Dossier

HOMMAGES À MADELEINE GAGNON

  • Renald Bérubé,
  • Louise Cotnoir,
  • Louise Dupré et
  • Simon Harel

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Couverture de Madeleine Gagnon, Volume 48, numéro 1 (142), automne 2022, p. 9-206, Voix et Images

Nous sommes originaires du même pays, la vallée de la Matapédia, qui prolonge vers l’ouest la baie des Chaleurs ; les années de p’tite école terminées, nous avons à peu près le même âge, leur continuation allait se nommer études classiques, et se dérouler dans un pensionnat. Selon un penchant géographique quasi inné dans l’Est-du-Québec des années 1950, la direction desdits pensionnats allait se situer plus à… l’est, au Nouveau-Brunswick. Madeleine se retrouverait à Moncton, je rallierais Bathurst. Nous savions l’un et l’autre (comment l’avions-nous donc appris ?) qui nous étions, d’où nous venions et où nous étudiions ; ce n’est pourtant qu’au début des années 1970, à l’UQAM tout juste née, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Elle arrivait d’Aix-en-Provence où elle avait terminé son doctorat, j’arrivais (comme plusieurs autres) du collège Sainte-Marie où j’enseignais depuis quatre ans. À ce jour, l’amitié ne s’est jamais démentie, loin de là, solidarité. La solidarité est Madeleine, ce qui peut être l’occasion de comprendre pourquoi « la lionne » est aussi son surnom. À l’UQAM, je dirigeais la revue Voix et Images (du pays, alors) ; j’ai bien vite demandé un texte à Madeleine ; il parut dès 1972, intitulé « Angéline deMontbrun : le mensonge historique et la subversion de la métaphore blanche », avec deux épigraphes comme entrée, l’une de Jacques Lacan, l’autre de Jacques Derrida. On pourrait dire, le passage du temps permettant telle affirmation avec certaine assurance, que l’oeuvre et l’action de Madeleine se trouvent là déjà regroupées : elle analyse une oeuvre dont le personnage principal est une jeune fille, et l’auteure une femme sous pseudonyme ; en ouverture à cette analyse, des citations de deux auteurs « travaillés » par le langage, le psychanalyste pour qui « l’inconscient est structuré comme un langage » et le philosophe de la différance pour qui l’oral contient déjà l’écrit. L’un et l’autre savent les ruses de l’oral comme de l’écrit, savent ce que subvertir veut dire, et tentent de débusquer et d’éclaircir les stratagèmes. Or, la pratique de l’écriture selon Madeleine, de la poésie au récit, de l’essai à l’autobiographie, et chacun de ces genres selon divers modes, cette pratique témoigne du désir de « faire dire » ce qui cherche ou qui a tendance à se taire. Quand je repense aux années premières de l’UQAM au Département de littérature et d’esthétique – tel était alors le nom du Département d’études littéraires –, le nom de Madeleine Gagnon, l’un des premiers, est lié au féminisme et aux études sur le sujet, malgré silences et diverses surdités – ténacité de Madeleine ; à la psychanalyse aussi, comme approche de lecture, car elle sait pister les ruses (mensonges, inventions, fantasmes) de l’écriture pour mieux subvertir ses subversions, les mettre au clair, c’est-à-dire pour lire au mieux le parcours du texte littéraire. Et si on pense que plus tard le politique prendra grande place chez Madeleine, il faut souligner que déjà son engagement féministe l’était, politique, que son analyse d’Angéline de Montbrun en témoignait déjà, qui montrait que le roman signifiait ce que la société d’alors voulait taire, ne pas voir. En 1975, je quittais l’UQAM pour l’UQAR (où j’allais rejoindre Jacques Pelletier qui prendrait la route de l’UQAM en 1981). Devenu directeur du Département de lettres vers la fin des années 1980, il me semblait d’évidence que Madeleine dût être invitée chez nous, en l’occurrence chez elle ; elle sera professeure invitée pour une année, puis une autre – à la fin, professeure invitée puis écrivaine en résidence, elle sera à l’UQAR entre 1990 …

Parties annexes