Comptes rendus

Livernois, Jonathan (dir.). Écrire pour gouverner, écrire pour contester. Québec, Presses de l’Université Laval, 2021, 250 p.

  • Jimmy Thibeault

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  • Jimmy Thibeault
    Université Sainte-Anne

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Couverture de Les émotions dans l’histoire, Volume 76, numéro 3-4, hiver–printemps 2023, p. 1-278, Revue d’histoire de l’Amérique française

Cet ouvrage collectif explore les multiples rapports entre les discours littéraire et politique. Jonathan Livernois l’inscrit d’emblée dans un projet plus large qui a comme objectif d’étudier les usages de la littérature en politique et qui a inspiré le séminaire qu’il a organisé en 2018 sous les auspices de la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN). Si le titre suggère la mise en lumière d’une certaine opposition entre une écriture du pouvoir et une écriture face au pouvoir, c’est principalement sur la seconde que portent les textes du collectif. L’ouvrage permet d’explorer différentes prises de parole littéraires qui constituent en soi, selon les contextes sociaux et historiques, des formes politiques du discours. L’ouvrage est divisé en trois parties comprenant chacune trois ou quatre chapitres. La première s’ouvre sur un texte de Nathan Rabalais qui retrace l’évolution de la place de la parole identitaire dans la littérature franco- louisianaise. La question identitaire a été un enjeu important de la littérature franco-louisianaise, particulièrement pendant la période de la « renaissance cadienne » à partir des années 1960, pourtant elle semble s’effriter alors que l’écriture récente laisse place à des enjeux plus universels. Le deuxième chapitre, par Marcel Martel, aborde des textes qui expriment un rapport changeant des francophonies canadiennes en milieu minoritaire avec le politique, à la fois dans sa conception et dans la manière d’exprimer son activisme. Cet activisme démontre une volonté de plus en plus affirmée d’agir vis-à-vis un mode de gouvernance reposant sur l’inertie bienveillante du gouvernement. Pour bien mettre en évidence ce changement, Martel souligne l’importance de revenir à l’ensemble des textes engagés, fondateurs d’une parole en contexte minoritaire, et d’en répertorier les traces par l’établissement d’une anthologie. Clint Bruce clôt cette première partie en explorant les grands enjeux raciaux dans le contexte franco-louisianais tels que formulés dans le journal La Tribune dans le sillage du massacre du Mechanics’ Institute (1866). Il s’intéresse plus particulièrement à la publication de poèmes en français, dont il présente le corpus. Il revient à Jonathan Livernois d’ouvrir la deuxième partie avec un chapitre sur les jeux de discours de Gérald Godin qui, lors d’entretiens télévisés, change les codes de son discours selon le trait de sa personnalité (le poète, le journaliste, le politicien) qu’il désire présenter. Valérie Lapointe-Gagnon enchaîne avec une étude d’écrits autobiographiques de trois femmes engagées en politique dans les années 1960, soit Thérèse Casgrain, Solange Chaput-Rolland et Judy LaMarsh. En revenant sur le parcours de ces femmes, l’historienne démontre avec brio comment la classe politique de l’époque ne laissait pas beaucoup de place à la parole des femmes et comment, par le récit autobiographique, un genre plus intimiste où le « je » a pu se libérer du cadre patriarcal du discours politique, les trois femmes du corpus ont pu dénoncer les injustices qu’elles ont vécues tout au long de leur carrière. Dans un texte qui aurait pu être placé en ouverture de l’ouvrage, Yvan Lamonde rappelle ensuite qu’il n’y a pas tant de distance entre l’histoire et la littérature, qu’une part d’imaginaire et d’engagement politique n’est jamais complètement absente du récit qu’on fait du monde. Le chapitre que signe Lucie Hotte fait un peu écho au constat que faisait Rabalais sur la littérature franco-louisianaise en ce sens qu’il souligne un changement de perspective des littératures franco-canadiennes à l’égard des enjeux politiques. À mesure qu’on avance dans le temps, la littérature s’éloigne des engagements politiques, probablement parce qu’elle a atteint une certaine légitimité qui lui permet de s’occuper davantage de poétique que de politique. Pierre Duchesne clôt cette …