisse totalement dans l’ombre la nature des liens activés entre les membres non cohabitant de l’entourage familial » (p. 89), bien que l’Enquête Sociale Générale tente de mieux refléter la réalité des familles. Mieux refléter la réalité contemporaine des familles, selon l’autrice, s’avère essentiel pour orienter les (très nombreuses) politiques publiques visant les familles, notamment la prise en charge des personnes âgées. L’immigration et la question de la diversité étaient incontournables dans un tel ouvrage. Ces objets de recherche posent des difficultés théoriques importantes. Comment définir et mesurer le racisme (Victor Piché)? Comment mesurer la langue – maternelle, parlée au foyer, au travail, etc. – des individus (Jean-Pierre Corbeil)? Comment mesurer l’identité autochtone (Éric Guimond et Richard Marcoux)? …

Parties annexes