Dossier : Au nom de l’universel : le Québec et les droits humains au XXe sièclePrésentation

Au nom de l’universel : le Québec et les droits humains au XXe siècle

  • Paul-Étienne Rainville et
  • Martin Petitclerc

…plus d’informations

  • Paul-Étienne Rainville
    Universités de Toronto et de Montréal

  • Martin Petitclerc
    UQAM

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Couverture de Au nom de l’universel : le Québec et les droits humains au XX<sup>e</sup> siècle, Volume 31, numéro 3, hiver 2024, p. 7-248, Bulletin d'histoire politique

Depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’Organisation des Nations unies (ONU) le 10 décembre 1948, la majorité des États démocratiques ont inscrit, en tout ou en partie, les principes du droit international des droits humains (DIDH) dans leur régime constitutionnel, sous forme de déclarations, de chartes ou de lois fondamentales. Ces principes ont aussi pénétré le droit privé et public de plusieurs États, contribuant à faire de ces droits l’un des instruments privilégiés de la régulation des rapports entre les États et leurs citoyens, mais aussi entre les citoyens eux-mêmes. Ces droits sont ainsi devenus l’une des principales normes pour évaluer la légalité et la légitimité des lois et politiques internes des États. En témoignent les débats récents qui agitent la société québécoise, que ce soit sur les enjeux liés à la laïcité, au racisme systémique ou aux lois linguistiques. La référence à l’idéal juridico-politique des droits humains est en fait devenue si omniprésente dans le discours public des sociétés que plusieurs évoquent l’entrée dans une « ère des droits », voire une « révolution des droits ». Ce dossier aborde différents aspects de cette montée en puissance des droits humains et de ses impacts sur le déplacement des frontières du champ politique au Québec et au Canada. Depuis la Déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789, les droits humains ont connu de profondes mutations, sous l’impulsion de mouvements sociaux tournés vers l’application de leurs principes et l’élargissement de leur portée. Ces droits en sont ainsi venus à incarner un idéal de liberté, d’égalité, de justice sociale et de dignité humaine qui dépasse largement cette codification institutionnelle. Ce dossier présente des exemples de mobilisations et d’actions collectives autour de cet idéal émancipateur au Québec. L’idéal des droits humains peut bien sûr produire des exclusions ou des invisibilisations, sur lesquelles nous reviendrons. Insistons ici sur le fait qu’il procure des ressources politiques favorisant la mobilisation des personnes exclues ou invisibilisées qui contribuent, ainsi, à approfondir le sens et à étendre le champ d’application des droits humains. Grâce à sa grande malléabilité, le « langage des droits humains » s’est graduellement imposé comme un outil de persuasion, de mobilisation et de création de réseaux de solidarité locale, nationale, transnationale ou mondiale. L’idéal émancipateur des droits humains conserve d’ailleurs toute sa pertinence dans un contexte national ou mondial marqué par la crise écologique, l’exploitation économique, le racisme et le sexisme systémiques, l’antidémocratisme, les conflits militaires et civils… L’existence de zones de non-droit un peu partout dans le monde nous rappelle la pertinence du projet d’une solidarité humaine universelle basée sur ce que Hannah Arendt a nommé le « droit d’avoir des droits ». Ces luttes continuelles pour le respect ou l’élargissement des droits humains démontrent bien que cette histoire est profondément conflictuelle. En effet, le mouvement des droits humains est confronté à des institutions qui lui échappent, qui peuvent vider ces droits de leurs sens, ou même les instrumentaliser pour justifier de nouvelles formes de domination et de subordination. Cela concerne au premier chef les luttes pour la justice sociale abordée dans la plupart des textes de ce dossier. En effet, les droits économiques et sociaux ont toujours été les parents pauvres du corpus des droits humains. Les raisons sont multiples, mais la principale est que leur mise en application exige des politiques de redistribution des richesses qui ne relèvent pas du pouvoir judiciaire dans une démocratie libérale et une économie capitaliste. C’est pourquoi les droits économiques et sociaux vont rarement plus loin que la reconnaissance formelle d’un minima social, au-delà duquel les mécanismes …

Parties annexes