Hors-dossierRecensions

Jean-Michel Turcotte, Comment traiter les « soldats d’Hitler » ? Les relations interalliées et la détention des prisonniers de guerre allemands (1939-1945), Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2022, 406 p.

  • René Laliberté

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  • René Laliberté
    Université Laval

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Couverture de Au nom de l’universel : le Québec et les droits humains au XX<sup>e</sup> siècle, Volume 31, numéro 3, hiver 2024, p. 7-248, Bulletin d'histoire politique

Le présent ouvrage constitue une version remaniée de la thèse de l’auteur, laquelle a été produite à l’Université Laval et soutenue en 2018. L’étude de Turcotte, maintenant chercheur au ministère canadien de la Défense après un postdoctorat à Berlin, aborde surtout les enjeux et la complexité des opérations de captivité des soldats allemands détenus en Amérique du Nord, avec un accent mis sur le rôle particulier du Canada, pendant la Seconde Guerre mondiale. L’une des particularités de l’étude par rapport à l’historiographie sur le sujet est la distance qu’elle prend à l’égard de l’approche conventionnelle d’étudier la captivité de guerre dans un cadre national ou régional spécifique. Ici, les prisonniers de guerre et leur gestion sont étudiés comme des aspects des relations entre les Alliés, plus précisément le Canada, les États-Unis et la Grande-Bretagne. L’appareil critique mobilisé est appréciable. Le travail s’appuie sur des documents d’archives canadiennes, états-uniennes, britanniques, suisses et allemandes. Les six premiers chapitres, plus longs, se succèdent selon une logique chronologique. Le premier chapitre jette les bases du sujet en présentant, entre autres, les différents acteurs et leur situation respective à l’entrée dans la guerre ainsi que d’autres éléments contextuels pertinents pour le sujet abordé, notamment la Convention de Genève. Le deuxième chapitre aborde les débuts de la captivité au sein du Commonwealth et s’intéresse plus spécifiquement aux modalités établies entre le Canada et la Grande-Bretagne. L’accent est mis sur les tensions issues du statut du Canada, à la fois État indépendant et membre du Commonwealth. Tandis que Londres se positionne en tant que responsable pour tous les États du Commonwealth des relations diplomatiques avec l’Allemagne sur le sujet de la détention des prisonniers, le Canada doit composer avec les leviers qui lui restent, soit par exemple les modalités de la détention et le nombre de détenus qu’il accepte de recevoir sur son territoire. Ces deux points font l’objet de négociations où Londres cherche à uniformiser les pratiques au sein du Commonwealth alors qu’Ottawa négocie selon ses intérêts propres. Le troisième chapitre reconduit l’analyse de ces mêmes enjeux, mais dans un contexte toujours plus fluctuant où la guerre, tout comme le nombre de prisonniers, prend de l’ampleur, et que l’effort de coordination entre les États se complexifie. Le quatrième chapitre marque l’entrée en guerre des États-Unis et, conséquemment, l’arrivée de prisonniers sur son territoire. Ce développement modifie la dynamique fortement teintée par la structure du Commonwealth et relâche un peu la pression exercée par le nombre croissant de prisonniers à gérer. Le cinquième chapitre porte quant à lui sur l’année 1944, marquée par d’importants gains militaires des Alliés et, conséquemment, une intensification importante des activités de captivité et l’atteinte des limites organisationnelles préalablement élaborées. Il en résulte un accroissement des consultations entre Alliés, des échanges d’expertises et des ajustements ; autant d’occasions d’observer l’affirmation des intérêts nationaux respectifs dans un contexte de nécessaire coopération. Le sixième chapitre porte quant à lui sur la fin du conflit et sur l’après-guerre. La situation est délicate, car l’État allemand cesse en quelque sorte d’exister et l’application du statut de prisonnier de guerre pour ses soldats pose problème. Le chapitre rappelle que les rapatriements les plus tardifs de prisonniers allemands s’effectuent en 1949 et montre l’opportunisme des Alliés à utiliser cette population pour combler des besoins économiques. Les chapitres 7, 8 et 9 rompent avec la logique chronologique préalablement établie pour emprunter une logique thématique. Ils portent respectivement sur les conditions de détention, la mise au travail des prisonniers et la prise en compte du facteur de l’idéologie nazie des prisonniers dans les opérations de captivité. Ces chapitres permettent d’approfondir et …