Dossier : Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidaritéTémoignages : les Chiliens

À la défense des premières victimes de la dictature

  • Osvaldo Núñez et
  • Zaida Núñez

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Couverture de Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidarité, Volume 31, numéro 1-2, été–automne 2023, p. 7-331, Bulletin d'histoire politique

Je suis né en 1938 à Orilla de Navarro, à côté de La Huerta de Mataquito, un hameau d’à peine cent habitants, dans la province de Curicó, à 200 kilomètres au sud de Santiago. Je suis le deuxième d’une fratrie de six enfants issus du premier mariage de mon père. Il était ouvrier des chemins de fer et savait à peine lire et écrire. Mon enfance a été marquée par la pauvreté et par des malheurs familiaux, puisque ma mère est décédée lorsque j’avais neuf ans, et mon père est mort lorsque j’avais treize ans, à la suite d’un terrible accident de travail, peu de temps après s’être remarié. J’ai pu faire mon éducation secondaire grâce à l’aide financière de deux tantes, qui ont payé mes frais au séminaire de San Bernardo. Elles voulaient que je devienne prêtre, mais après six ans d’études, j’ai dû quitter cet établissement pour me chercher du travail et ainsi pouvoir aider mes frères et soeurs orphelins. De cette étape, j’ai gardé ma formation religieuse et ma foi catholique. J’ai travaillé comme surveillant des élèves à l’Institut national et ensuite au ministère de l’Éducation. En même temps, j’ai réussi à m’inscrire à l’École de droit de l’Université du Chili, pour devenir avocat. À cette époque, les études universitaires étaient gratuites, ce qui m’a aidé. Mais je devais travailler pour subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. J’ai eu des difficultés à réussir dans mes cours, car, en plus de mon emploi, j’avais commencé à m’impliquer au niveau politique et syndical. Un de mes professeurs a été Patricio Aylwin, futur président du Chili et haut dirigeant de la Démocratie chrétienne. J’avais commencé à militer en 1958 dans ce parti, qui avait un programme assez progressiste. En 1964, son leader, Eduardo Frei, fut élu président du Chili, et j’ai appuyé avec enthousiasme son gouvernement, du moins pendant les premières années. Au cours de mes études j’ai rencontré Zaida Macías, ma future épouse, elle aussi étudiante en droit, originaire de Punta Arenas, ville située dans l’extrême sud du pays. Nous nous sommes mariés en 1966 et avons eu deux enfants. Grâce à une bourse, nous avons pu faire des études supérieures en Belgique, à l’Université de Louvain, entre 1966 et 1969. J’ai obtenu un diplôme en relations industrielles et Zaida a fait de même en droit social. Pendant cette période, je me suis lié d’amitié avec Marc Termote, un professeur de l’Université de Montréal spécialiste de la démographie, qui a agi comme guide dans mes études. Lorsque nous sommes partis vivre au Québec à la suite du coup d’État de 1973, il nous a été d’une grande aide. Et nous avons appris le français en Belgique, un autre élément clé pour notre adaptation à notre seconde patrie. Notre retour au Chili a coïncidé avec une transformation politique importante, soit la création du parti Mouvement d’action populaire unifié (MAPU) par un groupe de militants de la Démocratie chrétienne, dont les membres reprochaient au président Eduardo Frei les actions répressives de son gouvernement contre les travailleurs, parfois avec un bilan sanglant. Je n’étais pas d’accord non plus avec l’attitude intransigeante de Frei à l’égard du Parti communiste. Zaida et moi, qui partagions les mêmes idéaux, étions influencés aussi par l’impact de la révolution cubaine. Notre séjour en Belgique nous avait sensibilisés à la cause de la décolonisation et à l’émergence du Tiers-monde. De plus, nous avions été influencés par les luttes du mouvement étudiant en Europe et les événements de mai 1968. Nous avons alors renoncé à notre militance dans la Démocratie chrétienne et avons adhéré au MAPU, …

Parties annexes