Recension d'ouvrageBook Review

Scottie, Joan, Warren Bernauer et Jack Hicks, 2022. I will Live for Both of Us. A History of Colonialism, Uranium Mining, and Inuit Resistance. Winnipeg, University of Manitoba Press.

  • Pascale Laneuville

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  • Recension d’ouvrage par
    Pascale Laneuville
    Chaire de recherche Sentinelle Nord sur les relations avec les sociétés inuit, Université Laval
    pascale.laneuville.1@ulaval.ca

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Bien que cet ouvrage soit le fruit d’un travail collectif mené par trois auteurs, il est rédigé à la première personne du singulier afin de mettre de l’avant la perspective de la collaboratrice inuit, Joan Scottie, une aînée inuk, chasseuse et activiste du Nunavut. Warren Bernauer est chercheur post-doctoral au Natural Resources Institute ainsi qu’au département de l’Environnement et de la géographie de l’Université du Manitoba. Jack Hicks est professeur adjoint au département de Santé communautaire et d’épidémiologie du Collège de médecine de l’Université de Saskatchewan. Il a également travaillé pour des organisations inuit pendant plus de 30 ans. L’ouvrage présente l’histoire d’une lutte menée par des groupes inuit contre l’industrie de l’uranium dans la région du Kivalliq (anciennement nommé Keewatin) au Nunavut, et plus particulièrement de la victoire remportée à deux reprises contre le projet situé sur le site de Kiggavik. Cette histoire, essentiellement politique, prend comme trame narrative la vie de Joan Scottie, son engagement, sa vision ainsi que sa compréhension des évènements. Joan a travaillé et oeuvré au sein de plusieurs instances gouvernementales, à la fois locales et territoriales, et d’organisations non gouvernementales. Le récit se fonde donc sur ses expériences, ses souvenirs, sur les témoignages qu’elle a recueillis auprès d’aînés et sur une documentation amassée à travers les années. Il est également appuyé par des informations, des documents et des données collectés par les deux co-auteurs. Le combat de Joan contre l’industrie de l’uranium est d’abord une bataille pour la survie du mode de vie des Inuit de sa région qui est fondé sur la chasse au caribou ; il est donc aussi une bataille pour la protection des caribous. Joan est originaire de Qamani’tuaq (Baker Lake), où vivent aujourd’hui les descendants de groupes familiaux autrefois surnommés les « Inuit du caribou » (Birket-Smith 1929 ; Rasmussen 1927 ; 1930), ou encore les « Inland Inuit » (Mannik 1990). En documentant le mouvement anti-uranium au Nunavut, Joan souhaite d’une part démontrer que les Inuit n’ont pas toujours été passifs devant les politiques gouvernementales et l’industrie minière. Bien que, dans l’histoire coloniale, la majorité des Inuit se soit sentie intimidée, apeurée et inférieure vis-à-vis des non-Inuit (état d’être traduit par le terme ilirahungniq, en inuktitut), en se mobilisant et en osant dire « non », les Inuit ont la capacité de s’imposer et de faire valoir leurs droits. D’autre part, tout au long de l’ouvrage, Joan partage sa grande déception à l’égard des organisations gouvernementales inuit qui ont été créées par l’Accord du Nunavut en 1999. Alors qu’elle espérait que l’autodétermination des Nunavummiut permette l’implantation de règlements et de politiques en accord avec leurs valeurs et leurs règles traditionnelles, elle dénonce le fait que le gouvernement du Nunavut et les organisations représentatives inuit n’aient jamais fait de l’environnement et de la protection du caribou une priorité. Ces derniers auraient plutôt adopté une position favorable à l’industrie minière dès leur création. Joan souligne à ce sujet le conflit d’intérêt dans lequel sont placées ces organisations ; bien qu’elles aient le devoir de défendre les Inuit, elles tirent de grands avantages financiers en accordant des permis d’exploration et d’exploitation sur les terres qui leur ont été accordées. Dans le premier chapitre, Joan retrace son enfance dans un campement près du lac Ferguson. Un petit camp minier s’y trouvait déjà à l’époque et son père y avait obtenu un emploi. En raison de ses préférences pour les activités traditionnellement masculines, Joan raconte avoir été élevée comme un garçon, apprenant à chasser et à voyager sur le territoire. Elle se rappelle par ailleurs que les filles et les femmes inuit …

Parties annexes