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Tiphaine Samoyault. Traduction et violence. Paris, Éditions du Seuil, collection « Fiction & Cie », 2020, 206 p.

  • François Géal

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  • François Géal
    Université Lyon 2-Lumière

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Couverture de Brouillons de traduction, Volume 36, numéro 2, 2e semestre 2023, p. 9-387, TTR

La force et l’originalité de ce livre d’environ 200 pages (constitué en réalité de l’agencement de plusieurs articles autour d’une problématique commune) tiennent avant tout à ce qu’il prend le contrepied de toute une doxa traductologique selon laquelle l’univers de la traduction aurait été, depuis toujours, caractérisé par l’irénisme. Cette doxa est particulièrement puissante depuis ce que Tiphaine Samoyault appelle le « tournant éthique de la théorie de la traduction » (p. 22), incarné, à la fin du siècle dernier, par de grandes figures telles que Berman, Ricoeur ou Venuti. Le premier ne met-il pas constamment en avant le terme « hospitalité » (on sait qu’un de ses ouvrages les plus célèbres emprunte son titre au troubadour Jaufré Rudel : l’« auberge du lointain », v. Berman, 1999). Du reste, notre essayiste cite souvent Berman, preuve de son actualité vingt-cinq ans après sa disparition, quitte à simplifier sa pensée, par exemple lorsque, commentant un autre titre fameux, L’Épreuve de l’étranger (1995), elle ajoute : « l’épreuve est double, au sens du labeur et de l’impression » (p. 23); le terme « épreuve » est certainement plus polysémique, et il faudrait mettre aussi en avant la dimension de confrontation douloureuse à visée probatoire. Selon cette doxa, la traduction viendrait réparer le traumatisme de Babel : le consensus existait à l’origine, et la traduction aurait pour mission de le restaurer (p. 48). L’Éloge de la traduction de Barbara Cassin, note Samoyault, « se termine [également] par une apologie de l’autre et de ses langues » (p. 25). Le propos de l’essayiste est bien résumé en fin d’ouvrage, au chapitre 8 : « […] la traduction n’est pas toujours cet espace irénique de la rencontre et du partage que l’on aimerait qu’elle soit et dont notre époque, en délicatesse avec l’universel, voudrait faire le paradigme de toute la relation à l’autre. C’est d’abord et d’emblée une opération violente, d’appropriation et d’assimilation, où le mouvement de circulation masque assez mal les processus de domination » (p. 149). Ce propos est décliné de différentes manières : En marge de la thèse centrale qui y est soutenue, plusieurs idées intéressantes sont développées dans cet essai : Toutefois, à côté de ces passages éclairants et parfois très novateurs, d’autres paraissent obscurs ou moins convaincants : Enfin, il y a d’autres points de détail avec lesquels on peut ne pas être d’accord, et qui témoignent, semble-t-il, chez cette solide théoricienne, d’un certain manque de pratique en matière de traduction. Il s’agit notamment des passages suivants : Ces quelques réserves, voire ces critiques, n’éclipsent pas l’intérêt d’un essai particulièrement original et stimulant : en matière traductologique, elles incitent à un dialogue qui gagnerait à se poursuivre sous diverses modalités.

Parties annexes