Recensions

Carl Cassegard, Toward a Critical Theory of Nature, Capital, Ecology and Dialectics. London, New York, Oxford, New Delhi, Sydney, Bloomsbury Academic, 2021, viii-245 p.

  • Dominic Roulx

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  • Dominic Roulx
    Université Concordia, Montréal

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Couverture de Michel Foucault et la théologie politique, Volume 79, numéro 3, 2023, p. 327-497, Laval théologique et philosophique

L’ouvrage de Carl Cassegard (Université de Göteborg, Suède) s’inscrit dans les débats contemporains examinant les rapports contradictoires qu’entretiennent les sociétés capitalistes avancées avec la nature. Contrairement aux approches éco-marxistes dominantes qui puisent principalement chez Marx leur appareil conceptuel critique et leurs intuitions normatives, Cassegard tente de fournir les linéaments d’une « théorie critique de la nature » s’inscrivant dans le sillage de l’École de Francfort — et d’abord et avant tout de l’oeuvre de Theodor W. Adorno. L’objectif central de cette reformulation écologiste de la Théorie critique est, suivant Cassegard, de critiquer les formes sociales réifiées qui régulent, tant d’un point de vue matériel que cognitif, l’interaction que les sociétés capitalistes avancées maintiennent avec leurs environnements naturels (p. 6). L’introduction du livre nous apprend vite que l’idée d’une théorie critique de la nature s’occupe de trois thèmes principaux, tous les trois hérités de l’oeuvre d’Adorno. D’abord, elle y reprend la thématisation du geste théorique critique comme devant dissoudre l’illusion de naturalité attribuée à la réalité sociale. Fidèle à la méthodologie des théoriciens critiques de la première génération de l’École de Francfort, elle s’affaire à produire une critique immanente de la « seconde nature » réifiée, apparaissant comme naturelle et nécessaire, qu’est devenue la manière spécifiquement capitaliste d’interagir avec la nature (p. 9). Ensuite, l’introduction présente succinctement le « matérialisme critique », tiré d’une lecture d’Adorno, qui convient selon l’auteur le mieux pour poursuivre cet objectif critique (p. 11). Enfin, cette théorie critique de la nature s’inspire du concept d’expérience négative d’Adorno afin d’interpréter la catastrophe climatique comme l’expression historique de la contradiction entre, d’un côté, la manière sociale d’agir et de penser (le « concept ») et, de l’autre côté, la réalité objective qui résiste à celle-ci (« l’objet ») (p. 13). L’idée d’une théorie critique de la nature repose ainsi sur le trépied théorique suivant : critique des formes sociales capitalistes réifiées, matérialisme critique et expérience négative. Après avoir élucidé l’idée d’une théorie critique de la nature, l’auteur explicite comment il utilise le concept difficile de « nature ». Il montre à cet effet comment le matérialisme critique d’Adorno se distingue sur cette question d’autres approches marxistes (p. 19) et comment il se fonde dans la thèse matérialiste du « primat de l’objet » et dans le concept dialectique de « nature-histoire ». Deux concepts distincts de nature ressortent de cette introduction conceptuelle. D’abord, la thèse du primat de l’objet implique un concept de nature comprise comme matière, c’est-à-dire comme objectivité irréductible qui fait irruption et peut toujours entrer en contradiction avec la manière subjective de la médiatiser. Ensuite, un concept de nature comprise comme construction sociale, c’est-à-dire comme forme ouverte à la détermination changeante dans le temps. Le livre se divise en trois grandes parties. La première, qui s’étend des chapitres deux à six, s’affaire à déplier les fondements théoriques ci-haut présentés. Le deuxième chapitre est sans doute le plus pédagogique et utile pour le lecteur qui se demande ce que peut faire la démarche matérialiste du marxisme pour penser la crise environnementale. Le chapitre est en effet consacré à la distinction et à la discussion des ressources et limites des trois types de matérialismes qu’on peut retrouver dans la tradition marxiste, à savoir le matérialisme causal (Engels), le matérialisme pratique (Gramsci, Lukacs) et le matérialisme critique (Adorno, Marcuse, Horkheimer). Un tableau synthétique est notamment fourni, qui résume les points forts et les points faibles de chaque version du matérialisme (p. 45). Le jeune chercheur s’y référera avec profit. Le chapitre trois est consacré à l’analyse des concepts de primat de l’objet et de nature-histoire sur lesquels …