Comptes rendus

Marie-Josée Saint-Pierre, Femmes et cinéma d’animation. Un corpus féministe à l’Office national du film du Canada 1939-1989, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2022, 242 p.

  • Julia Minne

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  • Julia Minne
    Université de Montréal
    Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Couverture de Genres et sports, Volume 36, numéro 1, 2023, p. I-296, Recherches féministes

Dès les premières lignes de son résumé, l’auteure affiche d’emblée l’objectif de son essai : celui de mettre en lumière les véritables pionnières du cinéma d’animation de l’Office national du film (ONF) du Canada entre 1939 et 1989. Derrière cet objectif, qui peut sembler à première vue extrêmement limpide et surtout grandement familier pour les chercheuses et critiques de cinéma féministes des générations les plus anciennes aux plus récentes, se cache en réalité un défi de taille. Premièrement, en tant que féministes, nous nous devons essentiellement de « faire preuve ». Ici, le « faire preuve » ne se résume pas uniquement à l’obligation du travail scientifique traditionnel en sciences humaines, c’est-à-dire de produire une recherche rigoureuse et étayée de sources soi-disant « objectives ». Bien au-delà de ce principe, nous avons le fardeau de la surproduction de preuves, comme si pointer du doigt les rapports de domination était une idée nouvelle, toujours biaisée par les théories féministes et contestable du point de vue de sa légitimité (Scott 1986; Ruphy 2015). Dans cette optique, comment produire un ouvrage qui pourrait revendiquer une réelle accessibilité des théories féministes du cinéma à un grand public (comme l’annonce le présent ouvrage)? Le second élément (essentiel à mes yeux) se situe dans l’originalité de la recherche, particulièrement dans le cadre d’un tel objet littéraire. Les recherches portant sur la réactualisation de corpus artistiques (qu’ils proviennent du champ du cinéma, des beaux-arts ou encore de la musique) se doivent de mentionner la manière dont les récits du passé ont évacué certains faits ou approches (en l’occurrence féministes dans ce contexte) aujourd’hui incontournables. Par ailleurs, elles doivent également démontrer comment ces corpus d’oeuvres résonnent avec notre actualité et à qui ces derniers sont susceptibles de s’adresser. C’est donc en prenant en considération ces deux perspectives que j’analyserai cet ouvrage. Il serait difficile pour moi de cacher mon admiration pour la démarche ambitieuse de Marie-Josée Saint-Pierre. En effet, s’attaquer à un corpus de cette ampleur s’avère un exercice redoutable pour deux raisons. Il faut tout d’abord prendre en considération l’importante littérature existante sur les films réalisés par les femmes à l’ONF. Je pense par exemple aux écrits des auteures telles que Jocelyne Denault, Louise Carrière, Louise Beaudet et Thérèse Lamartine, pour ne citer qu’elles. Ces précieuses références sont bien sûr nommées généreusement par Saint-Pierre qui, pour autant, choisit de ne pas s’attarder sur les apports – voire les limites – de ces contributions, comme nous pouvons le constater dans son introduction. Au contraire, l’intérêt de l’ouvrage réside dans la redécouverte même des oeuvres. Saint-Pierre nous amène donc à redécouvrir les formes artistiques employées par les animatrices Bettina Maylone, Mitsu Daudelin, Estelle Lebel et Rachelle Saint-Pierre, qui se serviront des techniques de la couture et de la broderie comme outils de revendication d’un art féminin (chapitre 3). La seconde partie de l’ouvrage, quant à elle, se concentre plus particulièrement sur une analyse sociologique des oeuvres suivantes : Petit bonheur, de Clorinda Warny (1972), Token Gesture, de Micheline Lanctôt (1975), La ménagère, de Cathy Bennett (1975), Interview, de Caroline Leaf et de Veronika Soul (1979), Trêve, de Suzanne Gervais (1983), Oniromance, de Luce Roy (1987) et Illuminated Lives, d’Ellen Besen (1989). À cet égard, les nombreux découpages techniques des films proposés par Marie-Josée Saint-Pierre nous conduisent à explorer la singularité de ce corpus à travers les thématiques de la maternité, du travail invisible ou encore des relations de couples hétérosexuels : thématiques, rappelons-le, chères à toute une génération de féministes pour qui « le privé est politique » et que l’on retrouvera …

Parties annexes