Recensions

François Renaud, La justice du dialogue et ses limites. Étude du Gorgias de Platon. Paris, Société d’édition Les Belles Lettres (coll. « Études anciennes - Série grecque », 162), 2022, 335 p.

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    Collège de Maisonneuve, Montréal

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Couverture de Volume 80, numéro 1, 2024, p. 3-164, Laval théologique et philosophique

Le Gorgias est un dialogue platonicien abondamment lu et commenté. Comme le rappelle Isocrate : « […] sur des sujets connus, il est rare de découvrir des développements que personne jusque-là n’ait donnés, sur des sujets sans valeur ni élévation, la première expression venue est tout entière le bien propre de celui qui l’a prononcée ». Impossible, donc, d’être original dans l’étude d’un texte à la bibliographie aussi vaste. Dans la nouvelle parution qu’il lui a consacrée (La justice du dialogue et ses limites. Étude du Gorgias de Platon, paru aux Belles Lettres en 2022), François Renaud annonce d’emblée cette difficulté en soulignant que son interprétation est « redevable aux travaux de nombreux collègues » et justifie la pertinence et la nouveauté de son travail par le fait qu’il En ce sens, François Renaud propose une lecture du Gorgias qui s’inscrit dans le courant de revalorisation de la forme littéraire des Dialogues et qui s’éloigne de la tradition plus analytique de Vlastos et d’Irwin, estimant « qu’en dernière instance le porte-parole de Platon est en quelque sorte l’ensemble des éléments du dialogue » (p. 20). Résumons d’abord le propos de l’ouvrage. Renaud prend pour point de départ le caractère agonistique du Gorgias et cherche à défendre les trois thèses suivantes qu’il qualifie d’« interreliées » (p. 42) : Après une introduction dans laquelle des remarques sur l’unité du dialogue, les précisions d’usage sur son contexte de rédaction et les publications majeures récentes sont présentées, l’auteur annonce un plan en deux parties d’inégale longueur dont l’une introduit la seconde. Dans la première partie, l’auteur propose d’abord de « lire le Gorgias à l’antique » en exposant les leçons interprétatives que l’on peut tirer du commentaire néoplatonicien du Gorgias par Olympiodore. Puis, il offre une comparaison des stratégies littéraires et dialectiques utilisées par Xénophon et Platon pour mieux les démarquer et faire ressortir la spécificité de l’approche platonicienne. La seconde partie, divisée en sept chapitres, suit les principales sections du dialogue dans l’ordre de l’action dramatique en accordant une attention proportionnelle à la longueur des sections, soit un chapitre pour Gorgias, deux pour Polos, trois pour Calliclès et un pour le mythe. La conclusion revient sur la portée du dialogue et une réitération du rôle de la dialectique et de la rhétorique suivie d’une ouverture actuelle succincte. La première partie de l’ouvrage est particulièrement digne d’intérêt. L’auteur commence par justifier avec brio les raisons de prêter attention au commentaire néoplatonicien écrit par Olympiodore d’Alexandrie (environ 505-565 ap. J.-C.), le seul qui nous soit parvenu du Gorgias. Renaud met en avant la force de l’interprétation d’Olympiodore qui repose sur « l’examen de l’unité entre l’action dramatique et le contenu doctrinal » (p. 63). Il tire de cette perspective deux sens du principe de cohérence pour Platon. Le premier sens est « descriptif » : il s’agit du fait que « les paroles sont le reflet des actions et du caractère, vertueux ou non, philosophiques ou non » (ibid.), ce qui correspond à la justesse psychologique avec laquelle le philosophe présente ses personnages. Le second est un sens « normatif » qui correspond à l’exigence de la vie philosophique, soit la cohérence incarnée par Socrate entre logique et morale. Renaud rappelle que le dialogue platonicien est « une imitation conçue comme une unité à la fois factuelle et idéelle de l’argumentation et de l’action, au sein de la vie » (p. 66). Autre point fort de cette première partie, la comparaison des stratégies dialectiques et littéraires de Xénophon et Platon. Renaud constate ainsi que Xénophon se concentre sur les …

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