Comptes rendus

Vanina Mozziconacci, Qu’est-ce qu’une éducation féministe? Égalité, émancipation, utopie, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022, 409 p.

  • Romane Marcotte

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  • Romane Marcotte
    Cégep Garneau

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Couverture de Genres et sports, Volume 36, numéro 1, 2023, p. I-296, Recherches féministes

L’éducation est perçue à bien des égards comme un lieu par excellence de la lutte féministe contre les inégalités, comme en témoignent la promotion de l’égalité de genre par les programmes éducatifs nationaux et l’intérêt des ouvrages marquants de la pensée féministe pour cette thématique. L’ouvrage de Mozziconacci interroge cette apparente évidence, en s’appuyant sur un remarquable travail d’histoire des idées et une solide démonstration philosophique invitant à considérer l’éducation comme un objet plutôt que comme un moyen de la lutte féministe. Il aurait été utile que l’autrice relativise d’emblée les résultats de son enquête, qui traite principalement des perspectives françaises et états-uniennes sur la question de l’éducation. Toutefois, elle retrace avec subtilité les apories qui ont traversé les réflexions féministes occidentales sur l’éducation, qui ont guidé leur évolution et qui réclament désormais une nouvelle manière de penser cette question. Ces pensées ont effectivement comparé l’éducation ou bien à un outil d’émancipation, oubliant le pouvoir des structures sociales sur les individus, ou bien à un piège par lequel les institutions incitent à l’assujettissement, laissant peu de place à des projets pour les déjouer. Il faudrait donc pouvoir « considérer l’éducation ni seulement comme une individuation, ni seulement comme socialisation, mais bien à travers l’échelle intermédiaire de ses institutions sociales, qui forment les relations entre ces deux dimensions » (p. 356). À cet effet, Mozziconacci propose une utopie critique appuyée sur la philosophie politique du care, au sein de laquelle l’éducation serait revalorisée à l’échelle institutionnelle en tant que pratique permettant l’entretien du monde. L’ouvrage se déploie en trois parties et consacre la première aux considérations des première et deuxième vagues du féminisme européen (principalement français) sur l’éducation. Le premier chapitre présente les demandes des féminismes de la iiie République pour remplacer l’instruction traditionnelle imposée aux jeunes filles – qui leur inflige un « retard » les excluant des sphères sociales et politiques – par une formation qui justifierait de leur accorder des droits civils et civiques. Il reste alors à se demander quel programme permettrait de rendre les femmes citoyennes : une formation qui respecterait leur différence, notamment leur expertise concernant le maintien du foyer et des communautés, ou une formation qui effacerait cette différence pour les rendre plus semblables aux hommes et donc plus susceptibles de correspondre à l’idéal du « Citoyen républicain »? Si ce dilemme opposant différentialisme et universalisme est souvent présenté comme la « quadrature du cercle féministe » (p. 61), Mozziconacci remarque que la question de l’éducation rend possible son dépassement par une troisième voie : affirmant que l’éducation des filles permet l’émergence de meilleures capacités relationnelles ainsi que des compétences nécessaires au soutien de l’institution familiale, certaines féministes envisagent d’éduquer les hommes et les femmes selon les principes d’un universalisme gynocentré. Cela dit, pour que ce projet mène à l’égalité des sexes, il faudrait que la synthèse de vies individuelles vertueuses suffise à créer une société juste – espoir mis à mal dès que l’on envisage que les caractéristiques individuelles sont générées par la structure sociale plutôt qu’elles ne la constituent. Il s’agit pourtant du constat du féminisme de la deuxième vague, présenté dans le second chapitre : si l’acquisition des droits civiques et la transformation des programmes scolaires n’ont pas suffi pour atteindre l’égalité, c’est que la socialisation est plus forte que les individus. On considère alors que « cette éducation héritée est mauvaise, l’éducation comme principe de transformation est impotente, et […] l’idée même qu’il faut qu’il y ait quelque chose comme une éducation est à présent mise en question » (p. 139). En effet, parce qu’elle éloigne …

Parties annexes