Recensions

Michel Quesnel, Paul et l’agir chrétien. Une morale sans commandements ? Paris, Médiaspaul Éditions (coll. « Paul Apôtre »), 2022, 153 p.

  • François Doyon

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  • François Doyon
    Université Laval, Québec

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Couverture de Volume 80, numéro 1, 2024, p. 3-164, Laval théologique et philosophique

L’ouvrage Paul et l’agir chrétien de Michel Quesnel s’inscrit dans une tendance de recherche contemporaine en études bibliques qui se concentre sur la réévaluation et la redécouverte de figures historiques du christianisme, en particulier l’apôtre Paul. Cette tendance actuelle vise à transcender les interprétations traditionnelles, souvent influencées par des siècles d’exégèse et de théologie, pour revenir aux sources textuelles avec de nouvelles perspectives. Longtemps vu comme une figure de rigidité morale, Paul est ici réinterprété à travers un prisme radicalement différent. Quesnel, avec son expertise approfondie, se lance dans une exploration minutieuse des textes pauliniens, déconstruisant la réputation de sévérité souvent associée à cet apôtre. L’ouvrage s’efforce de démontrer comment la compréhension contemporaine de Paul, en tant que figure austère et dogmatique, ne tient pas compte de la complexité et du contexte dynamique de ses écrits. Quesnel propose une lecture nouvelle et nuancée, suggérant que la véritable essence de l’éthique paulinienne repose non pas sur la rigidité, mais sur les concepts de liberté, de grâce et d’amour, des piliers fondamentaux de l’agir chrétien. L’auteur analyse les lettres considérées authentiques les unes après les autres pour en examiner le vocabulaire de l’agir et résume souvent ses découvertes sous forme de tableaux récapitulatifs. En résumé, Paul de Tarse, dans sa démarche, semble se distancier de l’approche pharisaïque de la loi, en adoptant une posture qui, tout en prescrivant et en interdisant certains comportements, s’écarte de l’idée d’une obéissance stricte aux commandements dans le sens traditionnel. Il est notable que Paul, bien que citant parfois des commandements, ne les nomme pas toujours ainsi et privilégie l’intégration des préceptes énoncés par Jésus, même lorsqu’il ne les observe pas directement. La conception paulinienne de la loi semble transcender la simple obéissance ou désobéissance à des commandements spécifiques. Elle s’oriente plutôt vers une relation avec une réalité plus vaste, qu’elle soit Dieu, la vérité, la justice ou leurs contraires. Cette approche est illustrée par le fait que Paul utilise rarement le terme « péché » au pluriel, soulignant une vision du péché comme une entité singulière plutôt que comme une série d’actes isolés. Dans ses épîtres, notamment celle aux Galates, Paul conteste vigoureusement la légitimité de la loi de Moïse et des commandements particuliers, suggérant que la véritable loi à suivre est celle incarnée par le Christ. Il prône un agir fondé sur la foi en Christ, en contraste avec l’agir selon les oeuvres de la loi, et encourage à une liberté similaire à celle que Jésus a vécue, une liberté qui implique l’amour du prochain plutôt que l’obéissance à des règles spécifiques. Enfin, en analysant les consignes de comportement données par Paul aux Romains, il devient difficile de le qualifier de catégorique. Si certains passages peuvent sembler aller dans ce sens, ils sont plutôt l’exception que la règle dans son enseignement. Le passage sur l’obéissance aux autorités civiles, en particulier, doit être compris dans son contexte historique et culturel, sans projeter anachroniquement nos conceptions modernes de la séparation du religieux et du politique. Cette analyse met en lumière la nature dynamique et contextuelle de la pensée morale de Paul, qui semble chercher un équilibre entre les préceptes de la foi chrétienne et les réalités pratiques de la vie dans les communautés auxquelles il s’adresse. La conclusion, substantielle, est structurée en quatre parties principales. La première examine l’évolution de la pensée paulinienne, de ses premiers écrits normatifs à une approche valorisant la liberté chrétienne et l’amour-charité. La seconde partie se concentre sur les principes clés de la morale paulinienne, notamment l’amour-charité comme critère essentiel de moralité. La troisième section explore les origines de l’éthique de la …