Comptes rendus

KLEIN, A. (2019). Archive(s), mémoire, art. Éléments pour une archivistique critique. Québec : Presses de l’Université Laval, 252 pages

  • Patrice Marcilloux

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  • Patrice Marcilloux
    Professeur d’archivistique, Université d’Angers

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Couverture de Volume 51, numéro 1, 2023, p. 3-73, Archives

Publié par les Presses de l’Université Laval, l’ouvrage d’Anne Klein, professeure dans cet établissement, constitue sans aucun doute une contribution à la fois très originale et majeure à l’archivistique théorique contemporaine. Sous l’appellation d’archivistique critique, l’auteure a l’ambition de proposer des éléments, voire les fondements d’une nouvelle approche de l’archivistique destinée à résoudre ou dépasser les impasses et insuffisances des deux principaux courants de pensée qui ont structuré la discipline depuis le XIXe siècle : d’une part l’archivistique traditionnelle ou classique, puis l’archivistique postmoderne. Une introduction, claire et percutante, enracine le propos dans les questions du statut disciplinaire de l’archivistique, de la diffusion terminologique du mot archives, y compris au singulier, et de la multiplication des usages des archives, notamment artistiques, qu’il importe de mieux comprendre pour renouveler la réflexion. Après d’autres, Anne Klein constate la dimension souvent « extradisciplinaire » de la littérature sur l’archive, plaide pour un renforcement des travaux de nature archivistique, tout en revendiquant l’importance d’apports extérieurs, comme la philosophie de l’histoire et de la mémoire de Walter Benjamin qui joue un rôle particulier dans sa démarche et dans sa volonté de considérer les archives non comme un objet stable et hors du temps, mais comme produit d’un moment historique qui les définit. L’ouvrage est ensuite fortement scandé en trois temps : à un bilan de l’archivistique « depuis de Wailly jusqu’à Derrida », succède une proposition de réarmement conceptuel à base de pensée benjaminienne et d’usages artistiques des archives, lequel autorise, en forme de couronnement, une proposition de refondation de l’archivistique autour de la notion d’exploitation des archives. La première partie s’ouvre par une synthèse de ce qui a fait une certaine archivistique traditionnelle structurée autour de trois notions : la nature des archives (caractère organique, fonds), leur temporalité (trois âges, cycles de vie) et leurs fonctions (preuve, histoire, patrimoine). Le tout converge vers une conception des archives comme reflets fidèles du passé. L’auteure est ici forcément dépendante de la bibliographie disponible qui, on le sait, reste en termes d’archivistique historique à la fois partielle et à renouveler sur le plan historiographique. Ce qui est dit sur l’histoire des archives, sur leur institutionnalisation, sur leur centralisation étatique, sur leur lien exclusif à une histoire se voulant objective, sur la variabilité définitionnelle des archives, et même sur l’histoire comme cadre de référence privilégié des discours sur la valeur des archives et sur la finalisation de la conservation des archives ne peut donc dépasser une sorte de stade provisoire. Quand et comment naît une archivistique théorique partiellement autonomisée ? L’utilisation de l’analogie biologique et de la métaphore du corps, notamment par Léon de Laborde, faisant du fonds un organisme vivant qu’on ne saurait démembrer, doivent-elles être regardées comme faisant « sens dans le contexte du scientisme et de l’historisme du 19e siècle » (p. 38) ? Ou dérive-t-elle de l’apologue des membres et de l’estomac rapporté par Tite-Live à propos d’une sécession de la plèbe sur l’Aventin, ce qui ne surprendrait guère chez des auteurs pétris de culture latine ? En quoi et comment l’École des Annales a-t-elle contribué à une évolution de la pensée archivistique ? Si l’on voit bien le rôle qu’a pu jouer cette nouvelle conception de l’histoire, par quels canaux l’archivistique, pratique et théorique, s’en est-elle trouvée influencée ? Comment passe-t-on d’une incontestable mutation du statut des documents d’archives dans le travail de l’historien à un changement de nature presque paradigmatique de l’archivistique ? L’auteure reconnaît d’ailleurs que « si les évolutions historiographiques ne sont pas la référence principale des archivistes postmodernes, elles ont pourtant impliqué un changement dans l’utilisation des …

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