Recensions

Olivier Artus, Sophie Ramond, Penser les défis contemporains avec la Bible hébraïque. Une éthique du bien et du mal. Paris, Odile Jacob, 2022, 234 p.

  • Sébastien Doane

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  • Sébastien Doane
    Université Laval, Québec

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Couverture de Michel Foucault et la théologie politique, Volume 79, numéro 3, 2023, p. 327-497, Laval théologique et philosophique

Cet ouvrage est écrit dans un style accessible par deux professeurs possédant une large expérience dans le domaine de l’exégèse. Les auteurs se donnent pour objectif de donner à penser sur des enjeux éthiques actuels à partir de textes bibliques. Le prologue méthodologique présente une approche qui ne cherche ni « recettes » ni « vérité immédiate » et évite d’instrumentaliser ces textes pour plutôt mettre l’accent sur la pluralité de discours au sein même des traditions bibliques : « […] la pluralité et le phénomène de réécriture qui les caractérisent en font un réel lieu d’émergence de l’esprit critique » (p. 20). Le processus interprétatif qui se poursuit aujourd’hui prend donc racine dans le processus interprétatif déjà commencé dans le processus d’écriture des textes bibliques. Au fil des pages, les enjeux tels que le bien et le mal, la violence, la finitude humaine, la justice sociale et le rapport à l’environnement sont abordés par l’exploration de divers textes bibliques de la Bible hébraïque. L’analyse est menée de manière assez classique, comme en témoigne son attention aux contextes historiques de production ainsi que l’adoption d’une perspective canonique mettant en dialogue divers textes bibliques reliés par un thème commun. L’actualisation prend la forme d’un court dialogue informel entre les auteurs à la fin des chapitres. La description des textes bibliques et leur remise en contexte sont très bien développées. En revanche, l’actualisation reste souvent très générale et très courte. Heureusement, le travail sur les textes bibliques est suffisamment riche pour que les lecteurs puissent aussi s’en inspirer pour penser les défis contemporains. Le chapitre sur la question écologique écrit par Sophie Ramond est particulièrement pertinent à l’heure où ce champ de recherche prend de l’ampleur. Il montre très bien la diversité de positions possibles dans le rapport entre l’humain et le reste de la création dans les textes bibliques tels que Genèse 1-2, les Psaumes 8 et 104, Job 38-41 et Isaïe 28. Cette réflexion invite à voir que l’humain n’est pas au centre du cosmos ; que les actions humaines ont des conséquences sur celui-ci ; que les humains ont une responsabilité pour la sauvegarde de la planète et qu’il y a une imbrication dans les enjeux sociaux et environnementaux. Je note une tension entre Artus qui récuse le terme « anthropocentrisme », qu’il juge non conforme à la tradition biblique (p. 200), et Ramond qui traite de textes bibliques qui permettent de penser l’humain autrement qu’au centre de la création. Le problème de l’anthropocentrisme du christianisme occidental comme source de la crise écologique actuelle a été souligné par Lynn White dans un article de 1967, qui est largement repris dans les discussions académiques du rapport entre Bible et écologie. L’accusation d’anthropocentrisme est trop importante me semble-t-il pour être simplement récusée. Si ce livre propose un regard critique un peu faible sur ce point, les propositions de Ramond permettent de montrer qu’il y a une diversité de manière de traiter du rapport entre les humains et le reste de la création dans la Bible. Les auteurs ont fait le choix de travailler sur les textes bibliques plus facilement recevables dans la culture actuelle en omettant les textes bibliques violents, misogynes ou xénophobes. Par exemple, on parle de violence en commentant la responsabilité de Caïn dans le meurtre de son frère et non des récits où Dieu est le personnage violent. Somme toute, ce livre permet de découvrir la polysémie des textes bibliques. L’analyse biblique est très bien menée, mais les réflexions éthiques concernant les défis contemporains auraient pu être plus explicites et plus précises.

Parties annexes