Recensions

Daniel Marguerat, Paul de Tarse : L’enfant terrible du christianisme. Paris, Éditions du Seuil, 2023, 560 p.

  • François Doyon

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  • François Doyon
    Université Laval, Québec

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Couverture de Michel Foucault et la théologie politique, Volume 79, numéro 3, 2023, p. 327-497, Laval théologique et philosophique

L’analyse de la vie et de l’oeuvre de Paul de Tarse, ce passionné de l’ordre, a engendré des débats passionnés et parfois virulents depuis plus de deux millénaires. Friedrich Nietzsche, dans sa critique acerbe, décrit Paul comme un « dysangéliste », et un « génie dans la logique inexorable de la haine ». Michel Onfray, une figure éminente de la philosophie contemporaine française, présente dans ses travaux de philosophie populiste une interprétation de Paul de Tarse comme un nihiliste radical. Onfray remet en question la possibilité qu’un autre individu aussi névrosé ait jamais engendré une transformation intellectuelle, idéologique et philosophique d’une telle ampleur, aux conséquences aussi délétères. En effet, il est indéniable que les textes souvent ambigus de Paul ont été utilisés pour appuyer des attitudes misogynes, homophobes et esclavagistes. Dans son ouvrage intitulé Paul de Tarse : L’enfant terrible du christianisme, le théologien suisse Daniel Marguerat s’efforce de déconstruire ces préjugés en prenant en compte de l’ensemble du contexte culturel, historique et rhétorique des écrits pauliniens. Il décrit Paul sous un angle plus humain et souligne sa résilience physique extraordinaire, manifestée par les diverses épreuves corporelles qu’il a endurées, incluant trois flagellations romaines, des épreuves que seuls quelques individus auraient pu survivre. Marguerat nous encourage à transcender la figure du théologien Paul pour comprendre l’homme dans toute son humanité, avec ses épreuves, ses luttes et ses tribulations. L’auteur tente notamment de réfuter l’accusation de misogynie qui colle à Paul depuis des siècles. Il affirme que Paul a établi une égalité intrinsèque entre hommes et femmes dans le culte chrétien ! Cela serait notamment démontré par le fait que les femmes de l’église de Corinthe ont été autorisées à prier et prophétiser, des fonctions traditionnellement réservées aux hommes. Cependant, Paul insistait sur le fait que les femmes devaient se voiler lors des rituels, conformément aux normes de l’époque qui voulaient que les femmes mariées se voilent en public. Selon Marguerat, la position de Paul était que le voile est un signe de l’autorité de la femme, plutôt que de sa subordination. Les femmes qui retiraient leur voile étaient considérées comme se détachant de la relation avec leur mari et rejetant leur identité sexuelle. Pour Paul, l’égalité ne signifiait pas uniformité, et il s’opposait à l’indifférenciation sexuelle. Marguerat affirme également que l’ordre de Paul que les femmes « se taisent dans les assemblées » devrait être interprété dans le contexte des problèmes spécifiques de l’église de Corinthe à l’époque, et non comme une interdiction générale aux femmes de parler. L’objectif de Paul était de maintenir l’ordre et l’édification de la communauté dans les cultes. En conclusion, Marguerat affirme que Paul n’était pas misogyne ou antiféministe, mais qu’il cherchait à établir une forme d’égalité entre les sexes dans un contexte sociétal qui ne le permettait pas naturellement. Il négociait entre les valeurs chrétiennes émergentes d’égalité et les normes sociales préexistantes de la société méditerranéenne antique. L’ordre romain, tolérant à l’égard des croyances religieuses, déteste en effet le désordre. Aux soupçons dont les chrétiens étaient l’objet, Paul n’a pas voulu ajouter celui d’être un ferment de troubles sociaux. Marguerat note que dans le contexte des écritures pauliniennes, l’homosexualité est abordée, de manière allusive pour la féminine, explicitement pour la masculine, caractérisée comme « l’infamie d’homme à homme » (Rm 1,26-27). Dans un cadre décontextualisé, cette affirmation est souvent invoquée par les défenseurs de l’hétérosexualité. Il convient néanmoins de souligner que Paul n’élabore pas un discours détaillé sur la moralité sexuelle, mais utilise plutôt un cliché de la morale juive, qui manifestait une aversion envers l’homosexualité. L’apôtre parle de « rapports contre nature …

Parties annexes