Comptes rendus

Viau, Roland. Gens du fleuve, gens de l’île. Hochelaga en Laurentie iroquoienne au XVIe siècle. Montréal, Boréal, 2021, 346 p.

  • Roland Tremblay

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  • Roland Tremblay
    Chercheur indépendant

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Couverture de Les émotions dans l’histoire, Volume 76, numéro 3-4, hiver–printemps 2023, p. 1-278, Revue d’histoire de l’Amérique française

L’ethnohistorien Roland Viau a déjà examiné en détail le phénomène de la guerre (1997) puis la place des femmes (2000) dans les sociétés iroquoiennes. Il se penche cette fois non pas sur un sujet qui transcende l’Iroquoianie, mais plutôt sur un épisode de l’histoire d’un groupe iroquoien précis, les Iroquoiens du Saint-Laurent, plus précisément les Hochelaguiens, au 16e siècle. Avec le style clair qui caractérise ses précédents ouvrage, l’auteur nous présente sa thèse : l’abandon de la vallée par les Iroquoiens du Saint-Laurent s’explique d’abord et avant tout par des causes épidémiologiques, introduites par les quelques incursions françaises, conjuguées en second lieu à des tensions sociopolitiques au sein de l’univers autochtone. Ce nouvel opus est une étude consacrée au sort des habitants de la vallée du Saint-Laurent, entre les brèves incursions de Cartier et Roberval dans le second quart du 16e siècle et la fondation de la Nouvelle-France par Champlain au tournant du siècle suivant, un objet de débats depuis longtemps chez les chercheurs. Hochelaga apparaît ici comme un prétexte. L’ouvrage se divise en huit chapitres qui se détachent d’un enchaînement chronologique strict pour laisser place à la logique argumentaire. Une mise en contexte constitue les trois premiers chapitres. Le premier, consacré à l’environnement, souligne avec raison l’importance du lien que les Iroquoiens du Saint-Laurent entretenaient avec le fleuve, voie de circulation, réservoir de ressources diverses et symbole fort. Au moyen d’un procédé digressif qui revient régulièrement et avec des degrés variables de pertinence, de grands thèmes deviennent prétextes pour développer plus en détail certains points. Les chapitres 2 et 3 illustrent la donne culturelle des Iroquoiens, et on ne revient que sporadiquement sur le cas précis d’Hochelaga. Le lecteur à qui l’oeuvre de Viau est familière se retrouvera en terrain connu, les autres ne pourront que bénéficier de sa profonde connaissance en ce domaine. Nous trouvons curieuse son énumération des traits saillants qui constituent l’identité culturelle des Iroquoiens du Saint-Laurent. Les trois premiers sont essentiellement le même (l’origine), comme le sont aussi les 6e et 7e (le territoire). Aucune mention de la dimension économique pourtant fondamentale, tandis que la dimension politique est réduite à sa nature clanique. Finalement, il ajoute un seul aspect technologique, très précis, celui d’une tradition céramique et ses qualités morphostylistiques typiques, comme si cette amarre archéologique véhiculait plus d’importance identitaire que toutes les autres constituantes technologiques. On retiendra cependant comme très intéressante, bien que non démontrée, l’hypothèse de l’existence de potières spécialisées. Parmi quelques affirmations à nuancer, relevons que la subdivision de la Laurentie iroquoienne en neuf concentrations humaines demeure à ce jour très hypothétique. Il en va de même pour l’origine marine des esnoguy (coquillages) ou encore pour l’identification de l’île aux Basques comme lieu de la tuerie des Stadaconiens. On note plus loin le manque de données sur les conditions sanitaires dans les villages, mais c’est oublier que l’archéologie trouve justement là un point d’ancrage régulier. Les chapitres suivants nous plongent dans le thème conducteur de l’ouvrage, soit le sort des Iroquoiens du Saint-Laurent. Le chapitre 4 rappelle les différentes causes qui ont été avancées pour expliquer l’abandon de la vallée. Nous sommes d’accord avec le regard critique sur certaines positions issues des traditions orales autochtones, ce que nous avions identiquement examiné il y a près de vingt-cinq ans (Recherches amérindiennes au Québec, 1999), et pour lesquelles l’application d’une approche méthodologique est souhaitable au même titre que tout autre type d’enquête sur le passé humain. On aurait apprécié que l’explication climatique soit rejetée de façon plus convaincante que de seulement évoquer la grande capacité d’adaptation des Iroquoiens. Rappelons …