Dossier : Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidaritéTémoignages : les Chiliens

Mon implication communautaire à l’ère d’Allende et du coup d’État

  • Miriam Maruri

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Couverture de Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidarité, Volume 31, numéro 1-2, été–automne 2023, p. 7-331, Bulletin d'histoire politique

Je suis née en 1941 à Santiago. Mon père est décédé très jeune, lorsque j’avais seulement six ans. Ma mère ne s’est jamais remariée, et nous a élevés seule, mon frère aîné et moi. Nous habitions dans le quartier Recoleta, dans le nord de Santiago. Nos moyens étaient limités, mais nous avions l’essentiel et nous recevions de l’aide de nos oncles et tantes, car ma mère appartenait à une famille nombreuse, dans laquelle il y avait beaucoup d’entraide. Mon frère et moi avons pu faire notre éducation secondaire dans les lycées publics et en 1960, j’ai commencé à faire des études universitaires en histoire et géographie, pour devenir enseignante au secondaire. Mon frère a plutôt opté pour le travail, afin d’aider ma mère, et s’est trouvé un emploi. Avant de commencer l’université, je n’avais pas beaucoup de connaissances sur la politique. J’avais une certaine sensibilité sur les différences sociales, mais sans plus. À l’université, j’ai rencontré des étudiants et des professeurs qui m’ont impressionnée, j’ai découvert des choses et un langage que je ne connaissais pas. Mais, vers la fin de mes études, je n’étais pas encore quelqu’un avec des idées de gauche. En 1964, lors de l’élection présidentielle, j’ai voté pour le candidat démocrate-chrétien, Eduardo Frei. Lorsque j’ai commencé à travailler comme enseignante, mes conceptions ont évolué, à mesure que je constatais l’existence d’inégalités sociales. Je le voyais dans mon travail, car j’enseignais dans deux collèges, l’un pour des enfants pauvres et un autre pour les riches. De plus, j’enseignais dans un lycée public, où certains élèves provenaient de milieux assez pauvres. Un autre facteur qui m’a influencé fut ma participation à des activités syndicales. Je croyais de plus en plus en la nécessité de changer la société, sentiment que je partageais avec mon mari, lui aussi professeur. En 1970, j’ai voté pour Allende. Mais je n’ai jamais adhéré à un parti. Durant les années de l’Unité populaire, j’ai participé à beaucoup d’activités dans mon quartier. Ce fut tout un changement pour moi, car avant 1970 je n’avais jamais senti le besoin de m’impliquer dans mon milieu. Je crois que tout a commencé avec mon implication dans le Centro de madres et par la suite dans la Junta de vecinos (Comité de résidents) dont j’ai été élue vice-présidente. Nous avons monté des projets en vue d’améliorer la santé des enfants, notamment à travers une campagne de vaccination. Une autre initiative fut l’aménagement d’une place avec des jeux pour les enfants. J’ai participé à la campagne de distribution de contraceptifs, ce qui gênait certaines femmes, car leurs maris n’acceptaient pas cette méthode. J’ai rencontré beaucoup de gens que je n’avais jamais fréquentés auparavant et cela m’a donné l’envie de connaître chacun des habitants de mon entourage, savoir ce que faisait chacun d’eux, leur parler, leur rendre visite… De plus, je participais à des réunions avec les autres professeurs pour appuyer et discuter du projet du gouvernement de procéder à une réforme de l’éducation, afin de la rendre conséquente à la réalité du pays et de ses localités. En 1972, je me suis investie dans des activités pour faire face aux problèmes de ravitaillement. Il y avait une grande pénurie d’articles de première nécessité, qui n’arrivaient pas dans les magasins du quartier, dépanneurs et épiceries. C’était l’époque du marché noir, créé par l’opposition pour discréditer le gouvernement Allende. J’ai alors participé à la mise sur pied de la Juntas de abastecimiento y precios (JAP), un organisme dont le but était de veiller à la distribution équitable des marchandises et de faire respecter les prix officiels. J’en étais la secrétaire. Nous parlions …

Parties annexes