Hors-dossierRecensions

Anne Gonon et Christian Galan, Occupy Tôkyô : Sealds, le mouvement oublié, Lormont, Éditions Le Bord de l’eau, 2021, 214 p.

  • Miho Matsunuma

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  • Miho Matsunuma
    Historienne associée au Centre d’histoire de l’Asie contemporaine, U. Paris 1

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Couverture de Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidarité, Volume 31, numéro 1-2, été–automne 2023, p. 7-331, Bulletin d'histoire politique

SEALDs (Students Emergency Action for Liberal Democracy) est un mouvement politique de jeunes qui était actif de mai 2015 à août 2016 au Japon. Sa visibilité et sa force mobilisatrice ont surpris beaucoup d’observateurs et enthousiasmé certains d’entre eux, dont les deux auteurs de l’ouvrage, qui se sont demandé comment on arrive à s’engager politiquement dans un pays dont la population se désintéresse de la politique depuis des années. Des chercheurs de différentes disciplines ont longuement débattu de la définition et de la spécificité de la jeunesse, à laquelle la modernité a donné un statut à part entre l’enfance et l’âge adulte. Des mouvements contestataires de jeunes ont certainement changé le cours de l’histoire de la deuxième moitié du XXe siècle. Plus récemment, des jeunes ont joué un rôle remarquable dans diverses manifestations populaires qui ont bousculé les sociétés et les États depuis 2011, du Printemps arabe à Occupy Wall Street en passant par les Nuits debout et Podemos. Ces jeunes engagés constituent une force susceptible de déclencher le changement nécessaire pour résoudre les problèmes inédits auxquels l’humanité fait face, tout en apparaissant comme une menace aux yeux des bénéficiaires de l’ordre établi. Le mouvement SEALDs est apparu avec un décalage temporel par rapport aux principaux mouvements évoqués plus haut et s’inscrit dans un contexte spécifiquement japonais. Pour les lecteurs qui ne s’intéressent pas particulièrement au Japon, la lecture du livre permet néanmoins de s’interroger sur les conditions nécessaires pour que l’opinion des jeunes soit audible dans l’espace public. L’ouvrage se divise en cinq chapitres répartis en deux parties. Les deux premiers chapitres, qui constituent la première partie, sont consacrés au contexte politique et socio-économique dans lequel le mouvement est né et s’est développé. La deuxième partie, composée des trois autres chapitres, explique l’histoire du mouvement, ses forces et ses faiblesses ainsi que les réactions favorables et défavorables qu’il a provoquées. Sur le plan théorique, les auteurs ont entre autres recours à la philosophie de John Dewey, plus particulièrement sa notion d’enquête, pour saisir le sens du mouvement et analyser comment ces jeunes sont parvenus à se mobiliser politiquement. Toutes les études comparatives montrent que les jeunes Japonais sont particulièrement dépourvus d’espoir et de confiance (en soi et dans l’avenir de leurs pays). En même temps, ces jeunes désespérés se désintéressent de la politique et ne se plaignent pas publiquement, subissant les conséquences de la crise socio-économique que vit le Japon depuis presque trois décennies, aggravée par la politique néolibérale qui a intensifié la précarité d’emploi des jeunes et creusé l’inégalité entre les gagnants et les perdants. Probablement qu’ils ne se révoltent pas parce qu’ils ne pensent pas qu’ils peuvent changer les choses et acceptent leur sort décidé ailleurs – par quelqu’un d’autre ou par la nature. Par ailleurs, quand on se rend sur place, le Japon est encore un pays riche et stable : les gens et les villes sont propres, on y jouit de la plus grande sécurité et on n’y voit quasiment pas de personnes sans domicile. La pauvreté doit sans doute exister, mais elle serait cachée et refoulée par « l’auto-responsabilisation des individus, progressive et acceptée » (p. 14-15). Le déclencheur de SEALDs fut la tentative du gouvernement du premier ministre Shinzo Abe de modifier la Constitution de 1947, qui garantissait les droits démocratiques de la population et par laquelle le Japon a renoncé à la guerre comme moyen de règlement des conflits internationaux. Ces jeunes se sont mobilisés pour contester le système politique de représentation qui décide de leur avenir sans prendre en considération leur opinion. À la question « Qu’est-ce que la démocratie …

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