Hors-dossierRecensions

Marion Pouffary, Robespierre, monstre ou héros ?, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », 2023, 339 p.

  • Marc Bordeleau

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  • Marc Bordeleau
    Professeur d’histoire, Collège Jean-de-Brébeuf

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Couverture de Au nom de l’universel : le Québec et les droits humains au XX<sup>e</sup> siècle, Volume 31, numéro 3, hiver 2024, p. 7-248, Bulletin d'histoire politique

Marion Pouffary est docteure en histoire moderne et contemporaine, chercheuse associée au Centre d’histoire du XIXe siècle (Sorbonne) et fonctionnaire parlementaire en France. Ce livre est une adaptation de sa thèse de doctorat, soutenue en 2019. L’historienne s’inscrit dans une historiographie s’intéressant à la construction ou la déconstruction des différents mythes autour de Robespierre. Ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire de la Révolution française et, en particulier, à la vie et à l’oeuvre de Robespierre, connaissent cette boutade désespérée de l’historien Marc Bloch : « Robespierristes, antirobespierristes, nous vous crions grâce, par pitié, dîtes-nous simplement, quel fut Robespierre » ! Celui qu’on surnomma l’Incorruptible fut en effet l’objet de légendes noires ou dorées, « de creux réquisitoires [succédant à] de vaines réhabilitations ». Le XIXe siècle français est au coeur de l’élaboration puis de la transmission de ces légendes. L’ouvrage de Marion Pouffary s’intéresse justement à ces légendes noires et à la légende dorée sur Robespierre, que le XIXe siècle nous a transmises. Sans répondre à l’injonction de Bloch, la chercheuse reconstitue l’histoire d’une instrumentalisation politique et militante de l’héritage de l’Incorruptible. Elle fait un travail utile en présentant ces légendes et les différents contextes conduisant à fabriquer ces dernières, nous évitant de les perpétuer aveuglément. Pour l’historienne, ce militantisme ambiant, source de plusieurs légendes déformantes sur Robespierre, sera néanmoins utile occasionnellement. En effet, certains militants reproduiront quelques sources ou archives liées à ce révolutionnaire. L’apparition de telles sources, parlementaires, familiales ou anthologies des oeuvres (discours et écrits) de Robespierre, a permis l’écriture de plusieurs histoires mieux documentées sur la Révolution ainsi qu’une importante biographie de l’Incorruptible. Certes, la sélection de ces sources publiées demeurait partielle, mais l’autrice indique à la décharge de ces militants-historiens que ces dernières étaient nombreuses et éparses, donc difficiles à rassembler. Ainsi, il n’y a pas toujours une mauvaise foi militante et malgré les biais, ces sources permettront, tout au long du XIXe siècle, de préciser « les références à Robespierre » (p. 248). Reste que la hausse des publications/reproductions de ces archives n’éliminera pas l’instrumentalisation faite par les politiciens et les militants qui ne citèrent que les mêmes extraits, souvent hors contexte. Ces légendes ont continué à intoxiquer l’histoire et ce militantisme, à diminuer la complexité du réel. Chose que Marion Pouffary aurait pu affirmer plus explicitement. À travers tous les régimes politiques français du XIXe siècle, monarchie de Juillet (1830-1848), Seconde République (1848-1851), Second Empire (1851-1870) et, finalement, la IIIe République (1870-1940), Marion Pouffary présente et analyse l’évolution des différentes légendes sur Robespierre ainsi que leur utilisation dans les différents débats politiques. Ces légendes ne sont aucunement monolithiques et n’appartiennent pas exclusivement à un groupe idéologique. Par exemple, les légendes noires ne furent pas l’apanage des contre-révolutionnaires, elles existaient aussi à « gauche ». Finalement, ces régimes politiques qui se succédèrent furent aussi marqués par de nombreux débats sociopolitiques et ceux-ci ont occasionné l’utilisation des discours de Robespierre comme forme d’autorité ou de repoussoir (p. 278). Le livre est divisé (implicitement) en trois parties quasi autonomes. Les quatre premiers chapitres, constituant la première partie, sont ceux où Marion Pouffary présente ce qu’elle appelle le « retour de Robespierre sur la scène politique » (p. 27). Selon elle, ce dernier « aurait repris du service » en 1830, date où sa légende dorée fut relancée parallèlement et en opposition à l’avènement de la monarchie de Juillet. Les républicains radicaux, déçus par ce nouveau régime implanté rapidement par les notables libéraux, militèrent dans la « société civile » via des sociétés politiques (la Société des Amis du Peuple …

Parties annexes