Dossier : Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidaritéPrésentation

Chili‑Québec, 1973‑2023. Les raisons d’un dossier

  • José Del Pozo et
  • Geneviève Dorais

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  • José Del Pozo
    Département d’histoire, UQAM

  • Geneviève Dorais
    Département d’histoire, UQAM

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Couverture de Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidarité, Volume 31, numéro 1-2, été–automne 2023, p. 7-331, Bulletin d'histoire politique

Jusqu’aux années 1960-1970, les contacts entre le Chili et le Québec étaient rares. La présence de religieuses de l’ordre de la Providence, arrivées dans le pays austral en 1853, a pendant très longtemps constitué l’un des rares liens constants entre les deux pays. À la demande du président chilien, les soeurs de la Providence s’établissaient à Santiago pour s’occuper des enfants orphelins. Sur le plan commercial, les contacts étaient assez réduits, se limitant surtout à l’exportation d’un peu de nitrate chilien au Canada depuis la fin du XIXe siècle. Les relations diplomatiques étaient limitées à la présence de quelques consuls honoraires du Chili au Canada, d’abord à Vancouver dès 1890. Le premier consulat général chilien a été établi à Montréal au début des années 1930. Cependant, le Canada a refusé d’adhérer à l’Union panaméricaine et n’a établi de contacts diplomatiques avec l’Amérique latine qu’au début de la Deuxième Guerre mondiale. Le Canada et le Chili ont ouvert des ambassades seulement en 1944. Il n’y avait pas d’immigration régulière entre les deux pays, mais quelques marins chiliens débarquaient sur la côte ouest depuis la fin du 19e siècle. Enfin, il est à noter l’arrivée au Canada d’Alberto Guerrero en 1918, lui qui a vécu à Toronto jusqu’en 1959 et a travaillé comme professeur dans le Conservatoire de musique où il a notamment enseigné le piano à Glenn Gould. Dès les années 1950, d’autres religieux·ses québécois·es ont commencé à s’établir dans diverses villes du Chili. Les oblats de Marie-Immaculée se sont installés à compter de 1948 dans le nord du Chili. Ils ont principalement oeuvré auprès de communautés de mineurs. À compter de 1961, la Société des Missions-Étrangères envoie des missionnaires canadiens à Temuco, au sud du pays, où plusieurs travaillent avec des membres du peuple Mapuche, de même que dans des quartiers populaires de la capitale chilienne. Se rendent également au Chili au cours des années 1950 à 1970 plusieurs autres religieuses et missionnaires québécois·es en provenance d’une diversité d’ordres catholiques, qui ont fondé plusieurs collèges dans diverses villes. Ces religieux·ses québécois·es ont été des précurseur·ses dans l’ouverture de relations avec le Chili. Mais hormis ces activités missionnaires, les relations entre ces deux géographies demeuraient dans l’ensemble assez limitées. L’élection du président Salvador Allende, en 1970, a changé la donne. Le projet socialiste et démocratique de l’Unité populaire a suscité la curiosité et l’intérêt dans divers milieux : syndical, en éducation, en politique, dans les sciences humaines et sociales, qui voyaient dans l’expérience chilienne un modèle qui pourrait s’appliquer au Québec, alors en pleine effervescence sociale et politique. Plusieurs d’entre eux, prêtres, syndicalistes ou militant·es de groupes populaires, se sont envolés vers l’Amérique du Sud pour vivre le moment historique amorcé avec la victoire de l’UP en septembre 1970. Ces acteur·trices estimaient qu’il fallait se rendre sur place pour vivre en personne l’expérience socialiste chilienne. À leur retour, ils et elles écrivaient dans les journaux, préparaient et donnaient des conférences dans la province. Leurs interventions publiques étaient souvent accompagnées de diapositives pour illustrer au public québécois, à l’aide de photos, d’affiches politiques ou de bandes dessinées éducatives, l’expérience du socialisme démocratique qui y avait cours. D’autres documentaient leur séjour au Chili au moyen de lettres d’opinion envoyées aux journaux québécois, ou de la correspondance personnelle entretenue avec leurs amis et leur famille restés au Québec. L’accès direct à plusieurs sources d’information sur le terrain explique en partie la popularité de ce modèle au Québec. Certes, l’attrait du modèle socialiste chilien dépassait largement les frontières canadiennes. La voie chilienne vers le socialisme s’érigea au début des années 1970 en véritable …

Parties annexes