Recensions

Jérôme Gosselin-Tapp, Refonder l’interculturalisme. Plaidoyer pour une alliance entre les peuples autochtones et la nation québécoise. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2023, 177 p.

  • Olivier Samson

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  • Olivier Samson
    Collège Jean-de-Brébeuf, Montréal

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Couverture de Michel Foucault et la théologie politique, Volume 79, numéro 3, 2023, p. 327-497, Laval théologique et philosophique

Depuis l’échec des négociations constitutionnelles canadiennes, la philosophie politique normative portant sur le renouvellement des relations entre Allochtones et Autochtones a progressivement délaissé la perspective institutionnelle des années 1990 pour penser la décolonisation sous l’angle de la transformation « par le bas » de la société. Avec ce tournant, les discours normatifs ont de plus en plus pris pour objet l’action politique individuelle et les mouvements sociaux, mettant à l’avant-plan la problématique de l’alliance entre les différents individus et entre les luttes des différents groupes militants. L’originalité de Refonder l’interculturalisme réside dans sa tentative d’explorer la problématique de l’alliance tout en retournant à un langage normatif s’appliquant aux structures institutionnelles de la société québécoise. Jérôme Gosselin-Tapp opère cette reconceptualisation de l’alliance en éclaircissant et en étendant le modèle de l’interculturalisme, cadre normatif qu’il voit émerger de la quête d’autodétermination nationale du Québec depuis 1960. Les objectifs centraux du livre sont les suivants. L’auteur vise d’abord à éclairer la spécificité philosophique et historico-politique du modèle québécois en le distinguant du multiculturalisme : cette spécificité réside, selon l’auteur, dans l’exercice et la conceptualisation de droits non seulement individuels, mais aussi proprement collectifs. Ensuite, même si jusqu’à aujourd’hui, l’interculturalisme a surtout été mobilisé pour penser la gestion de la diversité religieuse et ethnoculturelle, l’auteur montre que l’importance qu’il accorde aux droits collectifs permet d’étendre son champ d’application aux relations entre nations autochtones et québécoise. À titre de nations minoritaires au sein du fédéralisme canadien, ces dernières ont des besoins particuliers liés à leurs droits collectifs à l’autodétermination, dont l’interculturalisme aide à penser la conciliation. Enfin, cette conciliation est articulée au sein d’une proposition politique concrète : les traités modernes négociés dans un rapport de nation à nation sont présentés par l’auteur comme une stratégie permettant d’accroître l’autodétermination interne des nations québécoise et autochtones en matière de protection environnementale. Par ce Plaidoyer aux dimensions multiples, Gosselin-Tapp participe ainsi à moderniser le nationalisme québécois pour l’aider à faire face aux « défis du xxie siècle » (p. 5). Le livre comporte six chapitres. Le premier chapitre opère une généalogie historico-politique de l’interculturalisme et dégage le fil rouge reliant la loi 101 à la crise des accommodements raisonnables : contre les tendances assimilatrices d’un multiculturalisme fondé sur les droits individuels, les nationalistes québécois n’ont cessé d’affirmer leurs droits collectifs en tentant de les équilibrer avec les droits des individus appartenant à d’autres groupes minoritaires. Ce faisant, le Québec est cependant « tombé dans le piège de la recolonisation » (p. 29) face aux peuples autochtones, dont l’opposition au Livre blanc, entre autres luttes, exprimait pourtant un rejet du multiculturalisme analogue au sien. Une fois dégagées les racines de l’interculturalisme, ainsi que sa convergence apparente avec les luttes autochtones, le deuxième chapitre dégage les fondements conceptuels de l’approche québécoise. Si les différentes variantes du multiculturalisme diffèrent quant au fondement normatif adopté, elles partagent la prémisse selon laquelle l’individu est « la seule source valide de revendications morales » (p. 47). En cas de conflit avec les droits collectifs, cet individualisme moral implique alors que les « droits individuels, étant donné leur rôle fondateur, se voient accorder la primauté sur les droits différenciés par le groupe » (p. 48). Pour sa part, l’interculturalisme admet autant le collectivisme moral que l’individualisme moral. C’est cette spécificité philosophique du modèle québécois, perdue dans les débats académiques eurocentrés, qui le rend plus apte à répondre aux besoins des minorités nationales en contexte québécois. Le troisième chapitre se tourne ensuite vers les critiques autochtones des institutions canadiennes pour dégager leurs recoupements avec les critiques interculturalistes du multiculturalisme. D’un côté, …

Parties annexes