Recensions

Mireille Estivalèzes, La fin de la culture religieuse. Chronique d’une disparition annoncée. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal (coll. « Matière à pensée »), 2023, 348 p.

  • François Doyon

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  • François Doyon
    Université Laval, Québec

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Couverture de Michel Foucault et la théologie politique, Volume 79, numéro 3, 2023, p. 327-497, Laval théologique et philosophique

Dans une récente publication intitulée La fin de la culture religieuse : Chronique d’une disparition annoncée, Mireille Estivalèzes élabore une réflexion interdisciplinaire à la fois rigoureuse et critique sur l’état actuel de l’enseignement de la culture religieuse dans les écoles québécoises. Estivalèzes, une éminente spécialiste en histoire et sociologie des religions, positionne son ouvrage au carrefour des sciences de l’éducation, de la sociologie et de la philosophie politique. La première partie de ce livre se propose d’examiner de manière exhaustive les différentes critiques formulées à l’encontre du défunt programme d’Éthique et Culture religieuse (ECR) instauré au Québec en 2008. Estivalèzes identifie trois principaux groupes d’opposants : ceux qui s’opposent sur des bases religieuses, ceux qui avancent des arguments nationalistes, et ceux qui se placent dans une perspective laïque et féministe. L’étude s’engage à retracer l’histoire de ces discours critiques en prenant en compte la multiplicité des acteurs impliqués. Estivalèzes aborde la complexité des stratégies discursives utilisées par ces groupes, ainsi que leurs diverses mobilisations médiatiques et juridiques. Cette démarche vise à comprendre comment certains de ces discours ont eu une influence sur la politique éducative et, en particulier, sur les décisions du ministère de l’Éducation. L’ouvrage cherche aussi à mettre en lumière le rapport ambivalent qu’entretient la société québécoise avec la religion. D’un côté, il y a un attachement historique à la religion catholique, qui a joué un rôle essentiel dans l’identité et la survie du peuple canadien-français. De l’autre, une hostilité teintée de rancoeur existe à l’égard de cette même tradition religieuse et de ses institutions. Estivalèzes adopte comme prisme d’analyse les conceptions variées de la liberté de conscience, de la liberté de religion et de la laïcité. Elle montre comment ces notions sont au coeur des débats contemporains non seulement au Québec, mais aussi dans d’autres sociétés démocratiques. Elle examine ainsi les définitions divergentes de la laïcité, oscillant entre un principe garantissant le pluralisme et une vision émancipatrice visant à libérer les citoyens du poids des traditions religieuses. Enfin, la première partie de l’essai aborde le rôle des médias et de la sphère politique dans la propagation des critiques du programme ECR, en éclairant des phénomènes actuels préoccupants. Estivalèzes, mentionne notamment la rhétorique conspirationniste, le rejet de l’expertise scientifique, le primat de l’indignation sur la réflexion, et la tendance à la polarisation et à l’instrumentalisation des opinions publiques. La seconde partie ambitionne de dévoiler les mécanismes internes de l’élaboration des programmes d’enseignement. Estivalèzes prend pour objets d’étude deux curricula : le programme d’Éthique et Culture religieuse (ECR) et celui de Culture et citoyenneté québécoises. Ce choix méthodologique permet une analyse nuancée des jeux d’influence, des critères politiques et pédagogiques, ainsi que de la mise en application desdits programmes. Estivalèzes commence par une critique acerbe du manque de transparence et de délibération citoyenne dans l’élaboration du programme de Culture et citoyenneté québécoises. Elle souligne à quel point ce déficit peut être problématique. Ce constat sert de toile de fond à une étude plus large des réalités de terrain liées à l’enseignement de ces matières. Estivalèzes pointe, entre autres, les défis liés au non-respect du volume horaire dédié à ces cours, la concurrence avec d’autres disciplines et l’attribution de l’enseignement à du personnel non qualifié. Ces difficultés pratiques révèlent un fossé entre les intentions pédagogiques et leur réalisation concrète. Le coeur de cette seconde partie réside dans une interrogation fondamentale sur le rôle de l’école dans la société contemporaine. Estivalèzes pose une question cruciale : l’école doit-elle demeurer un lieu de transmission de la culture humaniste, ou doit-elle plutôt évoluer pour prioriser le développement de compétences pragmatiques adaptées aux …

Parties annexes